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Et si elle communiquait !
Adrar-Info - Depuis quelques jours, grâce à deux amis des réseaux sociaux, Aicha et Ahmed, j’ai découvert une poète et écrivaine mauritanienne qui s’exprime remarquablement bien en français.
Rentré en contact avec cet auteur talentueux hors pair, et avec son œuvre, grâce à facebook et au net, et collectant quelques informations à son sujet par ailleurs, j’ai tout de suite compris sa préférence pour rester « loin des projecteurs », quasiment dans l’anonymat.
Seule sa plume trahit ce désir d’effacement, pourvu que ce qu’elle trace soit édité, puis diffusé et qu’il fasse l’objet d’un bon travail de promotion.
Et c’est là le nœud du problème,
Le comportement des créateurs et leur rapport au succès restent largement tributaires de l’évolution des mœurs, en matière de communication. « C’est une évidence, une vérité de La Palice ! », me diriez- vous. Pourtant, moi, je vais m’y arrêter pour souligner quelques repères révélateurs de ces bouleversements, non pas sur le plan chronologique en donnant des jalons temporels, mais du point de vue de leur évolution thématique. Ces reflexions concernent la devise générale qui préside à l’action du passionné, selon les époques.
1. Au début, et pendant très longtemps, de la préhistoire jusqu’à la fin de l’ère médiévale, on se contentait de « faire bien ce qu’on l’on fait ». Moralement, suivre une telle devise était satisfaisant pour que la conscience de l’artiste soit tranquille, parce qu’il s’est acquitté correctement de son devoir, en dehors de toute pression extérieure. Il n’avait de compte à rendre à personne : seul son désir d’assouvir sa passion le stimulait et dictait sa conduite.
2. Puis, avec l’émergence de la société industrielle, le développent du libéralisme, sa propension à la consommation et la concurrence effrénée qui en résulte, les créateurs, quel qu’en soit le domaine d’activité, sont rentrés dans une compétition impitoyable. Leur devise d’antan change alors et se « dilate » pour intégrer la nouvelle donne : « il ne suffit pas de faire bien ce que l’on fait ; il faut le faire mieux que les autres ». Ils ne font plus pour eux-mêmes, mais « contre » d’autres. C’est l’esprit de l’émulation qui règne, qui préside au comportement de tout un chacun : que l’on soit poète, musicien, plasticien, cinéaste…on se surveille, on se jauge, on rivalise d’imagination …pour être le meilleur.
3. Aujourd’hui, avec la mondialisation et ses outils, aussi bénéfiques que dévastateurs, l’image est omniprésente, omnipotente, plus importante que le fait ou l’objet lui-même. L’écho de l’œuvre, son impact, la publicité qui se fait tout autour… sont les clés et les paramètres de son succès. Avec les NTIC, le créateur, qu’il soit artiste ou écrivain, est désormais appelé à communiquer beaucoup, sa devise devenant : « il ne suffit pas de faire bien ce que l’on fait ; il faut le faire mieux que les autres, et le faire savoir ».
En faisant le point pour savoir où se situe mon « idole » écrivaine, par rapport à ces trois étapes, qui s’enchainent, je constate :
1. Elle fait bien ce qu’elle fait : Ses écrits sont aussi remarquables que diversifiés. Qu’il s’agisse de la poésie, du roman, du conte ou de la nouvelle ; elle brille dans tous ces genres. Et, probablement, dans bien d’autres.
2. Elle le fait mieux que les autres : Ils sont trop rares, les écrivains francophones de son calibre. En tout cas, en Mauritanie, moi, je n’en connais pas.
3. Elle ne le fait pas suffisamment savoir : Hélas ! Son œuvre est largement méconnue. Trop rares et trop timides, sont les actions de communication qui en font la promotion. Est-ce par choix ou par négligence ? Dans un cas, comme dans l’autre, ça me semble contreproductif.
A la lumière de tout cela, je vous invite, chers amis du face book, à œuvrer, vous et moi ensemble, et avec d’autres, pour que Aichetou Ahmedou, communique davantage. Pour cela, nous avons tous les matériaux nécessaires. Son talent, son œuvre, constituent un réservoir inépuisable pour ce faire.
El Boukhary