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Festival de Ouadane : au-delà de la réussite - [Maxi Reportage Photos]
S’inscrivant dans le cadre du festival annuel des villes anciennes, l’édition de Ouadane a été une réussite sur le triple plan culturel, économique et touristique. Cette réussite compromise, selon certains, par l’intensité du vent de sable qui s’est abattu sur la région dés l’ouverture du festival, se résume de manière éloquente par la réponse d’un visiteur Français invité à se prononcer sur le sujet.
Le vent de sable, avait-il dit, est une composante essentielle des nuances du désert et l’élément qui fait toute l’originalité du tourisme au sahara. Il en accentue la magie tout comme il cristallise les peurs et les appréhensions développées à son endroit par ceux qui vivent dans les régions tempérées.
Il aurait été, par conséquent, dommage de visiter Ouadane et la lisière des grands Ergs sans avoir à affronter un authentique vent de sable pour s’assurer qu’il ne s’agit ni d’un mythe, ni d’un fantasme sortit tout droit de l’imaginaire de certains voyageurs en mal de sensations fortes.
Et le Français de continuer : je pense d’ailleurs que le vent de sable, dans ses manifestations les plus effroyables, avait été la principale source d’inspiration d’Antoine de Saint Exupéry quand, désespéré et livré en solitaire à l’immensité d’un désert inhospitalier, il avait pensé le chef d’œuvre du petit prince.
Au-delà de la réussite de Ouadane il y’a cependant la dimension symbolique, la portée économique et la fonction diplomatique d’un festival devenu, par la volonté du président Mohamed Ould Abdel Aziz, la détermination des ministres Cissé mint Boyde et Bamba Ould Deramane et par le savoir faire du Directeur de la Fondation des villes anciennes Mohamed Mahmoud Ould Sidi, un fidèle reflet de la situation générale du pays.
Sur le plan sécuritaire, un enjeu et un défi de taille, il convient de noter que la présence en toute quiétude aux portes de Ouadane, de l’Adafer et de Lemreyya de diplomates et de touristes européens, dont des personnalités de statures internationales, est une preuve de la pacification de l’Adrar qui doit normalement amener le Quai d’Orsay à revoir son évaluation des risques du tourisme en Mauritanie.
A travers son Directeur Général Adjoint, Mohamed Ould Mohamed Mahmoud et une équipe compétente dont son délégué en Adrar Mohamed Ould Soumbara, l’Office National du Tourisme semble d’ailleurs avoir compris les enjeux sécuritaires et marketing du festival et la nécessité de les stimuler par une stratégie de communication adaptée.
Cette équipe s’est, tout de suite, déployée de manière à mettre en évidence le climat ambiant d’insouciance festive mais aussi et surtout à provoquer l’adhésion des tours opérateurs européens présent, à une dynamique de mise en confiance des touristes occidentaux potentiels.
Dans le domaine de la symbolique la présence la plus significative fut celle de la Mauripost à travers son Directeur Général Moustapha Ould Abdalla épaulé de Moctar Ould Chadhili et de Mohamed Lemine Ould Taher, respectivement Directeur du Réseau et Directeur des Etudes.
La Mauripost a exposé des timbres rares dont un spécimen datant de 1971 sur le thème de la lutte contre le racisme, un autre sur les villes anciennes et un troisième spécialement consacré à l’édition de Ouadane.
Interrogé sur le rôle culturel du timbre, le Directeur de Mauripost a répondu, qu’outre son statut d’ambassadeur itinérant pouvant accéder à chaque foyer à travers le monde, le timbre est un support de choix pour la promotion de l’art, de la culture, des richesses naturelles, mais aussi de la faune et de la flore.
Grâce aux philatélistes, avait conclu Ould Abdalla, le timbre est aussi une sorte de mémoire du pays dont il consigne, dans des œuvres immortelles, les étapes clés de l’évolution.
Si, par ailleurs, les stands des douze wilaya ont témoigné de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel mauritanien, la rue des 40 savants, le mystérieux mausolée de Taleb Ahmed Ould Touerjenne, la demeure du saint homme Kounta Choumad et la rituelle Degdaga des Aghzazir, furent les principaux pôles d’attraction et les sites et rites de Ouadane élevés au rang de curiosités touristiques.
Dans le stand du Guidimaka la troupe musicale Peulh de Didal Jalal a souvent tenu en haleine les visiteurs et a donné au festival cette touche particulière qui fait ressurgir, de la nuit des temps, les origines ancestrales de la culture mauritanienne dans sa forme contemporaine et plurielle.
Sur le plan politique et intellectuel, l’édition de ouadane a été rehaussée par la présence de personnalités de divers horizons.
Tout d’abord par celle de Louleid Ould Weddad, qui reste le maître incontesté de Ouadane, et de ses invités dont Boidiel Ould Houmeid et Ould Moctar El Hacen. Louleid a, semble-t-il, instruit la tribu majoritaire des Amgarij à l’effet de mettre ses maisons à la disposition des visiteurs. L’appel a été suivi à 99,99 %, un peu à l’image des élections en Europe de l’Est du temps du communisme sauf que pour le cas d’espèce, la transparence été totale. C’est en tout cas une preuve que l’éminence grise de Ould Taya résiste bel et bien aux aléas de parcours des restructurations même si quelque part certaines rivalités continuent de penser, qu’avec le soutien du président Aziz, elles peuvent lui ravir le leadership de Ouadane.
Il y’a également une forte délégation de l’UPR dont les plus en vue sont Mohamed Yahya Ould Horma, Hacenna Ould Ahmed Labeid, le Député de Tichit, Mohsen Ould El Hadj, Mariem Mint Maloukif et Samba Ould Saleck.
Il y’avait aussi la présence remarquée de Ghaiss Ould Abidine Sidi, Cheikhna Ould Nenni petit fils d’une lignée de héros résistants de Ouadane, Mohamed Fall Ould Oumère journaliste et grand connaisseur de la culture mauritanienne et du conteur Yahya Ould Rajel.
Quant à la présence des hommes d’affaires, elle était massive et doublement bénéfique pour la ville de Ouadane.
Furent particulièrement notées les présences de Limam Ould Ebnou, de l’expert Moulaye Zein Ould Weddady, de Taki Ould Touerjenne et de tant d’autres qui ont traduit en retombées économiques leur attachement au patrimoine culturel national.
Pour les désagréments, certaines personnalités étrangères peu habituées aux caprices climatiques du désert, furent indisposées par le vent de sable avant d’être prises en charge par Cheikhna Ould Nenni qui les a déplacées dans un lieu plus clément et où les conditions étaient nettement plus citadines.
Parmi elles il y’avait l’ambassadeur de France et le chef de la mission de coopération, les ambassadeurs de Chine, du Sénégal, du Maroc, de Gambie et le consul général de Guinée.
Quant au coté endurance qui consacre le dépaysement et le courage face aux épreuves, il y’avait le froid, la poussière, les mauvis esprits de la montagne, les Djinns de la légende des sables et beaucoup, beaucoup, beaucoup de Peshmergas.
M.S.Beheite