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01-03-2014

09:35

Wolof : je refuse la disparition programmée de ma communauté

Pr Fassa Yerim - Malgré son long parcours socio politique et culturel, la communauté des wolofs mauritaniens demeure structurellement exclue, politiquement muselée et socialement absente. Réclamant 5 à 6% de la population totale du pays, cette communauté a depuis toujours été associée timidement voire exclue de la gestion des affaires publiques.

Aujourd’hui, elle est systématiquement marginalisée de tout, injustement indexée et reniée dans certains milieux. Pourtant, des notabilités et cadres wolofs ont tout le temps contribué à l’édification d’un Etat mauritanien multiculturel, islamique et moderne.

Pour rappel, Massamba Asta Fall, fut pendant de longues années cadi de Rosso (années 60 – 70), Alioune Diop et Moctar Gaye furent députés du temps du Parti du Peuple Mauritanien (PPM), Papa Daouda Fall fut Ministre de l’Industrialisation & des Mines en 1966, puis de l’ Industrie de l’Artisanat & des Mines en 1968,...

... Thiam Samba, fut Secrétaire d’Etat au Budget en 1986, Directeur de la SNDE dans les années 2000 et actuellement, pour la fierté nationale, Représentant Résident du FMI. Il a fallu attendre 22 ans pour qu’un autre wolof, en l’occurrence Ba Madine soit promu Ministre de l’Artisanat et du Tourisme en 2008.

Des statistiques (Consultables sur ce lien http://anneemaghreb.revues.org/1546?lang=ar), largement diffusées sur internet, font état de données alarmantes. En effet selon ces chiffres, le pourcentage de wolofs au gouvernement depuis 1957, avoisinerait zéro pour cent, alors que les arabo berbères ont occupé 75% des postes ministériels, les Halpularen 14%, les Haratin 6% et les Soninke 5%.

Qui est réellement responsable de cette situation ?
Dans un environnement où les droits du citoyen opprimé, ont toujours tendance à s’arracher au lieu d’être protégés et promus par l’Etat, il est évident que le comportement désintéressé, frisant la naïveté, ne sied pas.

Aujourd’hui, la survie socio culturelle, politique et économique du wolof en Mauritanie, est gravement menacée. Pourtant, en ratifiant le 17 novembre 2004, le Pacte International pour les Droits Civils et Politiques, la Mauritanie a accepté d’assurer la protection des minorités ethniques.

La communauté wolof minoritaire, fortement patriotique et attachée à ses valeurs socio culturelles, réclame ardemment le droit d’être protégée et valorisée, au même titre que les autres composantes nationales. Elle assume le devoir de s’engager, comme toujours, dans la société civile, dans les partis politiques, le syndicat, les mouvements citoyens pour contribuer à la reconstruction du pays et revaloriser ses spécificités culturelles.

La Mauritanie déjà très frustrée, ne peut se permettre de promouvoir l’exclusion et le rejet. Le wolof eternel maillon faible, sacrifié ou expressément marginalisé, est à bout de souffle. Arrêtez maintenant, ca suffit ! Nous sommes mauritaniens et à ce titre, réclamons notre droit légitime de participer à la gestion des affaires publiques.

J’en appelle à la conscience historique du Président de la République (Wolof d’adoption), afin qu’il prenne des mesures justes et positives en faveur de ma communauté fragilisée.

Le temps est venu pour nous de bâtir ensemble une Mauritanie inclusive et fière de se développer dans sa diversité et le respect mutuel.

Pr Fassa Yerim






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