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Hamady Diallo, artiste-peintre : De la rue à la peinture.
Son destin a pris une tournure inattendue lorsqu’il a rencontré Mokhis, le grand maître. Celui-ci devient son encadreur et lui trace la voie à suivre. A 27 ans, Hamady Diallo n’est plus cet enfant têtu, perturbé et inflexible. A 27 ans aussi, il n’est plus ce coq aventurier. Il a désormais une idée bien vissée dans sa tête comme une casquette : jouer dans la cour des grands. Portrait d’un jeune que rien n’avait prédestiné à rencontrer la peinture.
Quelque part, à l’Îlot K, à Tévragh-Zéina, dans un atelier de peinture, une silhouette frêle vient de donner le dernier coup de pinceau sur un tableau. L’endroit vibre. A l’autre bout de la pièce, mise à sa disposition par une amie espagnole, on entend la musique de Dire Straits. Cette "silhouette frêle", c’est Mohamed Diallo plus connu sous son nom d’artiste, Hamady.
Cet éternel gobeur de la musique de Baba Maal est aussi un féru d’électro (DJ Tchesto), de reggae (Bob Marley), de rock’n’roll (Scorpions). La musique l’adoucit. Tout comme la peinture qui est dans son sang, sa sueur et son esprit. Il en est accro comme une drogue trop pure.
Une enfance tumultueuse
Né le 8 juin 1985 à Nouakchott, Hamady Diallo a grandi entre l’Ilot D et Sebkha. Alors qu’il se préparait à faire son bout de chemin pour entrer au Collège, son père, El Hadj Oumar Diallo (paix à son âme), trépasse. C’est le début pour lui d’une enfance tumultueuse, infernale, bouleversante et pleine d’incertitudes et de revirements. Résultat, il va abandonner les études, "faute de moyens", explique-t-il, l’air émoussé.
Tout devient difficile et se complique pour cet esprit pétillant à l’école. Dans son derby qui l’oppose à la vie, la pression va le dominer. Son quotidien se rythme par des difficultés. Il devient secret et enfermé comme une coquille de mer. Son esprit se libère de sa prison et il commence à vadrouiller.
Ce qui n’est pas du goût de sa mère qui, flairant chez lui les premiers pas sur le chemin de la déviance, se résoudra à lui faire goûter au service militaire. La rupture s’en suivra. Hamady Diallo quittera la maison. Pendant 6 mois, sa mère n’aura plus de ses nouvelles.
En toute liberté, il élit domicile dans la rue, à la plage, fait connaissance avec des pêcheurs qui lui donnent le goût à l’argent. Il fait des économies et se débrouille pour se faire à manger. Il développe très rapidement un esprit de dromadaire. Puis, il sera finalement retrouvé par sa mère qui l’expédie aussitôt à Téthiane, à 12 km de Djéol, à Kaédi, où un autre destin l’attendait : celui de garder les troupeaux.
De Retour à Nouakchott
Il entamera, de retour à Nouakchott, deux ans plus tard, une nouvelle vie délayée d’abîme. Son point d’échouage sera d’abord la calligraphie, ses premières amours. Quelques années auparavant, jeune écolier, il s’enthousiasmait déjà à la vue d’un atelier de calligraphie dans les rues de Nouakchott. Au même moment, il fait la connaissance de Mokhis qui développe ses capacités artistiques.
Au bout de quelques années, il fera éclater son talent d’artiste-peintre. Ses premiers tableaux se construiront autour de ses souvenirs personnels et de ses démons intérieurs qui décoraient son enfance.
Hamady Diallo est devenu aujourd’hui l’une des étoiles les plus en vue du milieu des arts plastiques en Mauritanie. Sur le dos des grands maîtres, il se bat pour scintiller.
Il est actuellement membre fondateur de M-art, un collectif qui regroupe la dernière génération d’artistes-peintres mauritaniens et qui a pour vocation de vulgariser les arts plastiques en Mauritanie.
Après avoir exploré la peinture, Hamady Diallo se passionne également de sculpture et d’infographie. Ce que son mal de vivre n’a pas réussi à raffermir, la peinture l’a fait. Comme quoi, les voies du succès ne sont pas souvent infranchissables.
Babacar Baye Ndiaye