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Conférence Internationale du Travail à Genève :le gouvernement à l’origine du retard des syndicalistes mauritaniens
La délégation des syndicats mauritaniens, qui devrait prendre part à la 102ème Conférence Internationale du Travail (CIT), ouverte, depuis le 5 juin, àGenève, a réussi, après « moult tractations et obstructions » de la part des autorités gouvernementales, à quitter Nouakchott pour la capitale helvétique, a déclaré au Calame, monsieur Samory Ould Bèye, secrétaire général de la Confédération Libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM).
« Le gouvernement, dont la délégation était déjà sur les lieux à la veille de l’ouverture de la conférence, n’a ménagé aucun effort pour retarder notre départ.Un retard qui nous a porté préjudice, parce qu’on a été contraints, contrairement aux dispositions internationales, de payer les frais de visa mais aussi des pénalités.
Tout cela fait à dessein, pour nous empêcher de nous inscrire dans les commissions et, donc, de prendre la parole pour dénoncer les entorses et agissements du gouvernement contraires à la législation nationale et internationale ».
Mais, fait remarquer le leader de la CLTM, « les syndicalistes mauritaniens, qui ont consenti des sacrifices pour effectuer le déplacement, ne ménageront eux aussi aucun effort, pour faire entendre leur petite musique à leurs collègues et aux autres gouvernements membres de l’OIT ».
Les récentes grèves des dockers du port de Nouakchott et des journaliers de la SNIM à Zouerate seront très certainement évoquées par les syndicalistes mauritaniens ; des sujets, jumelés à la pratique de l’esclavage, sont embarrassants pour le gouvernement mauritanien, alors que le Parlement vient de voter l’interdiction du tâcheronnat en Mauritanie. Mais voter, c’est bien ; agir, c’est mieux et le moins qu’on puisse dire c’est que les derniers agissements du pouvoir ne plaident guère pour la crédibilité de productions littéraires…
Encadré
La CIT, c’est quoi ?
La Conférence, souvent comparée à un parlement international du travail, a plusieurs fonctions. Premièrement, elle élabore et adopte des normes internationales du travail, sous forme de conventions et de recommandations. Les conventions sont des traités internationaux qui, une fois adoptés par la Conférence, sont ouverts à la ratification des Etats-membres.
La ratification d’une convention entraîne l'obligation juridique d’en appliquer les dispositions. Les recommandations sont destinées à guider l'action nationale mais ne sont pas soumises à ratification et ne sont pas légalement contraignantes.
La Conférence suit, également, l’application des conventions et recommandations au niveau national.
Elle examine les rapports que les gouvernements de tous les Etats-membres sont tenus de soumettre et dans lesquels ils présentent, de manière détaillée, comment remplissent-ils leurs obligations liées aux conventions ratifiées, de même que la législation et la pratique en rapport avec les conventions et recommandations (ratifiées ou non) sur lesquelles le Conseil d’administration du BIT a demandé l'établissement de rapports.
Depuis l'adoption de la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux du travail (1998), la Conférence a une autre fonction importante, à savoir examiner le rapport global préparé par le Bureau, dans le cadre de la procédure de suivi imposée par la Déclaration.
Sur un cycle de quatre ans, la Conférence examine des rapports globaux, couvrant successivement les quatre droits fondamentaux, à savoir : la liberté d’association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective ; l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire ;
l'abolition effective du travail des enfants; et l'élimination de toute discrimination, en matière d'emploi et de profession.
La Conférence est également un forum où sont débattus librement, parfois avec passion, les problèmes sociaux et du travail qui intéressent le monde entier.
Les délégués examinent l’évolution sociale dans le monde mais le thème central est le rapport présenté, chaque année, par le directeur général du BIT. En voici quelques-uns, parmi les plus récents : « Un travail décent » (1999), « Réduire le déficit de travail décent : un défi mondial » (2001), et « Une mondialisation juste: créer des opportunités pour tous » (2004).
La Conférence adopte aussi des résolutions qui contribuent à orienter la politique générale de l'OIT et ses activités futures. Tous les deux ans, la Conférence adopte le programme et budget biennal de l'OIT, financé par les Etats-membres.