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Qui sont-ils vraiment les peuls ?
Les Peuls selon...
Lelièvre : pour qui les Peuls étaient des descendants des Gaulois ‘ Le capitaine Figeac : pour qui les Peuls étaient des Pélasges’. M. Delafosse : pour qui les Peuls étaient des judéo Syriens (ne fut pas le premier à penser ainsi, on peut aussi citer : Winterbottom, Matthews, Grimal de Guiraudon..), thèse qui sera considérée comme un roman par Tauxier dans son livre « M’urs et histoire des Peuls »
Pour Cheikh Anta Diop l’origine égyptienne des Peuls ne fait aucun doute. De par leur nom totémique Ka et Bah et leur Matriarcat, les Peuls montrent leurs rattachements à l’Égypte. De très nombreux Pharaons seraient issus de ce peuple né d’un métissage avec les étrangers du Delta et des contacts officiels des XVIII et XIX dynasties avec l’étranger (blancs, sémites)
Henri Lhote dans son Extraordinaire aventure des Peuls paru en 1958, est le premier à s'intéresser à l'histoire ancienne des Peuls. Il appelle ces pasteurs à bovidés des "Éthiopiens". Pour lui, les Peuls sont des Hamites ou des Chamites / kamites. Ils seraient venus du Proche-Orient, des anciennes provinces de la Gédrosie et de la Susiane Suse22. On attribue à ce groupe intermédiaire les premières civilisations du Croissant fertile ; la première dynastie égyptienne, Sumer, Babylone, la Susiane, la Gédrosie (Mésopotamie)23.
Ces anciens royaumes qui se situent à l'est de l'Iran actuel (proche de l'Afghanistan et du Golfe Persique au sud), étaient autrefois à la limite de la frontière Ouest de la Chine et de la route du Lapis-Lazuli qui fut l'objet d'un grand commerce avec l'Égypte pharaonique. Les Chamites (berbères, éthiopiens, égyptiens…), ont été étudié par des chercheurs français comme l'abbé Breuil et par des indianistes européens, indiens et anglais au XIXe siècle et au XXe siècle, notamment Budge (1902) et J. Hornell (1924)24.
L'étude de l'Égypte ancienne, des langues chamito-sémitiques et de certains faits culturels ont montré une parenté évidente avec l'Inde et le groupe dravidien en particulier. Lilias Homberger évoque une culture indo-africaine en opposition avec le pôle nordiste indo-européen (L. Homberger, L'Inde et l'Afrique, Journal de la société des africanistes, 1951)25
L'histoire ancienne des Peuls apparait dans le livre collectif Figures Peules ( p. 66-67 ) dans un contexte géographique précis ; le Tassili N'Ajjer et un contexte historique voyant l'ouest du Nil menacé par des tribus libyennes (Ribou de Cyrénaïque et Mashaouash une tribu Gétule), constituant de petites aristocraties locales, suffisamment puissantes cependant pour menacer l'Égypte et faire appel à des peuples situés de l'autre côté de la méditerranée (porteurs de la culture Mycénienne) Mycène, appelés Peuples de la Mer par les Égyptiens
Les Peuls peuple pasteur, apparaîtraient dans l'histoire de l'Égypte d'après Lilias Homberger à travers une lettre qui leur appartient, (-ng) comme un peuple "entrant" en Égypte dans des écrits, rédigés par des Égyptiens signalant le passage de pasteurs conduisant des bovins à longues cornes dits -ng ' ou -ng.w (= -ngr), dit nagor (en langue Brahoui) dans le nord-ouest de l'Inde (Balouchistan) et dans les provinces de l'Est de l'Iran d'aujourd'hui.
Cependant les légendes orales Peules, signalent qu'ils y auraient eu plusieurs vagues d'arrivées, chacune avec leur contexte historique, étalées de manière discontinue de 2500 av. J.-C à l'ère des Ptolémée en 300 av. J. -C où leur ethnonyme, apparaît dans les textes et sur les monuments39 et période d'un important brassage ethnique, opéré à partir de la Basse époque égyptienne avec l'Orient et la méditerranée.
