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La Mauritanie, escapade entre désert et livres d'antan
Ouadane et Chinguetti accueillent le Festival des villes anciennes. La ville de Ouadane est inscrite au patrimoine de l'Unesco. Ses bibliothèques et sa vue indescriptible sur la palmeraie font aujourd'hui sa renommée internationale.
Trois longues années sans voir de touristes se poser sur le tarmac d'Atar. La zone Nord-Ouest de la Mauritanie, classée en zone rouge par le quai d'Orsay, a été désertée par la clientèle française. Pourtant, cette partie-là du pays était une destination prisée par les randonneurs et autres trekkeurs. Pour en finir avec ce malaise qui plonge cette zone en soins palliatifs, la direction nationale du tourisme a souhaité organiser le Festival des villes anciennes.
Fondées aux XIIe et XIIIe siècles, ces villes ont bâti leur renommée sur le commerce et le savoir. Les fameuses bibliothèques du désert, remplies de manuscrits, évoquent encore les florissantes écoles de Chinguetti et Ouadane.
La première escale se fera à Ouadane, ancienne halte caravanière, inscrite au patrimoine de l'Unesco. La vieille ville est construite sur une colline qui domine la vallée. Elle est actuellement en ruine mais habitée par deux mille habitants. Dans le dédale des rues anciennes, se cache derrière une porte mal engoncée, la fameuse bibliothèque. En Mauritanie, ces établissements appartiennent à des familles nobles, bien souvent composées de "gens du savoir" (professeurs, chercheurs).
Sidi, maître des lieux, ouvre facilement aux touristes "son exposition expérimentale" composée de morses de chevaux anciens, chaussures tressées et autres merveilles trouvées au cours de brocantes ou de dons. "Avant, les touristes s'arrêtaient à Ouadane exclusivement pour voir les livres anciens", souligne le vieux sage, en désignant une tablette coranique datant du 12e siècle.
La ville surplombe le lit de l'Oued, asséché en cette période de l'année. Il est impératif de flâner dans les rues désertiques qui disposent de quelques symboles : la rue des 40 savants, la maison des Armes, les fortifications, les trois maisons des fondateurs de la ville, le puits fortifié et, enfin, les deux tours érigées pour contrôler l'accès au puits. Mais surtout, l'ancienne mosquée au minaret carré coiffé de cinq oeufs d'autruche.
Des livres anciens
Il faudra plusieurs heures de marche (voire journées) pour rallier Chinguetti. Le silence du désert est la clé d'un dépaysement total. Les dunes s'étendent à perte de vue. Les plus courageux (et sportifs) s'essaieront au trek, les plus raisonnables préféreront utiliser un 4X4 adapté. L'option chameau est également envisageable. L'arrivée à Chinguetti se fait par l'imposante masse des dunes du puissant erg Ouarâne.
Chinguetti semble à la fois blottie et coincée. Aux portes de la ville, on distingue nettement l'oued qui sépare les constructions récentes de l'ancienne ville. La visite débutera par un passage obligé au musée. Cette septième ville sainte de l'Islam, capitale traditionnelle de la Mauritanie, est connue sous le nom de "la ville des bibliothèques". Des centaines de manuscrits enluminés et calligraphiés dont le plus ancien datant du onzième siècle y sont visibles.
La vie à Chinguetti est rudimentaire. Les habitants avaient pour habitude de vivre du tourisme. Les Mauritaniens ont appris, crise économique oblige, à vivre de l'essentiel (produits de la terre et ovins). Une bien belle leçon de vie.
Rislène ACHOUR