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Œuvres humanitaires : Un effet de mode ou du copier-coller ?
Les jeunes mauritaniens se lancent de plus en plus dans l’humanitaire depuis peu de temps. Un comportement qui ressemble à un effet de mode, du moins pour le mois béni de Ramadan qui est entré dans sa dernière dizaine. Les uns et les autres ont mis en place des ONG dont la Marmite du Partage et la Caravane de la Solidarité.
Des noms d’organisations d’outre-mer qui ont réussi dans l’action humanitaire et sociale et dont les consœurs locales tiennent fermement à rééditer la riche et bénéfique expérience dans le pays la Mauritanie.
Nombreux sont les jeunes mauritaniens, qui viennent de se trouver une passion nouvelle dans l’humanitaire depuis le début du mois béni de Ramadan. Partager des repas avec des compatriotes démunis des quartiers précaires ou montrer sa solidarité à l’égard de leurs concitoyens, est devenu, en effet, une activité à temps plein partiel ou pour plusieurs d’entre eux.
Pour les uns, c’est incontestablement le début d’une vocation inédite. Et pour les autres, c’est assurément une vocation assez tardive pour dire qu’ils ont toujours senti qu’ils sont nés pour cette fonction, qui nécessite un don de soi. En témoigne le propos de Tabara Mbodji :
«Pour moi, la vie est faite pour partager. Si tout était individuel sur la terre, la vie n’aurait pas de sens. Tout doit se partager : la joie, la souffrance, aussi bien le malheur que le bonheur... Autant donc dire que l’on ne peut pas du tout évoluer dans l’humanitaire, si on n’a pas le sens du partage. J’aurais aimé être baptisée ‘’Tabara, l’humaniste’’, car je m’identifie à toutes les composantes ethniques de la Mauritanie».
A en croire Boulkheir Ould Cheikhna, il s’est lancé dans l’humanitaire, parce qu’il ne voudrait plus regarder sans agir. «Je me suis lancé dans l’humanitaire, car je ne voudrais plus regarder les choses et les laisser telles qu’elles sont sans agir pour changer les données. Et j’ai toujours enseigné sans contrepartie des cours de rattrapage en maths aux jeunes filles et garçons des classes d’examen. Donc la Marmite du Partage est une grande opportunité offerte à moi de continuer sur la même lancée».
Même son de cloche chez Oumou Kane de l’ONG : «Agissons beaucoup et Parlons peu». Cette dernière a récemment regagné la capitale mauritanienne pour s’activer dans l’humanitaire après des années de vie avec son mari dans le pays de Madiba. «C’est en vivant à Johannesburg que je suis tombée passionnément amoureuse du travail humanitaire. Et depuis que je suis à Nouakchott, je ne cesse de travailler avec toutes les personnes qui œuvrent dans les œuvres caritatives», a-t-elle dit.
Un air de déjà vu ailleurs
Pour les Mauritaniens, qui suivent le fil de l’actualité des événements du monde, ils connaissent forcément les œuvres humanitaires de bienfaisance : la Marmite du Cœur du pays de la Teranga ou les Restaurants (Restos) du Cœur de la patrie des Droits de l’homme. Pour ces citoyens mauritaniens, il y a donc évidemment un air de déjà vu ailleurs quand ils entendent parler de la Marmite du Partage tous les jours dans les quartiers périphériques de Nouakchott.
Un avis qui est ailleurs partagé par Khally Diallo, l’initiateur et le président de la «Marmite du Partage» en Mauritanie, n’est pas passé par quatre chemins pour couper court en ces termes : «La Marmite du Partage est le résultat d’une expérience de six ans entre la Marmite du cœur au Sénégal et les Restos du Cœur en France. Et c’est ce modèle sénégalais voire français que nous avons amené dans notre pays en l’adaptant à la réalité mauritanienne». Comme quoi, il n’a rien de mauvais de piquer les bonnes idées de ses voisins pour faire du bien à ses proches.
La preuve sur la parole d’Aboubacry Bâ : «Nous ne cesserons de remercier Khally Diallo, qui est eu la bonne idée de lancer la Marmite du Partage en Mauritanie pour venir en aide de nos compatriotes pauvres. Pourtant la Mauritanie est un pays très riche dans lequel on ne devrait pas voir des pauvres».
Camara Mamady