L'Afrique numide est l'Afrique des alliances berbères, pour répondre au commerce avec Carthage et à la domination romaine. La plupart des études sur ce sujet portent sur les Berbères des côtes ou des régions agricoles en contacts avec les Romains, aucune sur les "Berbères sahariens", hormis sur les Garamantes (considérés parfois comme les ancêtres des Touaregs), les Musulames, les Gétules et les Nasamons.
On peut trouver néanmoins quelques informations concernant des ostraca trouvés en Maurétanie, en Tripolitaine et dans le Fezzan, relatant les relations romano-indigènes dans deux ouvrages ; La résistance africaine à la romanisation de Marcel Bénabou44 et Rome en Afrique de Christophe Hugoniot45
LES PEULS
Des traits morphologiques et des éléments des vocabulaires communs au peul, au wolof et aux langues bantoues avaient démontré à certains linguistes français l'unité d'origine des langues bantoues et des langues dites soudanaises, et cela dès 1912. L'unité négro-africaine a été admise à l'étranger depuis 1927, mais les dialectes peuls parlés par des pasteurs blancs ont toujours posé un problème. Le plus souvent, on l'a résolu en admettant que les pasteurs- ont adopté une langue négro-africaine. Maurice Delafosse a vu dans ces pasteurs une tribu venue de Syrie.
Vers 2500 av. J.-C. les textes égyptiens parlent de pasteurs conduisant des bovins à grandes cornes dits ng' ou ng.w (= ngr), dits nagor dans l'Inde d'aujourd'hui. M. Montet, du Collège de France, a publié un article sur ces bovins
• en Egypte.
Il est évident que ces noms correspondent au peul nag-ge, au wolof nak. Ayant constaté en 1946 que les Peul emploient bir pour« traire » alors que les Brahuis (du Belouchistan) emploient bire, j'ai comparé l'ensemble de la morphologie et du vocabulaire et j'ai pu constater une unité antérieure indiscutable ; Delafosse avait eu raison de dire qu'ils étaient venus de l'Asie. Le brahui est une langue du groupe dravidien auquel se rattachent les langues parlées aujourd'hui par les Noirs de l'Afrique, venus par mer de l'Inde, depuis environ quatre millénaires.
Les Chroniques du Fouta sénégalais, de Siré Abbas Sah, publiées par Delafosse, disent que les ancêtres des Peuls venaient d'Egypte et que leurs ancêtres venaient du nord de la Syrie (c'est-à-dire d'au-delà). Un chef légendaire qui vivait dans un lieu dit Tor serait venu au Sénégal fonder le royaume dit du Fouta-Toro < fawta-Tori « qui se sont éloignés du Tor ».
Le Tori étant un affluent du Yéi (dans l'Est), cette tradition peut être vraie en ce qui concerne les Peuls du Fouta-Toro, mais un autre historien peul dont les mémoires sont reproduits dans le même volume dit qu'il y aurait eu six courants de migrations venus de l'Est pour peupler les forêts inhabitées du Sénégal.
Les Sérères représentent un groupe peul dont la langue est plus archaïque x ; ils se rattachent à une migration antérieure à celle dont les représentants se retrouvent au Sénégal, au Macina, à Sokoto et au Cameroun. Ces derniers ont été refoulés par les Noirs du groupe nilo-tchadien de Delafosse (téda, kanouri, nubien) qui ont menacé l'Egypte au me siècle de notre ère. Le vocabulaire téda renferme tellement d'éléments peuls qu'il est certain qu'ils ont dû chasser ou tuer les Peuls de la région et prendre leurs femmes, fait qui explique les
Ref...1. Cf. L. Homburger, Le sérère-peul, Journal de la Société des Africanistes, Tome IX, fasc. 1, 1939, p. 85-102.
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