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03-04-2013

10:52

Le président Aziz impliqué dans une opération d’accaparement de terrains [Fac similés]

Au lendemain du coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir, le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait fait de l’accès des pauvres à la propriété foncière un cheval de bataille.

Plus tard lors des élections ce thème reviendra comme un leitmotiv et le président candidat visitera à plusieurs reprises les Kebbas en fustigeant au passage les pouvoirs passés qui étaient caractérisés selon lui par des distributions de terrains clientélistes dont ne profitaient que les barons de ces régimes.

Ce discours très populiste eut un écho favorable dans les milieux pauvre et contribuera grandement à faire coller au candidat, l’étiquette de candidat des pauvres. Seulement car il ya un seulement, au vu des documents auxquels nous avons eu accès, le colonel Mohamed Ould Abdel Aziz s’était lui aussi généreusement servi alors qu’il n’était encore que l’homme fort du CMJD qui avait pris le pouvoir en chassant Ould Taya en 2005.

En effet avant de remettre le pouvoir au président élu, les trois hommes forts du CMJD que sont Ely Ould Mohamed Vall, Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Ghazwani s’étaient attribués chacun dix lots parmi la centaine que distribua en catimini le Ministre des Finances de l’époque Abdallahi Ould Souleymane Ould Cheikh Sidiya.

L’actuel chef de l’Etat se fit attribuer les lots 66 NOT EXT Module M EXT au nom de Ahmedou Ould Abdel Aziz, celui là même qui, selon certaines rumeurs, s’apprêtait à déposer plainte contre certains medias en disant qu’il n’a jamais tiré aucun profit de la présence de son père au pouvoir.

Ensuite le lot 67 au nom de Leyla mint Mohamed, le lot 68 (600m2) au nom de l’épouse du chef de l’Etat Tekber mint Ahmed, le lot 69 au nom de Ahmedou Ould Eleya, le lot 70 au nom de Hamza Ould Abdel Aziz, le lot 71 au nom de Abdel Aziz Ould Eleya, le lot 72 au nom Bedredine Ould Abdel Aziz, le lot 73 au nom de Asma Mint Mohamed, le lot 74 au nom de Keva Mint Abdel Vettah et le lot 75 de (100m2) au nom de Khadi Mint El Ghoutb.

Donc au moment ou le président et ses thuriféraires se gargarisent de la distribution de lots allant de 120m2 à 180m2 situés à plusieurs kilomètres du centre ville et n’ayant aucune valeur marchande réelle, il obtient pour ses proches des terrains situés juste derrière le lotissement ATOIT, pas loin de la zone que le président avait visité ordonné l’assèchement à coup de centaines de bennes de tout venant.

Signalons au passage que selon différentes sources, ces bennes aurait été louées par l’administration auprès de Foyl Ould Lahah proche cousin du président.

Pour sa part Ghazwani s’octroya les lots de 1 à 10 alors que Ely Ould Mohamed Vall se fit octroyer les lots de 55 à 65. Bien entendu c’était assez courant que les dirigeants se servent lors des distributions de terrains très convoités.

Mais quand on arrive au pouvoir et qu’on veut la rédemption, on peut bien rendre ces terrains à la collectivité car ils ont été obtenus illégalement et en toute opacité. N’oublions pas que l’une des justifications avancées pour le coup d’Etat contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi est que la première dame de l’époque s’octroyait des terrains même si ce n’était que des concessions provisoires.

Bien entendu aucun critère ne prévaut pour ce type d’attribution sinon l’interventionnisme et le favoritisme. Elles s’effectuent dans l’opacité totale et au gré du bon vouloir des tenants du pouvoir.

Signalons qu’en 2007 l’ex-inspecteur d’Etat Mohamed Ould Horma avait diligenté une enquête au sujet de la réalité des distributions des terrains intervenues mais seulement depuis le 1er mai 2007 et seulement par la Wilaya, il ne s’intéressa guère à celle du ministère des Finances. Cette enquête avait pour but de déterminer la nature de ces distributions, la régularité des procédures suivies et les bénéficiaires de ces attributions.

Ces investigations avaient permis de constater qu’un lotissement avait été établi par le Ministère de l’Equipement, seulement deux jours avant le deuxième tour des élections présidentielles et ne répondait à aucun besoin urbanistique immédiat car situé très loin dans une zone inhabitée, derrière la route reliant le Port de l’Amitié et la commune de Riyad. Pourtant ce lotissement situé lui en plein centre de Tevragh Zeina semble encore plus irrégulier et plus clientéliste.

Mais ce qui serait encore plus grave serait de constater que les moyens publics avaient été utilisés pour valoriser des parcelles qui sont désormais dans le domaine privé du président et de ses proches.

Entamé depuis 2010, le projet de restructuration des quartiers précaires ou « Gazras » de Nouakchott et qui devrait à terme parvenir à la disparition totale des bidonvilles est la clé de voute du programme du président Mohamed Ould Abdel Aziz mais force est de constater qu’on est jamais mieux servi que par soi même.

B.C. (Le Quotidien de Nouakchott)












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