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Février 2012, Février 2014 : L’Etat vs le SNEM
SNEM - Le 02 février 2012, des braves militants, hommes et femmes des syndicats d’étudiants de l’université de Nouakchott en particulier du Syndicat National des Etudiants de Mauritanie (SNEM) prenaient d’assaut la présidence de l’université de Nouakchott après 3 jours de levée des cours en signe de protestation face à l’inaction des autorités devant leurs légitimes revendications.
A 20 heures, la police anti-émeute encerclait toute l’université avant de monter une opération commando pour déloger à coup de matraque et des rangers ces grévistes poussés par leur courage et leur engagement à vouloir passer la nuit dans l’enceinte de l’université après les avoir suffoqués avec du gaz lacrymogène.
Tous seront finalement conduits à la Direction Générale de la Sûreté Nationale dans un état lamentable aux environs de 23 heures.
Entre 2 heures et 3 heures du matin, les principaux leaders furent tous envoyés dans les différents commissariats de Nouakchott à l’exception de Kebé Souleymane, alors Chargé de Relations Extérieures du SNEM (Une façon de pouvoir mettre la main sur Bakary Bathily, à l’époque Secrétaire Général du SNEM) et les autres relâchés à 4 heures du matin.
Ainsi ces leaders furent exclus définitivement, arrêtés pour une semaine et accusés d’avoir profané le drapeau national (Mensonge ! Soit la plus grande honte pour le régime de Med ould Abdel Aziz). Avec une pression exercée par des étudiants non détenus et faute des preuves, ils seront acquittés par le procureur de la république le 08 février.
Mais le 11 février, ces militants toujours attachés à leurs revendications que les autorités voulaient enterrer de cette façon, s’opposèrent catégoriquement à la tenue des examens.
Le président de l’université de l’époque fait intervenir la police et dans la foulée, quatre bus de transport public seront incendiés. Cela a suffit pour les autorités de cueillir le lendemain ceux qu’ils redoutent le plus : les SNEMiens, résistants.C’est finalement de cette façon que l’Etat mauritanien divisera les étudiants en ignorant les militants des syndicats arabophones et en arrêtant les seuls SNEMiens.
Mohamed Ould Boilil, alors ministre de l’intérieur tenait ces propos indignes d’un ministre à leur égard : « Ce sont des bandits criminels qui méritent d’être exécutés » La sentence fut il à peine prononcée par le nègre de service que la Brigade de la Répression du Banditisme s’efforcera dans les jours à venir à mettre la main sur tous les leaders et militants actifs du SNEM.
Ainsi du 12 au 19 février ces SNEMiennes et SNEMiens seront torturés moralement et physiquement entre les murs du commissariat du Ksar1 sous le commandement du Commissaire Daymise (Le chef de fil des tortionnaires)
C’est finalement le 21 février que les 26 SNEMiens détenus comparaîtront devant le procureur de la république. Il placera six d’entre eux (Soulemane Kebé, Mountaga Thiam, Abderahmane Camara, Boubacar Diallo, Illo Idrissa Sow et Boubou Thiam) sous mandat de dépôt à la prison civile de Nouakchott, inculpés par le parquet de Nouakchott pour « crimes visant à déstabiliser l’État par le massacre ou la dévastation » (art. 90 et 91 du Code Pénal) ainsi que « attroupements illégaux » (art. 104 et 105 du Code Pénal).
Cette fois-ci encore, c’est la pression exercée par les étudiants, les élèves, leurs parents, les avocats, les organisations nationales et internationales de droits humains qui aura raison des autorités mauritaniennes. Les six SNEMiens résistants sont relâchés le 27 février aux environs de 12 heures. En liberté provisoire certes mais libres quand même.
Dans un rapport publié en novembre 2012 par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, cette Organisation et l’Association Mauritanienne de Droits de l’Homme recommandaient aux autorités mauritaniennes: L’encouragement « des consultations entre les syndicats étudiants et les ministères concernés pour trouver des réponses aux revendications exprimés par les étudiants concernant notamment les conditions de travail et le système de bourses »Ou en est-on en février 2014 ?
Boubou Thiam
Secrétaire Général du SNEM