Cridem

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29-10-2013

11:53

Quand les cris proviennent de la montagne, où peut on trouver refuge ?

A l’occasion du dernier recensement administratif à vocation électorale (RAVEL ), au mépris des dispositions légales les plus élémentaires fixant les conditions requises pour être électeurs aux scrutins municipal et législatif et probablement pour n’avoir pas pris la mesure des conséquences néfastes d’une telle transgression...

... en particulier pour les petites circonscriptions, la CENI a demandé à ses équipes chargées du recensement d’enregistrer n’importe quel citoyen détenteur de la nouvelle carte d’identité dans n’importe quel point du territoire national.

Cette malheureuse directive qui viole la lettre et l’esprit de la loi électorale, a ouvert grande la porte à toutes sortes d’abus, en particulier à une campagne d’achat de conscience et d’importation massive d’électeurs vers les Moughataas et communes à faible densité démographique .

Il ne restait plus, dès lors, pour les candidats en déficit de popularité, dans ce genre de circonscriptions, qu’à mobiliser quelques subsides et une logistique appropriée pour recruter ou plus exactement acheter, transporter et faire inscrire sur le fichier électoral de ces communes, leurs centaines ou milliers de votants illégaux selon la taille de la population locale à inonder.

A titre d’exemple , dans la Moughataa de Tichitt et au niveau sa commune centrale en particulier, une telle ouverture aux électeurs importés d’autres wilayas, qui y ont débarqué par centaines, parfois éberlués comme des extra terrestres et parfois arrogants comme tous les mercenaires, a constitué une véritable aubaine qui a été exploitée à outrance par certains candidats dont la modicité de l’électorat autochtone n’a d’égal que leur volonté de s’incruster et de s’imposer à Tichitt contre la volonté de ses habitants, même si cela devait coûter une débauche de moyens financiers et logistiques.

Au mépris de toute légalité et de toute légitimité, au vu et au su d’une équipe de la CENI consciemment ou inconsciemment complaisante et d’une administration locale qui affiche une curieuse et pitoyable démission de son rôle de représentant de l’Etat chargé de faire appliquer la loi et de veiller à l’ordre public, cette opération coup de poing a engendré localement un climat de frustration et d’indignation dont les conséquences, aujourd’hui en pleine fermentation, sont imprévisibles.

Mais que ce soit à Tichitt, qui en a porté plainte depuis le début du RAVEL, ou dans bien d’autres endroits, une telle dérive doit être corrigée pendant qu’il en est temps, c’est-à-dire avant la consolidation du fichier électoral en cours, pour rendre aux populations locales leur droit fondamental de choisir leurs responsables politiques sans interférence extérieure. Sinon, on aura choisi de se résoudre à abandonner entre les mains d’une poignée des plus nantis et de leurs acolytes la gestion des affaires de nos collectivités.

Sauf qu’en désespoir de cause, une telle perspective de démission de l’Etat et de ses institutions compétentes ne laisserait plus d’autre choix à nos populations qu’à se faire justice elles mêmes en s’opposant à une telle aberration politique, éventuellement par tous les moyens, y compris la confrontation physique avec ces pauvres marchands de bulletins de vote dont la plupart n’ont même pas conscience de la gravité pénale de leur acte frauduleux.

Souhaitons ne pas en arriver là mais la complaisance et la duplicité affichées tout au long de ces opérations de recensement administratif à vocation électoral ont franchi toutes les limites du mépris de l’électeur mauritanien.

Cheikh Sid Ahmed Ould Babamine





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