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16-07-2012

18:39

Vue d’ensemble du marché télécoms en Mauritanie.

Suite à plusieurs années de forte croissance, le marché des télécommunications en Mauritanie est à un tournant. La couverture en infrastructure de base a atteint des niveaux qui permettent un marché mobile florissant, dominé par la voix, ce qui devrait permettre de doper les économies fragiles du pays. La consolidation du marché a créé un paysage dominé par les groupes (Maroc télécoms et Tunisie télécoms).

La demande de qualité continue a poussé les services de téléphonie mobile en Mauritanie. Alors que la croissance exceptionnelle a eu un impact positif sur les additions nettes d’abonnements. Dans ce contexte, la demande croissante pour les services de data, principalement pour l’accès à internet, même s’ils restent un marché niche, émerge comme la prochaine source de croissance pour les opérateurs qui cherchent à stabiliser.

Les besoins fleurissant du secteur des entreprises en accès au haut-débit, le taux de pénétration croissant des PC dans les classes moyennes, et la multiplication de cybercafés dans nombres de marchés, participent à la création d’une demande très anticipée pour l’accès à l’internet de haut débit.

Avec une infrastructure de téléphonie fixe sous-développée, il va sans dire que les fournisseurs d’accès Wireless sont les mieux placés pour tirer les bénéfices de cette demande croissante.

Tout aussi notable en Mauritanie, est l’impact que la demande croissante pour le data a sur le paysage technologique. L’émergence de technologies alternatives d’accès à l’internet haut débit telles que TD-CDMA et WiMAX (bientôt), qui affirment toutes pouvoir offrir de haut niveaux de data à un coût modéré, ouvre de nouvelles opportunités pour les future stratégies data et choix technologiques des opérateurs.

La plus dominante d’entre elles - le WiMAX (projet en cours), décrit partout dans le monde comme ayant le potentiel pour devenir une technologie disruptive – continue d’attirer l’attention. Pour les opérateurs GSM/CDMA qui doivent encore s’engager dans l’évolution vers WCDMA/CDMA-EVDO, ces alternatives soulèvent autant d’incertitudes que d’opportunités.

L'arrivée d'un troisième opérateur relance définitivement la concurrence sur le marché de la téléphonie mobile. La bataille est déjà engagée afin de séduire les abonnés et tous les coups publicitaires sont permis, pourvu qu'ils attirent le chaland. Réduction de tarifs et augmentation du nombre d'abonnés. C'est la logique imposée par le marché de la téléphonie mobile à l'heure actuelle. Les trois opérateurs en Mauritanie, à savoir Mauritel, Mattel et Chinguitel, doivent désormais évoluer tenant compte d'une nouvelle donnée : la concurrence.

Si Mattel applique une stratégie bien huilée déjà éprouvée dans de nombreux pays africains (baisse de prix), Chinguitel fait preuve d'un dynamisme inattendu sur un terrain déjà exploité par le fameux (3G CDMA). Mauritel, forte de ses Sept ans d'évolution dans le contexte Mauritanien et sans doute sous l'impulsion de sa maison mère Maroc télécoms, affiche une assurance sans faille et compte aujourd'hui le plus grand nombre de clients.

“La concurrence est toujours une bonne chose à condition qu'elle est saine”.

En cette fin d'année, il faut reconnaitre que chaque opérateur fait preuve d'une inventivité surprenante en matière de tarification. Les promotions 100%, initiée par Mauritel et maintenue par Mattel, a été l'une des premières offres les plus audacieuses du marché. Le bonus des week end, en offrant des unités supplémentaires durant certains week-ends, s'inscrit également dans cette logique.

Le système exploité par Chinguitel (la tarification à la seconde). Celui-ci en a fait son arme principale, Il faut reconnaitre que cette société affiche aujourd'hui les prix le plus bas du marché en termes de coûts des appels. Trois mois après son lancement, près de 100.000 abonnés ont été séduits par le nouveau venu, malgré de nombreuses imperfections dans son système réseau ainsi que l'étendue limitée par rapport à Mauritel.

Grâce à ses longues années de présence en Mauritanie, Mauritel a mis en route une machine déjà bien huilée. Réduction des couts ; De nouveaux produits, ayant déjà conquis les habitudes africaines, font leur apparition, à l'image de Hawelli, système de partage de crédits entre abonnés, familles et amis, consultation du code puk par appel gratuit, info nationale par SMS : Ami Mobiles et bientôt d’autres produits en cuisine.

