05-12-2020 11:54 - Le Qatar et l'Arabie saoudite tentent de se réconcilier

Le Qatar et l'Arabie saoudite tentent de se réconcilier

Les Echos - Doha et Riyad ont validé un accord préliminaire visant à mettre fin à trois ans de brouille pour cause de divergences d'appréciation sur le dossier iranien et de rivalités idéologiques L'émirat gazier subissait un embargo sans équivalent au monde.

Le Qatar et l'Arabie saoudite sont sur la voie, prudemment, de la réconciliation. Après plus de trois ans de brouille, marquée en juin 2017 par un embargo terrestre, aérien et naval du Qatar instauré par Riyad, mais aussi Abou-Dhabi, Bahreïn et Le Caire, un accord préliminaire aurait été élaboré mercredi, indique-t-on de source diplomatique.

L'envoyé spécial au Proche Orient et gendre du président américain Donald Trump, Jared Kuchner, a joué les facilitateurs, notamment lors d'une rencontre avec le prince héritier et véritable homme fort du régime saoudien, Mohammed ben Salmane.

Rivalités régionales

Ce dernier avait décidé l'embargo sur le Qatar pour mettre à genou économiquement le petit émirat gazier, accusé de complaisance envers l'Iran, le rival régional de Riyad, ainsi qu'avec la confrérie des Frères Musulmans, à l'influence jugée dangereuse . Le Qatar , véritable rival de l'Arabie saoudite pour le leadership idéologique du monde arabe sunnite, abrite effectivement des cadres des Frères Musulmans, mais dénie tout liens avec des organisations terroristes et maintient que ses relations avec Téhéran font partie de sa souveraineté.

Economie de siège

Le Qatar, numéro deux mondial du gaz, a surmonté l'embargo en basculant du jour au lendemain dans une économie d'état de siège, c'est-à-dire en réorientant ses importations, par mer et par air, depuis la Turquie et l'Iran. Le Qatar a aussi puisé dans son fonds souverain, un des plus riches du monde.

L'accord ébauché ces derniers jours prévoirait une réouverture de l'unique route terrestre reliant l'émirat au reste du monde, ainsi que la réouverture du ciel saoudien aux avions civils se rendant au Qatar, obligés actuellement de passer par l'espace aérien de Téhéran au prix de 100 millions de dollars de royalties par an. L'accord préliminaire ne précise pas les éventuelles concessions que Doha aurait acceptées pour la levée de l'embargo. Riyad avait dressé en 2017 une liste de treize exigences, dont la fermeture de la chaine de télévision Al Jazeera, accusée de propagande anti saoudienne, d'une base militaire turque et de signes tangibles d'une réorientation diplomatique au détriment de l'Iran.

Riyad est visiblement arrivé à la conclusion que sa priorité n'était plus la rivalité idéologique avec Doha, mais celle, régionale, avec son ennemi iranien. D'autant plus que le président élu aux Etats-Unis, Joe Biden, se dit prêt à tenter une ouverture vers Téhéran. Riyad avait d'autant plus intérêt à résoudre sa brouille avec Doha, qui se répercutait sur le Pacte de coopération économique du Golfe persique (GCC), que sa situation économique s'avère délicate en raison de la pandémie de Covid. Laquelle a rudement impacté les prix de l'or noir et fait plonger l es comptes du royaume saoudien dans le rouge.

L'administration Trump à la manœuvre

Cette médiation de Jared Kuchner illustre aussi combien l'administration Trump met les bouchées doubles, alors que se profile la fin de son mandat, mi-janvier, pour engranger d'ultimes succès au Proche Orient. Elle essaye d'encore amplifier sa stratégie de « pression maximale » sur l'Iran, en raison de son programme nucléaire controversé dont le chef vient d'ailleurs d'être assassiné en plein Téhéran. Et elle pousse à une réconciliation entre Israël et les pays arabes, avec des succès spectaculaires puisque Jérusalem a normalisé ses relations avec les Emirats arabes unis et Bahreïn et que l'établissement de liens diplomatiques avec l'Arabie saoudite, jadis impensables, ne sont plus exclus dans l'année qui vient.

Par Yves Bourdillon





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 1
Lus : 1708

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (1)

  • El Houssein (H) 05/12/2020 17:10 X

    Voici une première bonne chose qui peut compter pour l'équipe du président Trump.