Cridem

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14-06-2013

23:49

Malaise social : La colère gronde chez les marins pêcheurs à Nouadhibou.

Rien ne va plus dans la capitale économique du pays. Le front social reste très tendu. En milieu de matinée, des marins pêcheurs, ont organisé un sit in devant les bureaux du wali de Dakhlet-Nouadhibou. Objectif : rencontrer directement le wali pour être fixé sur leur situation.

Ils n’en peuvent plus d’attendre indéfiniment et entendent crier leur ras-le-bol. Pour cette raison, ils ont organisé en milieu de matinée, un sit in qui, il faut le préciser, n’a pas mobilisé grand monde faute, à en croire l’un d’eux, d’une préparation minutieuse. « Le sit in est improvisé et il n’y a pas eu de sensibilisation », martèle leur porte parole.

Il n’empêche que les protestataires présents ont tenu à nous parler pour expliquer les raisons de leur colère.

« Voilà plus de neuf mois maintenant que nous ne sommes pas en activité et jusqu’à présent, il n’y a aucune perspective en vue », lance très en colère M. Dah avant de poursuivre : « Nous sommes des pères de famille et chacun de nous, qu’il soit là ou non, a des bouches à nourrir, à loger, éduquer, soigner ici sans oublier les parents restés au village qui dépendent de nous ».

M. Thiam renchérit : « c’est une situation très difficile que nous vivons à Nouadhibou, se loger coûte la tête des yeux, la nourriture également. Que dire alors pour des marins au chômage et sans le sou ».

A bout de nerfs les protestataires veulent rencontrer le wali afin qu’il puisse leur dire quelque chose sur leur situation. Le wali font-ils entendre, est le seul interlocuteur qu’ils veulent rencontrer pour discuter de leur problème. Des représentants syndicaux dignes de confiance, ils n’en voient pas car ceux qui existent sont peu crédibles à leurs yeux.

Il faut dire qu’un malaise social profond s’est emparé de Nouadhibou où la tension est perceptible. Et pour cause, la pêche est dans un marasme économique aiguë du fait que le nouvel accord de pêche entre l'Union européenne (UE) et notre pays a été rejeté par la Commission pêche du Parlement européen.

Bien que considérant cet accord comme très important pour l'UE, en termes de capture de poissons et de diversité des produits de la pêche, ainsi que de la contrepartie financière à verser au gouvernement mauritanien, les députés européens ont estimé que le nouveau protocole engendrerait des coûts trop élevés pour l'UE et pour les armateurs.

Les élus européens ont refusé de valider le nouvel accord parce que, entre autres, il augmente de 400% le coût du permis de pêche, sans compter que le nouveau protocole réduit les zones accessibles par la flotte de pêche européenne dans nos eaux territoriales.

Plus grave encore, l'application de cet accord entraînerait la perte de 400 emplois directs et de 2.400 emplois indirects dans le secteur de la pêche de l'UE. Le gouvernement espagnol a d'ores et déjà demandé la renégociation de cet accord avec la partie mauritanienne.

Côté mauritanien bien que l’accord est à l’avantage des mauritaniens, il n’en reste pas moins que ce rejet de l’accord a un impact négatif sur l’emploi des mauritaniens qui vivent de l’embarquement sur la flottille européenne de pêche dans nos eaux territoriales. Selon les statistiques, les marins pêcheurs sont au nombre de 6000 qui ont été recensés.

Moussa Diop, envoyé spécial



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