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01-02-2014

21:18

«En quoi le touriste de Point-Afrique est-il plus en danger que l’employé de Total?»

Le Courrier du Sahara - Le retour de Point-Afrique en Mauritanie soulève de nombreux espoirs dans un pays qui peine à relancer son tourisme. Son directeur, Kévin Girard, veut prouver que la destination est sécurisée, malgré les mises en garde du Quai d’Orsay.

C’est le grand retour du voyagiste Point-Afrique en Mauritanie, 3 ans après avoir suspendu ses voyages dans l’Adrar, pour des raisons économiques. La nouvelle a été accueillie avec enthousiasme dans un pays qui peine à relancer son tourisme depuis les événements de 2007, cette fameuse année noire marquée par l’assassinat de quatre touristes français à Aleg et l’annulation du Paris-Dakar dans la foulée.

Mais ces voyages se font contre l’avis de nombreuses chancelleries occidentales qui continuent de déconseiller la Mauritanie malgré les dispositions sécuritaires renforcées sur l’ensemble du territoire.

Une décision contestée par plusieurs voyagistes, à commencer par les dirigeants de Point-Afrique, Maurice Freund, le président, et son directeur, Kévin Girard (de gauche a droite sur la photo ci-dessus, au Lodge du Maure Bleu àNouakchott).

Monsieur Girard, le ministère français des Affaires étrangères recommande d’éviter la Mauritanie, sauf raison impérative. En zone rouge, les voyages sont même formellement déconseillés. Vous a-t-on mis en garde ?

La cellule de crise du Quai d’Orsay nous a adressé une lettre mi-janvier pour tenter de nous convaincre de renoncer à ces séjours. L’ambassade de France à Nouakchott nous a fait savoir qu’elle ne cautionne pas notre démarche. Mais nous savons que la région de l’Adrar est sécurisée, il n’y a pas le moindre doute à ce sujet. Cette situation est totalement absurde.

«En quoi le touriste de Point-Afrique est-il plus en danger que l’employé de Total?»

La ville de Chinguetti, qui est une attraction majeure pour les touristes, est en zone rouge. Et à quelques centaines de mètres de la ville, vous passez en zone orange. Comment expliquer ce tracé qui nuit au tourisme local? Tout le monde sait que Total prospecte au nord de Ouadane, en pleine zone rouge. En quoi le touriste de Point-Afrique est-il plus en danger que l’employé de Total?

Pourquoi avez-vous choisi de revenir en Mauritanie ?

C’est un engagement absolu en faveur des populations de l’Adrar qui ont pendant longtemps vécues du tourisme. On ne serait pas venu si nos motivations étaient uniquement financières. Nous proposons des formules très avantageuses à moins de 900 euros tout compris pour 8 jours de voyage, vol inclus. Notre volonté, c’est vraiment de susciter l’intérêt des touristes. Nous voulons promouvoir l’Adrar. Mais on ne se fait aucune illusion. On sait déjà qu’on va perdre de l’argent.

Quelle stratégie avez-vous adopté pour susciter l’intérêt des touristes ?

Nous avons choisi de concentrer nos efforts sur le période du 15 février au 15 mars qui correspond aux vacances scolaires françaises. Nous avons mis en place un partenariat avec Mauritania Airlines qui nous permet, à l’heure actuelle, d’avoir une liaison directe Paris-Nouakchott avec une escale commerciale à Casablanca.

«Nous ferons escale à Atar dès le 15 février»

Dès le 15 février, nous nous sommes mis d’accord avec Mauritania Airlines pour faire une escale à Atar en remplacement de Casablanca. Cela permettra à nos touristes d’arriver directement sur place, dans l’Adrar, sans avoir besoin d’effectuer un autre transfert.

Quels sont vos objectifs sur cette période ?

Nous avons pour objectif de faire venir une cinquantaine de touristes par semaine. Pour l’instant, les réservations sont assez encourageantes avec des variations de 6 à 28 personnes selon les semaines. Et ces chiffres ne prennent pas en compte les passagers envoyés par les autres voyagistes associés à cette opération.

Vous avez organisé un séjour à Oualata, dans le sud du pays, pour la 4ème édition du festival des villes anciennes. Quel bilan faites-vous de cette opération ?

Le bilan est très positif. Nous avons pu emmener 160 touristes mais aussi une quarantaine de journalistes et de spécialistes du tourisme. Nous voulions offrir une belle distraction pour les touristes et en même temps susciter l’intérêt des voyagistes et des journalistes qui étaient parmi nous. C’était aussi une opération de séduction. On voulait leur démontrer que des séjours peuvent être organisés en toute sécurité en Mauritanie.

Qui a pris en charge ce séjour ?

Les deux rotations aériennes, assurées par la compagnie nationale Mauritania Airlines, ont été intégralement financées par la Mauritanie. Les frais de séjour ont été répartis entre le voyagiste, les autorités mauritaniennes et les touristes et VIP que nous avons invités. Il leur a été demandé une participation financière de 310 euros par personnes, notamment pour payer les frais de visa.

Comment ce voyage a-t-il été encadré ?

Quatre pick-up escortaient notre convoi. Le campement était encadré par des militaires. L’hélicoptère présidentiel a également été mobilisé. Notre séjour était ultra encadré mais à aucun moment nous nous sommes sentis oppressés. Sur le plan sécuritaire, c’était vraiment une réussite.

«L’hélicoptère présidentiel a été mobilisé pour nous escorter»

Au festival, tout s’est très bien passé aussi. Il faut rendre hommage aux organisateurs. Imaginez 200 personnes qui débarquent dans une ville habituée à recevoir moins de 10 touristes par an. Alors c’est sûr, il y a aussi eu des couacs, lorsque les visas biométriques ont été délivrés à Nouakchott avec des temps d’attente de 20 à 30 minutes par personnes. Mais dans l’ensemble, le bilan est très positif.




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