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Bios Diallo éblouit par sa culture et plaide pour une veille de l’éducation civique renforcée - [PhotoReportage]
Le jeudi 21 février, le Centre Culturel Marocain (CCM) a refusé du monde. C’était à l’occasion du lancement des activités culturelles de la Bibliothèque Mobile du Club Planète Jeunes et de l’Association Traversées Mauritanides qui a organisé ses dernières rencontres littéraires du 9 au 19 décembre avec la présence d’une vingtaine d’auteurs étrangers, dont le Togolais Sami Tchak, les Sénégalais Ken Bugul et Felwine Sarr, la Belge Geneviève Damas Prix des Cinq continents de la Francophonie, et nationaux. Tous avaient été déployés dans les écoles et espaces culturels.
Cette fois, l’invité d’honneur n’était autre que l’écrivain Bios Diallo et directeur dudit festival Traversées Mauritanides. Pour cette entame, les deux organisations ont pris le choix de commencer par un sujet se rapportant à la culture. « Je dirai l’éducation, précise l’auteur. Car on peut dire que tout est culture, mais mettre l’accent sur l’éducation délimite le champ que nous visons à travers ces rencontres en milieux scolaires ».
La Bibliothèque Mobile du Club Planète Jeunes et l’Association Traversées Mauritanides qui envisagent de faire le tour des établissements de la capitale, mais aussi des villes de l’intérieurs du pays, ont organisé cette première rencontre avec l’Ecole Moctar Kelly.
Si le CCM a été envahi par les élèves de l’établissement escortés par leur directeur, Lam Amadou Alhousseynou, il y avait surtout un public varié de chercheurs, d’enseignants et de simples curieux. Il faut dire que Bios, qui n’est pas un inconnu de la scène intellectuelle et culturelle du pays, avait choisi d’évoquer son livre De la Naissance aux mariages chez les Peuls de Mauritanie.
Cet essai publié aux éditions Karthala en 2004 et préfacé par l’auteur de L’Aventure ambiguë, le Sénégalais Cheikh Hamidou Kane, en plus d’un Avant-propos de feu le linguiste Ousmane Moussa Diagana, est une étude très riche. D’ailleurs le public a pu s’en apercevoir grâce à la maîtrise du sujet que Bios Diallo a démontré.
Avant qu’il ne débute sa conférence, le public a eu droit à un défilé de tenues traditionnelles et à une pièce de théâtre. Ces éléments ont constitué une entrée en matière à la thématique du jour. La culture peule, qu’on sait très métissée a été revisitée au grand bonheur des curieux, sous ses brassages avec d’autres communautés soninké, wolof et maure.
De l’éducation des filles à celle des garçons, l’auteur a expliqué comment la société traditionnelle constituait une vraie école de la vie. « Dans cette société où tout le monde participait à l’éducation de son propre enfant mais aussi à celle de l’enfant du voisin ou même de celui qu’on croise dans la rue, les termes d’honneur prévalaient à tout. C’est pourquoi, poursuit Bios Diallo, les déviations sociales étaient légères, minimes car chacun se sentait concerné par ce qui pouvait arriver à l’enfant dans cette société de famille très large ».
Répondant aux nombreuses questions du public, surtout des jeunes, Bios Diallo dira : « On ne peut pas arrêter l’évolution des sociétés. Aujourd’hui le téléphone portable et l’internet font partie des outils de la modernité, de notre quotidien. L’élan est inversible, mais il serait important, je dirai même urgent que les services de l’éducation planchent à repenser l’instruction civique.
Sans revenir en arrière, ou à une éducation de répression, parents et acteurs sociaux doivent travailler en synergie afin de tirer de ces outils modernes le meilleur pour leurs enfants. Car on peut dire qu’avec le Net, le smartphone, les chaînes de télé, câblés ou pas, les enfants ont accès aux mêmes codes langagiers et autres qu’eux.
L’éducation civique doit donc être revue, repensée », conclue l’écrivain et directeur de Traversées Mauritanides qui a été vivement ovationné par le public. Pour le directeur du Centre Culturel Marocain, Mohamed El Kadiri, qui s’est félicité de ce moment très appréciable a dit qu’il ouvrira toujours les portes de son espace à d’autres rencontres de ce genre.
Cheikh Aidara