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L'Editorial de la Nouvelle Expression : Et si Ould Boilil s’excusait !
La Nouvelle Expression - Félicitations à Mohamed Ould Boilil. Il est, désormais, le
président de l’Assemblée Nationale. Mohamed Ould
Boilil était venu, il y a seulement quelques mois, à l’hémicycle
comme Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation.
Mais Ould Boilil est surtout connu pour avoir été l’auteur
d’une négation impardonnable. En effet, répondant à
un député sur le problème des Mauritaniens réfugiés au
Mali, l’actuel ex-ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation
et désormais président de la Chambre Basse du Parlement,
avait nié l’existence de ces pauvres hères : « La
Mauritanie n’a expulsé aucun citoyen vers le Mali », avait-il
clamé.
L’honorable député et Président de l’Assemble Nationale
était catégorique dans ses propos ; catégorique alors que la
réalité des déportés et réfugiés mauritaniens au Mali est
pourtant une évidence qui crève les yeux.
Et depuis, ni lui,
ni aucun autre responsable du régime n’a daigné revenir sur
ce mensonge d’Etat ; mensonge assez gros pour les interpeller,
afin que ce discours de mépris et de chauvinisme d’une
autre époque cesse.
Il faut donc s’inquiéter que l’auteur de cette insulte contre
la cohésion nationale soit aujourd’hui Président de l’une des
plus importantes institutions du pays.
Il est certain, quand même, que ce sont des propos de ce
genre qui contribuent à faire de la Mauritanie un pays qui va
mal.
Avec des responsables de cet acabit et leur philosophie
atrophiée du vivre ensemble, que peut-on attendre ?
Il y a deux ans, j’écrivais ces lignes à l’occasion de « la sortie
» de Mohamed Ould Boilil : « Le ridicule et la honte comportementale
; on s’y plait ; c’est notre moi : l’inadmissible
admis comme mode d’emploi, de conduite ou de vie. Le
mensonge comme règle ou un art de vivre. Un art qui gouverne
notre intelligence ou vision pour verser dans le sectarisme
et la cécité du commun communautaire.
C’est cette façon de faire qui grippe la Mauritanie, qui la fait
souffrir. Ce pauvre pays qui nous a tout donné et que nous
continuons de mutiler jusqu’aux fondamentaux. Un demi siècle
d’existence dans la culture de l’incivisme et de la navigation
à vue.
Alors, il faut repenser ce sempiternel projet de pays dans ses
attributs et ses fondamentaux pour les devoirs et droits des
citoyens. Ces hommes et femmes qui peuplent cette zone
géographique qu’est la Mauritanie ont besoin d’être éduqués
à l’école du civisme.
Une école de la promotion et de la
vulgarisation des règles de vie en communauté, les règles
de l’honnêteté, de l’humanisme ; de partage et de l’acceptation
de l’autre dans sa différence. L’école du bannissement
de l’opprobre, du mensonge et de l’individualisme narcissique.
Dans l’invention de cette nouvelle Mauritanie, on optera
pour une journée de civisme, de partage et de la connaissance
de l’autre. Durant cette journée, on nettoiera
ensemble nos rues, on mangera ensemble et on se contera
notre histoire récente, même celle des atrocités. On chantera
« Je jure de ne plus mentir, de ne plus tricher, de ne plus
voler, de ne plus trahir. Je donne ma vie à la Mauritanie et à
son unité ».
On l’inscrira dans notre loi fondamentale et servira comme
règle d’enquête de moralité à toute personne désirant briguer
un poste électif, en premier lieu le fauteuil présidentiel.
Et cette règle s’appliquera tout au long du mandat électif ;
son manquement conduira à l’éviction du fauteur.
La Mauritanie ainsi repensée nous évitera de continuer à
être les damnés de cette partie de la planète. Et on méritera
la Mauritanie : l’Afrique en miniature » Et si on essayé !
La Mauritanie, dans son ensemble, a besoin, plus que
jamais, d’un Etat-nation où le ridicule sera banni ; où la réécriture de l’histoire ne sera pas tronquée.
Un Etat-nation où la vérité,
reflet de notre miroir collectif,
demeura un devoir, une évidence,
une responsabilité citoyenne qui
nous concerne tous…
Monsieur le ministre de l’Intérieur,
premier flic du pays, est aujourd’hui
président de l’Assemblée.Qu’il
demande pardon au peuple mauritanien
et aux compatriotes qui croupissent
dans les camps de fortune au
Mali et vivent les affres de l’asile
depuis plus de 20 ans.
Ces compatriotes
ont besoin que ce président de
l’Assemblée sache que personne ne
doit remettre en cause les fondements
de notre Mauritanie, son histoire,
ses terres, sa culture et sa civilisation.Cette Mauritanie-là, Monsieur Ould
Boilil, est insécable. Continuer donc à
refuser à un seul de ses citoyens sa
mauritanité relève d’une absurdité
inexcusable dont les auteurs répondront
inéluctablement demain
devant notre Créateur.
Président Ould Boilil, refuser d’affronter
cette honteuse histoire de
nous-mêmes est très grave. Cette
page noire de notre pays, même si
elle est l’effet d’une politique, d’un
système, d’une époque, ne peut être
niée ni escamotée…Nous nous souvenons que les malheurs
du Président Sidi Mohamed
Ould Cheikh Abdallahi avaient eu
pour origine son désir de résoudre,
pour de bon, ces délicates questions
qui ont marqué malheureusement
l’histoire de notre pays.
A l’époque,
l’un des députés frondeurs (communément
appelés « le bataillon parlementaire
»), Ould Zamel, avait soutenu
devant l’Assemblée Nationale
que le retour des déportés n’est pas
opportun et qu’il constitue un précédent
dangereux qui est de nature à
bouleverser la situation démographique
du pays.
Ce député est
aujourd’hui l’un des responsables de
cette Auguste Assemblée, comme
vous Mr Ould Boilil, parce que votre
parti, l’UPR, l’a voulu.
Monsieur Ould Boilil, Mr le Président
de l’Assemblée Nationale, regrettez
vous vos propos ?
Sinon, sachez
qu’avec vos promotions, vous et
l’autre député négationniste, l’UPR
n’a fait rien de moins que de gifler le
peuple mauritanien.L’homme Boïlil qui a parlé et défendu
des contrevérités sur la réalité des
déportés mauritaniens au Mali ne
peut et ne doit pas vous ressembler ;
surtout dans vos fonctions actuelles.
C.S.M