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La remise d'un prix national suscite la controverse en Mauritanie
Les intellectuels mauritaniens affirment que le conseil chargé de l'attribution du prix culturel le plus prestigieux du pays doit être restructuré. Cette année, une controverse nationale a entouré la remise du prix culturel le plus réputé en Mauritanie, en raison d'allégations de partialité et de l'utilisation de la langue française.
"La langue officielle du pays est l'arabe, alors que le communiqué officiel a été rédigé en français", a écrit Arahora.net dans un éditorial consacré au Conseil du prix Chinguetti, ajoutant que "cela n'est pas conforme à la constitution".
Le directeur de ce conseil, Belal Ould Hamza, a annoncé les noms des lauréats 2012 le 31 octobre. Mohamedna Ould Ahmed, Mohamed Abdalla Ould Mohamed Lamine et Mohammed Ali Ould Louli ont remporté le prix en sciences et technologie, Mohamed al-Mahjoub Ould Bayyah s'est distingué dans la catégorie littérature, et Islam Ould Sidi al-Moustafa a été désigné lauréat du prix d'études islamiques.
Le poète et réalisateur mauritanien Mohamed Ould Idoumou a déclaré que le conseil devait réviser ses méthodes et ses critères d'évaluation pour procéder au jugement des oeuvres littéraires, en se tenant à l'écart des inspirations politiques de leurs auteurs.
"Plus important encore, il faut accorder davantage d'attention aux lauréats de ces prix afin que leur distinction ne soit pas synonyme d'évènement modeste et sans signification, mais qu'elle devienne un moment distinctif, avec des dates pour la fêter", a-t-il affirmé.
Au mois de janvier dernier, le Conseil du prix de Chinguetti avait annoncé officiellement le lancement de la compétition, permettant aux candidats de se présenter pour tenter de remporter le prix, d'une valeur de 5 millions d'ouguiya (13 338 euros).
Le chercheur et auteur Yahia Ould Sidi Ahmed a expliqué que les ouvrages choisis n'étaient pas conformes aux critères de "profondeur, d'originalité et d'innovation".
"Avec tout le respect que nous devons aux lauréats, nous nous demandons quelle intensité ou quelle innovation nous pouvons trouver dans des sujets comme la résistance et le fiqh," a-t-il écrit dans un éditorial publié sur le site aqlame.com. "A ma connaissance, il y a des oeuvres artistiques innovantes que le conseil n'aurait pas dû ignorer, car elles entraient dans ces critères de profondeur et d'innovation".
Pour sa part, Sheikh Ould Sidi Abdallah, secrétaire général de l'Union des auteurs mauritaniens, a déclaré à Magharebia que le prix est encore décerné "sur des critère ambigus, dans la mesure où les disciplines concernées par ces prix n'ont pas encore été catégorisées".
"Les responsables ne réalisent pas qu'il y a une différence entre un sujet général et un thème secondaire", explique-t-il. "La littérature, par exemple, n'est pas le langage, et la sharia islamique n'est pas la pensée de l'Islam. Viennent s'ajouter les autres sciences humaines qui présentent différentes branches, et qui auraient dû être prises en considération lors de l'attribution de ce prix".
Ould Sidi Abdallah a souhaité la tenue d'un séminaire pour revoir les critères d'attribution des prix, conformément à "l'expansion des secteurs de la connaissance".