Mattel annonce également une démarche agressive d'extension réseau et prévoit de satisfaire le reste de la population jusqu'à la fin de 2008 (planning d’extension « cahier de charge » non respecté par les opérateurs). Néanmoins, aucun changement majeur n'est observé à l'heure actuelle sur l'ensemble des tarifications de Mattel ; sur certaines grilles et notamment pour les appels internationaux.

Mattel
compte à l'heure actuelle près de 350 000 abonnés, un chiffre pouvant encore évoluer derrière Mauritel le leader GSM avec un parc de 800.000 abonnés. Chinguitel, de son côté, a compris que pour accroître le nombre de ses abonnés, elle doit faciliter l'achat de postes. Depuis ce mois de décembre, les packs (Samsung, LG et Nokia) de Qualcomm vendus au même prix toute avec une augmentation du crédit initial de 3500 UM (premier pas sur le chemin : au pays voisin le Maroc, l’opérateur WANA utilisant la même technologie, propose des postes avec un crédit équivalent au prix d’achat).

Le secteur des télécoms Mauritanien étant un marché hautement concurrentiel à marges réduites, les opérateurs et les fournisseurs de services sont contraints de rechercher constamment de nouvelles façons de réduire les dépenses d’investissement et les dépenses opérationnelles pour rester compétitifs. Au-delà de la réduction des coûts, ils doivent impérativement proposer de nouveaux services à valeur ajoutée pour augmenter leur chiffre d’affaires. Selon Marc Rennard, directeur des opérations internationales de France Télécom, « les opérateurs mobiles africains sont aussi rentables que leurs homologues en Europe s’ils savent serrer les coûts ».

Le marché Mauritanien n'est pas ce qu'on peut qualifié de facile. Sur une population estimée à 3,5 millions d'habitants, 1,5 dispose d'un téléphone portable. Un niveau de vie très bas, des zones de couverture réseau éparpillées ou tout simplement la réticence à la modernité sont autant de causes expliquant cette situation de “sous-communication”.

L'extension à outrance de la zone de couverture ne constitue pas une stratégie qui marche à tous les coups. Autrement dit, les opérateurs de téléphonie mobile doivent faire du bénéfice dans un marché où le comportement des consommateurs n'est pas forcément assuré de répondre aux investissements engagés. Ensuite, contre la tendance inflationniste mondiale présente, seule le secteur de la télécommunication enregistre des baisses de prix. C'est la conséquence de l'avènement de nouvelles technologies ainsi que de la multiplication de la concurrence.

L’enquête indique que, partout dans le monde, les utilisateurs cherchent à obtenir (et bien souvent obtiennent) de leur téléphone portable un sentiment d’enrichissement, de gratification personnelle et d’exclusivité. Ils attendent des offres de services mobiles les mêmes sensations que celles procurées par l’achat d’un vêtement ou d’un accessoire de mode.

A l’heure actuelle, l’une des principales préoccupations des grands opérateurs de télécommunications mobiles est : la diminution du revenu moyen par utilisateur ARPU (Average Revenue Per Unit ou Average Revenue Per User). Dans un pays où les revenus par habitant sont parfois faibles, le coût des services est la clé de leur succès. Si les prix ne baissent pas, les abonnés potentiels resteront dans l’incapacité de s’offrir un mobile, mais les opérateurs restent dans l’obligation de tirer des recettes suffisantes de leurs activités pour en assurer la rentabilité.

Le mobile, de son côté, se trouve confronté à l’obligation de poursuivre sa croissance en dépit de son prix qui le rend souvent inabordable. Sa croissance à court terme dépendra étroitement de la capacité des utilisateurs potentiels à s’offrir les services que leur proposent les opérateurs. L’important est que la demande soit au rendez-vous et le problème est de réussir à la satisfaire.

Les opérateurs nationaux donc doivent ouvrir leurs réseaux aux nouvelles technologies et trouver les solutions qui leurs permettent d’implémenter rapidement les produits imaginés par leurs services marketing.

Par Yacoub Abeidi - Directeur Commercial Groupe WIMEX 


 


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