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05-09-2023

16:45

Justice en Mauritanie : Entre Deux Poids, Deux Mesures

Malgré des progrès dans divers domaines au cours des dernières années, le pays continue de lutter avec un problème persistant : une justice qui semble appliquer des normes différentes en fonction du statut social et de l'appartenance ethnique. Cette situation, caractérisée par un système de deux poids, deux mesures, soulève des préoccupations importantes quant à l'équité et l'intégrité du système judiciaire mauritanien.

Certes, la Mauritanie a fait des efforts pour moderniser son système judiciaire au fil des ans. Des réformes législatives et institutionnelles ont été entreprises pour renforcer l'indépendance des tribunaux et garantir les droits fondamentaux des citoyens.

Cependant, malgré ces initiatives positives, de nombreux observateurs nationaux et internationaux pointent du doigt les incohérences et les inégalités persistantes dans la manière dont la justice est administrée.

L'un des défis majeurs auxquels est confrontée la justice en Mauritanie est le manque d'équité perçue dans le traitement des individus. Des rapports suggèrent que l'appartenance ethnique et le statut social peuvent influencer le déroulement des procès et les peines prononcées.

Il est souvent observé que des individus appartenant à certaines communautés sont plus susceptibles de subir des détentions arbitraires et des sanctions plus sévères, tandis que d'autres semblent échapper aux conséquences de leurs actions.

Cas d’El Hassen Al Salihi : Historien/Généalogiste

Historien, Expert en « Ilm El Ensab » (science de la généalogie), El Hassen Al Salihi (notre photo) est une victime expiatoire de cette justice de deux poids, deux mesures. En effet, Al Salihi, a été condamné à quatre années de prison dont deux fermes suite à une plainte du journaliste Mohamed Salem Dah dont la généalogie a été, quelque peu, remise en question.

Al Salihi est en train de purger actuellement son quinzième mois de prison. Une lourde condamnation pour un travail de recherche dont le principal objectif était de séparer le blé de l’ivraie en dénonçant l’appropriation non fondée du titre de « cherif » (descendant des petits fils du Prophète Mouhammed (PSL) par de nombreux individus et autres tribus en Mauritanie.

En effet, les pseudos « Cherifs » ou « Aidaras » qui ont fait fortune sur d’autres cieux en exploitant un statut non prouvé, ont très vite perçu le danger qui se profilait en la personne d’Al Salihi avec ses arguments corrosifs mais bien documentés. Ce dernier a fait de la chasse aux imposteurs son principal cheval de bataille.

Et il ne cesse de dire qu’il s’est engagé dans cette mission, non pas dans un esprit vindicatif, mais par amour pour le Prophète Mouhammed (PSL). D’ailleurs au temps de la mission prophétique, ce vocable « Cherif » ou « Aidara » n’existait pas. C’est bien des siècles plus tard qu’il est apparu, et bien souvent à des fins de prestige.

Le Docteur Mohamed Abdoulah, Professeur dans les universités saoudiennes, a apporté un vibrant témoignage en faveur d’El Hassen Al Salihi, qu’il considère comme un homme de lettres, un homme pieux, maitrisant le Coran, et un véritable savant de « ilm El Ensab ». Selon lui, Al Salihi a apporté une chaîne manquante grâce à ses recherches méthodiques et scientifiques.

Si son travail de recherche a prouvé que la majorité des tribus mauritaniennes sont d’origine Amazigh, c’est loin d’être une insulte. Les Amazighs constituent un des peuples les plus anciens du continent africain. Leur présence en Amazighie (Afrique du Nord) remonte à la plus haute antiquité. C’est le premier peuple à s’établir dans ce sous-continent de l’Afrique. Il est le peuple autochtone de cette région.

Cas de Haimouda : Violeur/récidiviste

Haimouda est connu de la police pour avoir déjà fait plusieurs séjours en prison. Son dernier forfait est qualifié de flagrant délit car ayant enlevé deux jeunes filles mineures, il avait fait l’objet de courses-poursuites par la police pendant trois jours jusqu’à son arrestation et la libération des deux victimes visiblement droguées et violées.

Condamné, tout naturellement, à une année ferme de prison, pour séquestration et viol de mineures, il n’a finalement purgé que deux mois. Oui, tenez-vous bien, rien deux putains de mois ! Qui est responsable de cette aberration qui a indigné les parents de l’une des victimes qui nous a apporté ce témoignage ?

Pourquoi la justice mauritanienne semble beaucoup plus complaisante à l’égard des violeurs de mineures dont les cas font légion à Nouakchott ? Ces bourreaux ne sont souvent pas inquiétés. Et, dans le pire des cas, ils sont laissés en liberté provisoire ou sortent prématurément de prison.

Nous défions le Ministère de la justice, à travers un droit de réponse, de nous justifier la sortie prématurée de Haimouda. Et le cas échéant, nous exigeons pour ce cas de figure, que les incompétents de juges impliqués dans la libération non justifiée du récidiviste Haimouda soient sévèrement sanctionnés.

Les conséquences de cette inégalité de traitement sont profondes et préoccupantes. Elles minent la confiance des citoyens envers le système judiciaire et alimentent le sentiment d'injustice. Les individus qui se sentent lésés par cette disparité risquent de perdre leur foi en la primauté du droit et pourraient même être poussés à chercher d'autres voies pour résoudre leurs différends, contribuant ainsi à l'instabilité sociale.

Pour surmonter ces défis, il est impératif que la Mauritanie prenne des mesures audacieuses et tangibles pour garantir une justice équitable pour tous ses citoyens, indépendamment de leur appartenance ethnique ou de leur statut social.

Cela pourrait inclure la révision et la mise en œuvre efficace des lois pour prévenir la discrimination, la formation continue des professionnels de la justice sur l'éthique et l'équité, ainsi que l'amélioration de la transparence et de la responsabilité au sein du système judiciaire.

L’Association des Beni Saleh, reconnue par l’Etat, et qui œuvre pour la consolidation de l’unité nationale, réclame une réhabilitation d’Al Salihi qui a fait l’objet d’un véritable acharnement de la part de certains juges si bien qu’il n’a pas pu bénéficier ni d’une remise de peine pour bonne conduite ni de la grâce présidentielle. Et ce, pendant que des bandits récidivistes sont lâchés dans la nature, sans autre forme de procès.

Groupe de soutien Benou Saleh



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