Cridem

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02-07-2012

07:00

Nouakchott vu du ciel, par le ministre-poète Oumar Ould Maatalla

Huit heures, ce jeudi 28 juin 2012, l’avion de Mauritania Airlines International s’ébranle. A son bord, le président de l’UPR entre autres. De nouveau je voyage pour le Maroc, santé oblige. Le ciel gris annonce une journée agréable sur Nouakchott.

Au Palais présidentiel, c’aurait dû être mon soixante neuvième Conseil de ministre. Il fait plutôt chaud à l’intérieur du cockpit. Ce qui contraste avec l’extérieur, où il fait plutôt beau.

Très vite, l’avion happe la piste et met le cap sur Nouadhibou, escale avant de se diriger vers le Maroc. Au dessous, la gigantesque ville de Nouakchott disparait sous un superbe tapis de coton tissé par une main virtuose. Le Nouakchott plein de vie, plein d’activité, plein d’espoir défile rapidement sous nos yeux. Un Nouakchott laborieux, insolite, des fois curieux.

Le Nouakchott des grandes joies, des grands embouteillages, de la grande pagaille. Le Nouakchott rythmé par les appels des muezzins, les incantations du Saint Coran psalmodiées à l’aube. Un Nouakchott aiguillé par-ci et par-là par une cérémonie de justes noces.

Le Nouakchott du labeur, de la mesure, de la démesure. Le Nouakchott des grèves mais aussi de l’assiduité, de l’excellence. Un Nouakchott de la dépravation, de la lâcheté des mœurs mais aussi un Nouakchott de la piété, de la rectitude, de la communion et des grandeurs des saints.

Je quitte aujourd’hui un Nouakchott adulé, un Nouakchott craint, un Nouakchott matrice, un Nouakchott virile, un Nouakchott qui s’étend à perde de vue. Un Nouakchott étonnant à tout point de vue.

Je quitte un Nouakchott qui m’a connu élève, qui m’a vu étudiant, qui m’a accueillit jeune professeur, qui m’a élu maire, qui m’a accepté député, qui m’a admis politique, qui me tolère poète et qui m’héberge citoyen.

Que t’ai-je fait en retour cher Nouakchott ? Pas grande chose. Sinon aimer ton climat, respecter tes habitants, comprendre leur grandeur dans la simplicité, leur pauvreté dans la dignité, leur endurance dans l’adversité, leur gaieté dans l’austérité, leur probité dans l’opulence, leur ingéniosité bédouine, leur hospitalité citadine, leur désinvolture souvent feinte, leur générosité naturelle.

Je respecte leur foi inaltérable, leur culture profonde, leur humanisme sans fard. J’admire ce brassage nouakchottois où se côtoient tous les couleurs, toutes les ethnies, toutes les régions. J’apprécié en toi Nouakchott, cette capacité d’aplanir les divergences.

Les linguistes vernaculaires s’arrachent les cheveux quand ils entendent un type de Vassalla converser avec son ami de Bden. Pas d’écart. L’accent nouakchottois a fait le reste. Le sud est à l’ opposé du nord, mais certains quartiers de Nouakchott comme El mina intriguent tout le monde. Il t’oblige à prier vers la direction que le minaret indique. C’est la logique implacable de Nouakchott.

Nouakchott intrigue. Il te fait des jours de Nbeikitt lahwache. L’harmattan est son irivi en décembre. Il vous joue des ces tours nouakchottois, le matin, c’est l’hiver, l’après-midi l’automne et le soir l’hivernage. Certains quartiers capricieux se réveillent embardés et des mois durant, c’est la pirogue, tu passes un peu après et c’est des regs secs.

Nouakchott étonne. Il a supporté et ce cinquante années durant les kebbas avec leurs crasses, les gazras qui se concassent, les bidonvilles qui s’entassent. Il a aussi accepté des régimes de tout acabits. Des moines sans habits. Des robinets sans débit, des avenues sans goudrons, des hôpitaux sans médecins des médecins sans outils, des outils sans spécialistes et des spécialistes sans formation.

Il a aussi accepté des administrateurs véreux, des gouverneurs qui vivent de la terre, des tiebtiabas qui ont du flair, des fournisseurs sans cœur, des budgétivores habiles, des contrôleurs sans scrupules et Nouakchott a résisté. Aujourd’hui Nouakchott respire à tout poumon. Il respire l’espoir, la liberté. Il aspire à une ère nouvelle. Il y rentre de plain pied.

Les gazras ? Des pièces de musée. Les kebbas ? Des quartiers habitables. Les taudis ? Des espaces verts. Les djinks ? Awlad bladi. Les culs de sacs ? Des avenues. Les robinets pleurnichant ? Des réseaux d’adductions. Avenue Ould M’haimid ? Un boulevard. L’éclairage public ? Voyez -Nacer ? L’éducation ? Méditez ? La santé ? Regardez. Le social ? Ecoutez. La démocratie ? Comparez.

L’opposition ? Silence, on bavard. La majorité ? Silence, on travaille. Où va la Mauritanie = vers le meilleur ? D’où vient-elle ? Relisez ce qui précède.



 


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