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Ould Haiba : « Il y’a trois messages forts à décrypter du festival de Ouadane »
La 2ème édition du festival des villes anciennes tenue dans la cité antique d’Ouadane constitue l’évènement majeur sur la scène nationale ces derniers jours.
Cet évènement qui a coïncidé avec la célébration de l’anniversaire de la naissance du prophète (PSL), s’est caractérisé par la participation remarquée des différentes villes anciennes du pays, en plus de la participation de délégations arabe, africaine et étrangère.
L’expert Mohamed Salem Ould Haiba a assisté à cette manifestation comme il avait participé à la 1ère édition tenue l’année dernière à Chinguitty. Al Moostaqbul l’a rencontré et a eu avec lui l’entretien que voici portant sur cette manifestation ainsi que sur les problèmes sécuritaires au Mali voisin. Voici dans son intégralité cet entretien :
Al Moostaqbul : Vous avez assisté à la cérémonie de lancement de la 2ème édition du festival des villes antiques, organisée à Ouadane. Quelle évaluation faites-vous de cette manifestation ?
Mohamed Salem Ould Haiba : Je voudrais tout d’abord exprimer mes sincères remerciements à l’agence d’informations Al Moostaqbul pour l’intérêt qu’elle porte aux questions nationales et pour l’opportunité qu’elle m’offre de m’exprimer sur des sujets intéressants l’opinion publique nationale. Le festival d’Ouadane est différent de celui de Chinguitty dans la mesure où il renvoi trois messages forts.
Le premier message adressé à l’opinion publique nationale en général et à l’opposition en particulier porte sur la solidité des liens entre la Mauritanie et le Qatar. Cela s’est traduit par la présence d’une délégation qatarie de haut niveau conduite par un ministre d’Etat qatari accompagné d’un représentant de la Fondation caritative présidée par Cheikha Moza Ben Nacer Al Mesned, l’épouse de l’Emir du Qatar ainsi que l’ambassadeur du Qatar à Nouakchott. Ce message montre que l’Etat du Qatar soutient la Mauritanie, sa stabilité et la prospérité de son peuple.
Le deuxième message constitue un démenti cinglant de la rumeur faisant état d’insécurité au nord de la Mauritanie en général et dans la région de l’Adrar en particulier. Le grand nombre de touristes qui a fait le voyage du Sénégal vers Ouadane par voie terrestre dément cette rumeur malveillante, sans compter les vagues d’européens venus par voie aérienne. Tout ceci prouve que la Mauritanie est une destination sûre pour les touristes.
Le troisième message a trait à l’enthousiasme et à la détermination des habitants de Ouadane à faire réussir toute manifestation qui se déroule chez eux quelque soit son ampleur et le nombre de ses invités. Je profite de votre tribune pour féliciter chaleureusement tous les ressortissants de la ville d’Ouadane pour leur hospitalité et la qualité de l’accueil qu’ils ont réservé à l’ensemble de leurs hôtes.
Dans ce domaine, les populations d’Ouadane ont tenu à assurer à chacun un agréable séjour et ne se sont pas déchargé sur le ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports pour l’accueil des hôtes. Ils ont réussi à combler tous les déficits dudit ministère en termes d’organisation, de supervision, etc.
Félicitations donc aux populations de Ouadane pour ce succès éclatants qui ne me surprend guère connaissant les habitants de cette ville, leur passé glorieux ainsi que leur rayonnement culturel. J’espère que le gouvernement s’occupera de la restauration des monuments de la cité antique et à accélérer la construction de la route menant vers cette ville historique comme je demande au gouvernement de soutenir le patrimoine riche et diversifié des bibliothèques de la ville qui constituent de véritables trésors qu’il convient de préserver contre les aléas du temps.
L’évocation du festival d’Ouadane me conduit à exprimer mon profond regret du fait que cette manifestation d’envergure ait été mal appréciée par l’opposition boycotteuse qui l’a boudé. A signaler que c’est la deuxième erreur du genre après le boycott par cette même opposition du défilé militaire organisé dans le cadre des festivités commémoratives de l’indépendance nationale et de la fête des forces armées et de sécurité.
L’histoire de la Mauritanie, son patrimoine, sa civilisation tout comme ses forces armées ne sont l’apanage d’aucun pouvoir. Il s’agit de symboles appartenant à tous les citoyens mauritaniens. En conséquences la revalorisation de cet héritage est de notre responsabilité à tous quelque soit nos appartenances politiques.
De même les forces armées et de sécurité doivent forcer l’estime de chacun d’entre nous et nous devons exprimer notre solidarité à ces corps qui défendent l’intégrité territoriales et veillent à la sécurité des biens et des personnes. C’est l’occasion de saluer la présence des leaders des partis de l’opposition ayant participé au dialogue, en particulier le président du part El Wiam monsieur Bodiel Ould Houmeid, le président Messaoud Ould Boulkheir ainsi que les autres leaders de parti qui ont fait le déplacement de Ouadane ou qui s’y sont fait représenté.
Al Moostaqbul : comment avez-vous trouvé la participation des autres villes anciennes à ce festival ?
