Cridem

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17-02-2013

09:18

L’éditorial de La Nouvelle Expression : La Mauritanie vendue aux criminels.

« Ina wona » qui veut dire : « C’est possible » était le slogan de campagne d’Ibrahima Moctar Sarr. Le politicien au bonnet rouge et patron de l’AJD/MR voulait ou pensait possible aussi la mobilisation de toute la Mauritanie pour la Mauritanie.

Il initia une marche contre l’impunité pour l’abrogation de la loi d’amnistie du système de Taya. Un système qui a tué, qui a bafoué, qui a déporté, qui a torturé et qui a pardonné en accordant l’impunité aux commanditaires de l’ignominie, de la bestialité ou du chaos mauritanien, ainsi qu’à ses exécutants.

Avec Sarr, on a marché. Marché contre l’impunité. Marché pour une Mauritanie libérée du démon des lendemains incertains. L’homme au bonnet rouge cherchait à faire marcher toute la Mauritanie pour la Mauritanie.

Il convia tout le monde à s’approprier son idée mais c’était sans compter avec la politique politicienne de nos hommes politiques. Les adeptes de la compromission. Résultat : les tenants de la politique du ventre n’ont pas répondu car ils ne peuvent répondre à une cause ayant une incidence directe et positive sur la vie de la nation et surtout quand cette idée vient d’un autre parti ou d’un leader avec qui ils ne partagent pas forcement la même vision politique sur certaines questions. Même si la question… en question doit et peut être la préoccupation de tous.

Les politiques pensent à leurs intérêts frivoles et iniques d’abord. Des intérêts qui ont souillé la Mauritanie dans son existence. L’enfant de Boki aura quand même le mérite d’avoir essayé ; essayé qu’on finisse avec l’amalgame autour de cette histoire macabre de la Mauritanie, par la mise à l’index des bourreaux. Que puis-je dire à l’inventeur de « Ina wona » sinon que les bourreaux de la Mauritanie n’ont ni tribu, ni communauté, ni région et surtout ni couleur ?

Ce sont des hommes qui ont agi en leur nom, à eux donc de répondre de leurs actes. C’est dire que ce n’est pas trop demander d’exiger à un fautif de se repentir. Ce n’est pas trop demander de solliciter au peuple de se démarquer de ses bourreaux. Ce n’est pas trop demander de souhaiter d’en finir avec l’impunité. Mais surtout ce n’est pas trop demander de réclamer justice et aussi d’indexer les présumés coupables et pas d’autres.

Malheureusement, l’initiative était révélatrice une fois encore du mal mauritanien : l’hypocrisie ou la division. Une hypocrisie qui fait de nous tous des criminels. Cette hypocrisie qui nous empêche d’expier nos fautes pour servir la Mauritanie ; la Mauritanie de la cohésion et de la fraternité citoyenne.

Seules les communautés noires du pays, les suppliciés, ont marché et ont été accueillis devant le parvis de l’Assemble Nationale par un député noir, Kane Hamidou Baba ; un seul député sur 95. Les autres, au nombre de 94, élus du peuple pourtant, n’ont pas jugé utile de servir le peuple. Ces députés avaient pourtant agi pour la cause de la Palestine, du Liban, de la Libye, de la Syrie… Et pourquoi donc pas de la Mauritanie, pour sa cohésion et sa stabilité ?

Cette loi d’amnistie de 1993 a obscurci encore plus l’horizon de la Mauritanie. Le pays a été privatisé et vendu aux criminels. Parce que Taya et son système le voulaient et continuent à le vouloir. A l’époque, on avait incité à plus de trois cent pétitionnaires de demander cette impunité pour les bourreaux de la Mauritanie, de toute la Mauritanie. Une honteuse pétition qui a abouti à une loi sans vergogne…

Les victimes et la Mauritanie n’auront que leurs yeux pour pleurer. Ce système qui tient encore les rênes du pouvoir continue à s’emmurer dans le syndicat des criminels. Un syndicat qui a encore des longs et beaux jours devant lui. Car la conscience collective mauritanienne n’existe pas encore pour la Mauritanie. La Mauritanie n’est pas sa préoccupation. Et ce syndicat a fait de nous tous des criminels. Il continue à favoriser et entretenir la division et la désunion des Mauritaniens autour de ce qui pourrait les réconcilier avec leur tragique passé.

Ce syndicat, avec notre tacite complicité ou ignorance passive, a communautarisé les victimes mais aussi les bourreaux. Pire, ce syndicat des criminels de tout genre a dépouillé la Mauritanie de sa mauritanité, le Mauritanien de ses devoirs et de son civisme. Il agit et vit au rythme du vécu des autres, d’ailleurs, parce que la Mauritanie ne fait pas partie de sa préoccupation.

Seidi Moussa Camara


 


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