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Mauritanie : le régime esclavagiste de Ould Aziz pointé par Ould Abeid à Bruxelles
Depuis Ould Daddah jusqu'à Ould Aziz aucune personne présumée esclavagiste n'a été condamnée en Mauritanie pour crime contre l'humanité. Et pourtant l'esclavage a été aboli en 81 et même criminalisé en 2007 et en 2012 sous le régime de Ould Aziz. Mais à chaque fois que la procédure est déclenchée par l'IRA elle bute sur le blocage au sommet même de l'Etat.
L'IRA est décidée à aller jusqu'au bout quitte à porter l'insurrection au coeur de la société mauritanienne et de l'Etat. C'est ce qui ressort en substance de la communication du président de l'IRA Ould Abeid devant la commission des Droits de l'Homme de l'Union Européenne à Bruxelles, le 14 octobre dernier.
L'affaire récente de Noura Mint Aheymed à Boutilimit est révélatrice de l'impunité des auteurs d'actes esclavagistes qui sont légion en Mauritanie depuis l'indépendance jusqu'à maintenant.
Une jeune fille de 19 ans arrachée de ses parents dès l'enfance privée de tous ses droits dont la vie a basculé en septembre dernier grâce à l'IRA et SOS Esclavage qui l'ont aidé à porter plainte devant la brigade de gendarmerie de Boutilimit. Au final un non lieu pour les auteurs présumés très proches du pouvoir.
La mobilisation de l'IRA et des ONG nationales a eu pour conséquence l'arrestation de militants anti-esclavagistes et l'emprisonnement deux d'entre eux. Cet exemple parmi tant d'autres est au centre de la communication du président de l'IRA devant la commission des Droits de l'Homme de l'UE à Bruxelles le 14 octobre dernier.
Dans la capitale belge Ould Abeid a fustigé les autorités de Nouakchott qui continuent de camper dans le déni de l’esclavage. A ce juste titre, il rappelle que personnellement il a été emprisonné en 2012 pour avoir brûlé sur une place publique à Nouakchott des livres de droit musulman du rite malékite. Il qualifie ce geste comme une rébellion sociale et idéologique dans un pays où la banalisation de l'infériorité de l'homme noir est un phénomène courant voire institutionnalisé.
Il doit sa libération grâce à sa détermination et à la mobilisation des organisations nationales des droits de l’homme et la communauté internationale. Pas étonnant de constater le mépris du régime de Ould Aziz des Hratins pourtant représentant une forte frange de la population mauritanienne mais discriminée à tous les niveaux de la scolarisation du pays en particulier dans les écoles professionnelles.
Le leader Hratin est frappé par cette exclusion et de cette stigmatisation des noirs qui constituent aujourd’hui plus de la moitié de la population. C’est ce que cache en réalité l’absence de statistiques officielles depuis très longtemps. Une pratique inédite en Afrique et dans le monde qui frise le ridicule .
Le défenseur des droits de l’homme s’interroge sur l’interdiction toujours de son organisation pour cause d’activité abolitionniste alors que la promulgation de la criminalisation de l’esclavage est effective depuis 2007. Une contradiction flagrante du régime esclavagiste de Ould Aziz qui n’hésite pas à envoyer en prison les militants de l’IRA avant de les condamner avec amendes ou sursis. Une indignation de plus qui le pousse à prendre son bâton de pélerin pour faire connaître cette situation anachronique dans le monde entier.
L’invitation de Bruxelles est une étape importante pour interpeller les européens à regarder en face un régime à plusieurs visages. Le prix 2013 de Frontline Defenders est plus que jamais décidé à aller jusqu’au bout quitte à porter l’insurrection au cœur de la société mauritanienne et de l’Etat.