MSOH : il y avait une forte présence. Toutes les wilayas étaient représentées et le niveau de représentation était élevé. Comme je l’ai dit tantôt le gouvernement doit soutenir les populations d’Ouadane et restaurer les monuments de cette ville historique ; il doit aussi accélérer son développement et promouvoir ses potentialités touristiques. Les populations d’Ouadane ont réservé un accueil enthousiaste à tous les hôtes et ont redoublé d’effort lorsqu’une forte tempête s’est abattue sur la cité sans influer toutefois sur la beauté du festival et la minutie de l’organisation. J’espère que ce degré de réussite fera tâche d’huile et que la prochaine édition prévue l’année prochaine à Oualata connaitra le même succès.
Al Moostaqbul : les affrontements entre les forces armées maliennes et les éléments du mouvement sécessionniste MNLA a poussé des milliers de personnes à se réfugier dans les pays voisins au Mali dont la Mauritanie. Certains milieux maliens soupçonnent les autorités maliennes de soutenir les rebelles de l’Azawad. Quelle lecture faites-vous de la position officielle de la Mauritanie vis-à-vis de e problème ?
MSOH : ce soupçon n’est fondé sur aucune base fiable. Cette affaire ne date pas d’aujourd’hui. Il s’agit de revendications vieilles de près de deux décennies. Ce qui se passe aujourd’hui n’est qu’une évolution nouvelle de cet affrontement dont la Mauritanie n’a rien à voir. Il s’agit d’une affaire intérieure au Mali. Dire le contraire relève de la volonté de nuire à l’image de notre pays.
Il y a à peu près dix jours j’ai eu un contact téléphonique avec l’un des dirigeants militaires du MNLA a qui j’ai posé la question de savoir si la Mauritanie est réellement impliquée dans cette affaire. Il m’a répondu par la négative, ajoutant que son mouvement entretient avec notre pays les mêmes relations qu’avec l’Algérie, le Niger, etc. c’est-à-dire un Etat frontalier avec la région de l’Azawad. Il m’a assuré que dans leur lutte de sécession, aucun de ses Etats ne les soutient.
La Mauritanie dispose de tant de problèmes et de défis qui devaient l’occuper à soutenir les gens de l’Azawad ou d’autres encore ! ce problème concerne le Mali qui entretient de bons rapports avec la Mauritanie, en conséquence les déclarations véhiculées par certains journaux maliens et certains journaux et sites mauritaniens est sans fondement. De fait, ce n’est pas la première fois que des rumeurs de ce genre sont propagées pour ternir l’image de la Mauritanie et la mettre en mal avec ses frères africains et arabes.
Vous vous souvenez sans doute que lorsque l’Emir du Qatar a visité notre pays où il a supervisé avec Ould Abdel Aziz à la signature de 12 conventions de coopération touchant plusieurs domaines, des rumeurs ont indiqué qu’il a expulsé du pays sans être accompagné à l’aéroport. Il s’agissait de simples rumeurs, d’ailleurs vite démentie par la chaleur de la rencontre entre les deux responsables en Tunisie.
En effet, au cours de cette visite, l’Emir s’est dit étonné de telles allégations portant sur sa visite en Mauritanie. La Mauritanie ne s’ingère guère dans les affaires des touaregs et ses relations avec le Mali sont excellentes à l’image des relations avec les autres pays voisins comme l’Algérie, le Maroc, le Sénégal.
Comme vous le savez, j’étais à Ouadane et j’ai constaté le haut niveau de participation du Qatar à cette manifestation culturelle. Ce qui constitue un autre démenti des allégations faisant état d’incompréhensions entre la Qatar et la Mauritanie. Comme vous le savez l’Emir du Qatar n’a pas hésité à soutenir les révolutions arabes contre les régimes despotiques.
Tout le monde connait le rôle positif joué par son altesse dans le soutien aux peuples victimes de guerres et de catastrophes naturelles, en particulier en Somalie ainsi que le rôle important dans la résolution de conflit dans plusieurs pays arabes et islamiques dont le Soudan, le Liban et la Palestine. La réconciliation entre le Fatah et Hamas a provoqué l’ire du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Ce qui constitue la preuve qu’il s’agit de quelque chose de très positif pour les palestiniens.
Al Moostaqbul : Ne pensez-vous pas qu’en soutenant les touareg, la Mauritanie veuille trouver un soutien dans a lutte contre AQMI, en éloignant cette dernière de ses frontières ?
MSOH : La Mauritanie n’a pas besoin des touaregs pour lutter contre les éléments d’AQMI qui en réalité ne sont que des coupeurs de route et des trafiquants de drogue. La Mauritanie coordonne avec les pays voisins, en particulier l’Algérie, le Niger et le Mali en matière de sécurité. Comme vous le savez ces Etats dispose d’un Etat major commun pour lutter contre le terrorisme. La Mauritanie est le seul pays à avoir poursuivi ces terroristes jusque dans leurs bases arrières au nord du Mali où elle leur a fait subir de cuisantes défaites.
Ainsi la Mauritanie n’a pas besoin de touaregs, car elle dispose d’une armée forte et opérationnelle en termes de ressources humaines, d’équipements et d’armements modernes, en plus de cela, elle dispose une base de renseignements militaires dont ont profité plusieurs pays dont le Mali. Le problème des touaregs existe depuis une trentaine d’années et à chaque fois ils déclenchent la guerre puis signent un pacte de paix, puis reprennent les armes plus tard comme c’est le cas aujourd’hui.
Le seul élément nouveau aujourd’hui c’est la campagne de dénigrement menée contre la Mauritanie. Cette campagne sera mise à nu comme ce fut le cas pour la campagne mensongère concernant la détérioration de nos relations avec l’Etat du Qatar.