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Amina et Adams : deux jeunes artistes qui n’ont pas de limites ni d’interdits [PhotoReportage]
Ce lundi 11 juin, dans le hall du Centre Culturel Marocain (CCM) de Nouakchott, parmi les dessins des élèves de l’école Mansour Kébé, deux attirent l’attention du spectateur.
Il s’agit des œuvres d’Adams et d’Amina : déroutantes, osées et étranges. Si ces œuvres captivent, c’est parce qu’elles délivrent un message très fort qui explique que "la jeunesse mauritanienne a envie de se libérer".
"Ils ne font qu’exprimer leur sensibilité au-delà de toutes considérations d’ordre religieux ou social : une sensibilité reste une sensibilité. Ce n’est pas facile à moduler.
C’est une réalité", confie l’artiste peintre Mamadou Anne en train de jeter son dernier regard sur l’une des œuvres où l’on voit une femme à moitié nue exhibant ses seins.
"Il n’y a rien de choquant ici parce qu’elles décrivent des réalités. L’éducation sexuelle n’est plus un sujet tabou. D’une manière ou d’une autre, la Mauritanie va prendre le train", souligne Mamadou Anne.
Ces trois œuvres mettent en lumière l’esthétique féminine. Une recherche de la beauté qui s’explique par la sensualité de la femme. Ainsi, dessiner des femmes dans des postures érotiques n’a rien d’ignominie et de vulgaire chez ces deux jeunes artistes.
Amina, qui fait face à une forte résistance de ses parents qui la dissuadent de pratiquer l’art plastique, s’explique sans détours : "Je suis fière de ce que je fais. J’aime dessiner. En Mauritanie, les gens habillent l’art plastique de tabous. Chez nous, l’art n’a pas de valeur. Or, avec l’art, je fais ce que je veux. Je ne tiens pas compte des qu’en dira-t-on".
En un mot, dessiner en toute liberté constitue pour ces deux jeunes artistes une sorte de dévoilement. "Pour eux, dessiner la femme, c’est quelque chose de très beau. Quand ils dessinent, ils prennent du plaisir. Ils n’ont pas de limites ni d’interdits. Ce sont de très bons dessinateurs notamment au crayonnage.
Lorsqu’ils dessinent, ils captent l’expression de la femme. Ils essaient de faire un lien direct entre ce qu’ils font et ce qu’ils ressentent. Créer le dialogue entre le dessin et l’artiste d’une part, le public et le dessin d’autre, c’est très important dans la pratique des arts plastiques", commente l’artiste peintre Mansour Kébé.
Avec ces œuvres, Adams et Amina posent un acte artistique qui va dans le sens de l’émancipation et de la libération de la création. On peut découvrir cette exposition jusqu’au 16 juin prochain, au Centre Culturel Marocain (CCM) de Nouakchott.
Babacar Baye Ndiaye