La Banque centrale de Mauritanie (BCM) a organisé le mardi 18 juin 2013 au Palais des Congrès de Nouakchott, le premier symposium de son quarantième anniversaire.
La cérémonie haute en couleur mais lourde en mesures protocolaires, a été marquée par la présence du Chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, son Premier ministre et l’ensemble du gouvernement, les hauts officiers de l’armée, le chef de file de l’opposition démocratique, Ahmed Ould Daddah.
Le fait marquant du jour, le discours inachevé du gouverneur de la BCM, Sid’Ahmed Ould Raïss, évacué de la salle suite à un malaise. Un discours repris par le ministre des Affaires économiques, et qui
fait la rétrospective d’une institution monétaire bâtie sur le courage
et l’indépendance d’esprit d’un pays difficilement né, en cette journée
du 30 mai 1973 quand la Mauritanie décida de battre monnaie.
Un discours qui cependant décrit une période anté Azizéenne sombre et chaotique, rappelant avec beaucoup de partie pris, cette tendance à la subjectivité laudatrice des partisans qui essayent d’altérer toujours l’aspect scientifique de l’histoire en le saupoudrant d’un vernis qui fausse l’objectivité requise en pareils occasion, car s’agissant de faits non manipulables.
Le quarantième anniversaire de la création de la monnaie nationale, l’Ouguiya, a été fêtée avec emphase mardi 18 juin 2013 au Palais des Congrès de Nouakchott. La cérémonie a été rehaussée par la présence du Chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, celle du gouvernement au grand complet, des corps constitués et du corps diplomatique.
La présence d’Ahmed Ould Daddah, président du RFD, l’un des partis les plus virulents de l’opposition et président en exercice de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) aux positions jugées de radicale a été le fait marquant du jour, même si le malaise subit du Gouverneur de la BCM au cours de son allocution, lui ravira la vedette.
Nul ne sait encore si Ould Daddah a été invité du point de vue politique, en sa qualité de chef de file de l’opposition démocratique et président de la COD ou en sa qualité de premier Gouverneur central de la Mauritanie. Un honneur que Sid’Ahmed Ould Raïss n’a pas manqué d’ailleurs de rappeler dans son discours.
Le discours du Gouverneur de la BCM
Après les versets du Saint Coran psalmodiés à l’entame de la cérémonie et l’hymne national, Sid’Ahmed Ould Raïss, Gouverneur de la BCM, avait à peine entamé les prémisses de son discours qu’il fut terrassé par un malaise.
Il tentera de poursuivre sa prestation, en vain. Il sera évacué hors de la salle. Les informations distillées plus tard rapportent qu’il a été admis dans une clinique privée et que sa vie est hors de danger. Seulement, le fait a été assez saisissant pour que le président de la République et le Premier ministre ne se précipitent à son chevet pour s’enquérir de sa situation.
Le discours qu’il avait préparé sera lu à sa place par le ministre des Affaires Economiques et du Développement, Sidi Ould Tah. Il s’agit d’un survol historique sur la création de la monnaie nationale l’ouguiya, le 30 mai 1973. Un acte jugé à l’époque de courageux et d’inédit, alors que le pays souffrait d’une gestation difficile, que plus de 80% de sa population était nomades et que 90% étaient analphabètes, rappellera Ould Tah.
A cette date, ajoutera-t-il en substance, la BCM avait bénéficié de l’aide de plusieurs pays frères, dont les dépôts avaient atteints quelques 4 Milliards d’UM. Par la suite, selon le discours du Gouverneur, la Mauritanie perdra beaucoup d’opportunités, le pays ayant vécu des périodes de mal gouvernance, de chaos économiques, de dévalorisation sur le plan économique, financier, éducationnel.
L’avenir de la Mauritanie aurait même été un moment menacé selon cette lecture des faits. Même l’année pétrole, 2006 et jusqu’en 2007, la situation du pays ne s’était guère améliorée, avec des réserves en devise qui couvraient à peine 1,7 mois d’exportation. Et il a fallu attendre l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz pour que la tendance soit renversée, si l’on en croit le discours préparé par Sid’Ahmed Ould Raïss et lu par Sidi Ould Tah.
Après le discours du gouverneur de la BCM, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a visité le Musée de la monnaie avant de prendre congé. Les congressistes ont poursuivi le symposium à travers deux ateliers, l’un portant sur "Opportunité et Contexte historique et économique de la création de la monnaie nationale " et l’autre sur le "Rôle de la Banque centrale dans la régulation de l’économie nationale"
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Une ambiance toute préliminaire
En ce jour du 18 juin 2013, toute la
Mauritanie s’était donné rendez-vous dans la vieille bâtisse toujours magnifique des
Palais des Congrès de
Nouakchott.
A l’entrée, d’imposantes mesures de sécurité, avec forte présence des éléments du
Bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP), filtrage au compte-goutte des invités qui seront badgés, "
cartonifiés" et catalogués, avant d’être expédiés sous des détecteurs de métal.
