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La Mauritanie envisage de contrôler l'internet pour lutter contre l'extrémisme.
Le gouvernement mauritanien a récemment envisagé la possibilié de mettre en place un centre de surveillance de l'internet.
Cette instance "jouera un rôle important dans la standardisation des systèmes entre les différents acteurs", selon un communiqué publié le 7 juin.
"Elle assurera la sécurité des banques de données nationales et contribuera à trouver des solutions qui permettront d'isoler les virus et d'assurer la protection des droits d'auteur", ajoute ce communiqué.
Le nombre d'utilisateurs de Facebook en Mauritanie a atteint 85 440 en juin, ce qui place le pays au 151ème rang mondial en nombre d'internautes, selon la société de marketing social Socialbakers.
Un chiffre qui représente 2,67 pour cent de la population du pays.
Le plus important groupe (35 030) d'utilisateurs de Facebook en Mauritanie est âgé de 18 à 24 ans, suivi des personnes âgées de 25 à 34 ans. Les hommes représentent 73 pour cent du total des internautes.
Ces jeunes sont les plus susceptibles d'être exposés aux contenus publiés en ligne par les djihadistes, selon le journaliste Mokhtar Salem. Cela requiert des mesures de la part du gouvernement visant à contrôler la diffusion des matériels prônant l'extrémisme et la violence, a-t-il précisé.
Selon le Centre de distribution de l'information (CDI) en Mauritanie, "plus de 50 pour cent des utilisateurs des réseaux sociaux ne prêtent pas attention au caractère sérieux de cette affaire".
Les agitations dans la région, connues sous le nom de Printemps arabe, ont incité le gouvernement à accorder une plus grande attention au domaine électronique.
Les spécialistes de la sécurité et des technologies de l'information ont parlé des moyens de protéger les informations lors d'un séminaire organisé en mars par le CDI. Cet atelier comportait un cours de formation sur la sécurité des informations en liaison avec la société de fabrication d'antivirus Kasperky. Bab Ould Bomes, secrétaire général de la délégation ministérielle chargée de l'emploi, participait à cette réunion.
"Les autorités mauritaniennes estiment que les djihadistes bénéficient aujourd'hui d'un accès totalement libre au réseau électronique", a expliqué le journaliste et analyste Zine El Abidine Ould Mohamed à Magharebia. "La propagation d'idées subversives présentant une justification religieuse relève de la philosophie des terroristes. Cela constitue une menace pour les jeunes, en particulier à un jeune âge. Surveiller l'internet permettra aux autorités de bloquer ces sites et de refuser l'accès des militants à l'espace mauritanien."
Il a fait valoir que le contrôle de l'internet "permettra également de suivre ces sites et offrira la possibilité d'analyser leurs activités et d'assurer leur suivi technique de manière aussi complète que possible".
"C'est un fait acquis aujourd'hui qu'al-Qaida a recours à l'internet pour faire passer ses idées", a ajouté Ould Mohamed. "Mais ce suivi doit être accompagné d'une stratégie de formation sécuritaire destinée aux blogueurs et aux journalistes, afin d'éviter qu'ils ne soient exploités aux fins du djihad dans leur couverture des questions liées au terrorisme."
Cet été débuteront les travaux de pose d'un câble sous-marin géant qui permettra d'améliorer le débit de l'internet en Mauritanie durant l'année en cours, selon le secrétaire général de la poste mauritanienne (Mauripost). Il permettra d'augmenter la vitesse actuelle de l'internet de près de quarante fois et facilitera les recherches scientifiques, médicales et techniques dans le pays.
Ce projet de câble coûtera 25 millions de dollars et sera financé par le gouvernement mauritanien et les sociétés de communication.
"Ce nouveau centre que le gouvernement envisage de lancer pourrait ouvrir la voie à la création de blogs de bonne qualité en Mauritanie", a souligné Hamadi Ould Dah, spécialiste du terrorisme. "Le pays a plus que jamais besoin d'une loi qui permette de lutter contre les sites extrémistes djihadistes. Ils sont dangereux pour la société, notamment à la lumière de la forte proportion de jeunes utilisateurs de l'internet."
Par Raby Ould Idoumou pour Magharebia à Nouakchott