Cridem

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13-10-2020

20:30

Mohamed Moustapha Ould Bedredine et Thierno Souleymane Bal, deux morts rassembleurs.

TB - Dans des registres et à des titres différents, nous avons été quelques-uns à avoir salué le week-end dernier deux de nos grands disparus. Deux disparus mais deux disparitions que bien plus de deux siècles séparent.

Mohamed Moustapha Ould Bedredine s’est éteint la semaine dernière laissant derrière lui un parcours politique fourni. Il a été inhumé samedi dernier. Au même moment, se tenait à la Maison de la Culture de Nouakchott l’Assemblée Générale constitutive de l’Association pour la Renaissance de l’œuvre de Ceerno Souleymane Bal ou AMRO CSB. Seul le hasard, cela va de soi, a décidé de cette concomitance. A l’exclusion de toute concurrence mémorielle bien entendu.

Arrêtons-nous un instant sur le vocable « Renaissance». Les plus pointilleux objecteront que la pensée de Souleymane Bal n’a jamais été aussi vivante. Pour preuve, il n’est jusqu’aux tenants d’une certaine gauche radicale africaine pour en revendiquer l’héritage.

Du moins son versant politique. Les initiateurs de l’AMRO CSB le savent mieux que personne. L’association entend d’ailleurs fonder son action sur une démarche scientifique à rebours de toute sacralisation. Elle s’est dotée à ce titre d’un Conseil scientifique. Certains de ses membres sont en outre des familiers de la pensée et de l’oeuvre de CS Bal.

Du double hommage du week-end, on retiendra avant tout son caractère relativement fédérateur. Il a su rassembler au-delà des lignes habituelles. Le fait mérite d’être noté du fait même de son caractère hélas inédit. Il suffit de s’attarder sur le pluralisme des hommages et sur celui de la composition du public présent à la Maison de la culture pour s’en convaincre.

En détailler les raisons excéderait les limites de ces lignes. Cela étant, on doit à la mémoire de M. Bédredine de souligner que tous ceux qui ont pleuré l’homme de conviction qu’il fut n’épousaient pas nécessairement l’intégralité de ses idées. Le constat vaudrait d’ailleurs pour tout acteur du débat démocratique.

Lequel est par nature pluraliste. C’est qu’aux yeux d’un démocrate, l’hommage, en pareille circonstance, signifie moins un ralliement que l’attestation du caractère républicain de celui qui en est l’objet. Le principal est de constater sans verser dans l’angélisme, mais pour s’en réjouir, que M. Bedredine et Thierno Souleymane Bal ont été, l’espace d’un week-end, des morts qui rassemblent.

Ils ont ouvert une parenthèse apaisante et, en cela, lancé un défi aux vivants. Tout n’est peut-être pas perdu. A condition, pour paraphraser Nelson Mandela, d’«au moins essayer»

TB



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