Sitôt la lourde muraille de fer, de canons et de chairs franchie, le vent frais à l’entrée du hall et le visage rébarbatif d’une garde prétorienne casquée et giletés, armes au poing, vous cueille au nez. Nouveau passage sous les détecteurs de métal, avant d’être happé par le regard furtif et inquisiteur d’une vingtaine d’hommes de la sécurité, les gardes rapprochés de la présidence de la République et de la Primature.
De temps en temps, un véhicule s’arrête sur le perron et vomit son hôte de marque. Des ministres flanqués de leur ange-gardien personnel, des ambassadeurs, des représentants d’organismes internationaux, de hauts cadres de l’administration publique, certains souriant, avenants, serrant des mains, d’autres indifférents sur leur petit nuage. Parfois, ce sont des galonnés de l’armée qui s’engouffrent d’un coup d’épaulette à travers les vitres translucides.
Le mobilier ciré et parfumé du hall du Palais est curieusement interdit d’utilisation. Un longiligne agent de sécurité de la garde rapprochée semble n’avoir comme mission que de veiller à ce que le cuir parfait des fauteuils et du canapé ne puisse souffrir d’un plissement. Plusieurs invités qui eurent l’outrecuidance de se laisser tomber sur de si jolis mobiliers ont vite été sommés de se lever. Parfois sans ménagement.
Pendant ce temps, l’intérieur de la salle de conférences s’emplissait. Dehors, les photographes et la pléthore de journalistes rongeaient leurs freins. Ils avaient tout mitraillé de leurs objectifs et cherchaient une nouvelle proie. Soudain, un mini remue-ménage.
Le Gouverneur de la
BCM flanqué du Wali
de
Nouakchott, du ministre des Affaires économiques, d’un des vice-présidents de la Communauté urbaine, du Hakem et du maire de
Tevragh-Zeina eurent juste le temps de se mettre en rang devant la porte d’entrée du hall que le Premier ministre s’engouffrait déjà. Il salua le comité d’accueil ainsi constitué puis se fit conduire dans une salle d’honneur.
La courte cérémonie achevée, on rompit les rangs. Les journalistes et autres caméramans qui s’étaient jetés sur le PM comme des mouches, rangèrent leurs appareils, déjà pleins d’images. Il fallait attendre encore. L’arrivée du boss fut en tout point de vue différent. L’aire de cantonnement des journalistes se rétrécit davantage, les badauds costumés qui voulaient se rincer les yeux de l’arrivée de
Mohamed Ould Abdel Aziz furent renvoyés dans leurs pénates.
Ce fut d’abord une petite voiture, puis une
Land Cruiser, tous les deux de couleur bleue girouette au vent qui déchira l’air, suivis par une deuxième, puis une troisième et une quatrième voiture d’où sortirent précipitamment les gardes du corps du président. Certains arboraient carrément d’énormes fusils d’assaut.
Quelques secondes plus tard, les motards de l’escorte présidentielle firent leur entrée, encadrant une voiture noire flanquée d’un fanion vert et jaune.
Mohamed Ould Abdel Aziz s’en extirpa avec agilité, reboutonnant machinalement son veston, taillé sur un impeccable costume beige bien coupé. Dans une sage bousculade, Les flashs des photographes immortalisèrent l’évènement.
La cérémonie du quarantième anniversaire de l’ouguiya pouvait alors commencer.
Point de vue de l’opposition
"
Cette lecture de l’histoire financière et économique de la Mauritanie, entre 1973 et 2013, faite par un gouverneur attaché à la cause d’un régime, ne peut qu’être subjective", selon des opposants qui considèrent que cette lecture ainsi faite par
Ould Raïss "est complètement tronquée".
Lui, il parle d’amélioration sensible des indicateurs, avec des réserves record d’1 Milliard de dollars U.S, soit 6,7 mois d’exportation, de restructurations profondes qui ont permis de renforcer les outils de contrôle de la
BCM, de l’affluence des
IDE dans le domaine financier qui prouve la confiance des investisseurs, des énormes bénéfices réalisés, quelques 17 Milliards d’UM dont 12 Milliards d’UM rien qu’en 2012.
Les détracteurs parlent de données macroéconomiques sans répercussion sur l’économie réelle ni sur la vie des citoyens. Là où le régime en place voit une embellie, ses opposant y perçoivent une grave crise découlant de politiques népotistes et tatillonnes, qui essayent de renverser l’ordre du monde en s’attelant à la déconfiguration de la
Mauritanie. Le pouvoir, aigri et revanchard selon ses adversaires, s’attèlent à créer de nouveaux riches parmi sa chapelle, à paupériser les anciens riches et à clochardiser les anciens pauvres, à transformer le secteur économique en vache laitière pour lui et pour sa clientèle….
Cheikh Aïdara.
Avec Cridem, comme si vous y étiez...
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