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Sécurité aérienne : L’ANAC doit revoir sa copie.
Il y a une semaine, une mission de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) était à Nouakchott pour voir, avec les autorités mauritaniennes chargées du transport aérien, l’état d’avancement des mesures prises pour une meilleure sécurité dans les airs.
L’objectif de l’Agence nationale de l’aviation civile était d’œuvrer pour que l’embargo aérien qui frappe la compagnie nationale, Mauritania Ailines, puisse être levé dans un délai acceptable. Une tâche qui est loin d’être.
La Mauritanie a du chemin à faire pour reprendre sa place dans les Airs. C’est en tout cas, note un expert, ce qui ressort des récentes déclarations du directeur général de l’ANAC qui a promis, devant un parterre de journalistes, que la Mauritanie sera classée, à, partir de décembre prochain " parmi les 10 premiers pays d’Afrique en matière de conformité avec les normes de l’Organisation internationale de l'aviation civile ".
Et cet expert de rappeler, comme argument massue allant à l’encontre de cette nouvelle promesse, que l’ANAC avait bien écrit, noir sur blanc, dans ces objectifs, devoir " réussir les audits IVCM de l’OACI et celui de la Commission de Sécurité Aérienne de l’Union Européenne , prévus avant fin 2011 " ! L’année 2012 est déjà bien entamée et l’on attend toujours de voir la levée de l’embargo qui frappe Mauritania Airlines.
Dans l’argumentaire qu’il avait développé, pour justifier la situation de crise que connait le secteur du transport aérien en Mauritanie, le directeur général de l’ANAC ne déroge pas à la règle (générale) en parlant, lui aussi, " d’accumulations ", et en fixant le début des nouvelles réformes à 2008, date d’arrivée de l’actuel pouvoir dans sa " version militaire ".
Une réalité qu’on peut accepter comme telle mais qui n’explique pas, à elle, seule, que trois ans après l’ANAC et la MAI donnent l’impression de faire du surplace, si l’on n’est pas autorisé à penser, tout simplement, qu’elles ont déjà glissé vers une situation pire que celle où elles étaient il y a un ou deux ans. La preuve : la MAI, selon certaines indiscrétions, traînerait déjà un déficit structurel de plus d’un milliard d’ouguiyas !
Inutile de revenir, en long et en large, sur la situation calamiteuse d’un transport aérien qui refuse de décoller, notamment, parce que la conception du départ (ayant abouti à la liquidation d’une compagnie aérienne et à la création d’une autre, ainsi que la décision de construction d’un nouvel aéroport international alors qu’il était plus judicieux de renforcer les capacités de celui déjà existant) est une erreur stratégique dont les résultats se font déjà ressentir en période de crise économique d’ampleur mondiale.
Le rappel des points noirs (67 points de non-conformité, selon un audit de l’OACI réalisé en 2008), reléguant de la Mauritanie dans la catégorie des pays " à haut risque " et l’embargo qui frappe la MAI, interdit de vol vers les pays de l’Union européenne, sont des défis pas facile à relever, nécessitant des ressources, tant matérielles qu’humaines, et faisant douter, sérieusement, de la capacité de l’ANAC à honorer ses engagements d’ici décembre 2012.
On ne parle même pas de rang, au niveau africain, mais de conformité tout simplement. Certes, et comme le souligne si bien le directeur général de l’ANAC, rien n’a été fait, depuis trente ans, sur le plan juridique et organisationnel, pour mettre l’aviation civile mauritanienne, aux " normes internationales ", mais la nature de la concurrence féroce à laquelle se livrent les compagnies de transport aérien nécessite un effort orienté - aussi et surtout - vers la sécurité et le confort des passagers.
Est-il suffisant de recruter à la pelle (37 inspecteurs), d’investir énormément dans les sessions de formations (45 dont 27 à l’étranger) si on n’est pas assuré que le reste va suivre ? C’est-à-dire cette capacité et cette volonté de rompre avec les vieilles habitudes pour donner confiance aux partenaires et prouver par là qu’il ne s’agit pas d’actes sans effets positifs.
On ne reprendra pas ici ce qui se raconte dans les salons, et dans certains médias, à propos du recrutement opéré au niveau d’une seule communauté, et frisant donc le clientélisme, même si, dans son propos d’autosatisfaction, le directeur général ne s’éloigne pas trop de cette lecture des choses. " Nous avons également procédé à la remise à niveau de ces jeunes cadres, pour la plupart arabophones, en leur offrant une connaissance de l’anglais aussi bien sur un plan technique que sur le plan général. " L’allusion est on ne peut plus claire et elle mérite d’être soulignée.
Reste à savoir maintenant si l’optimisme du directeur général de l’ANAC sera conforté, dans trois mois, par le rapport que la mission de l’OACI du 29 avril dernier va publier ou si l’espoir va céder la place à la désillusion et pousser les responsables de la sécurité du transport aérien en Mauritanie à revoir leur copie, en fonction de ce qui est demandé certes, mais aussi de ce qui est possible.
Sneiba.