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La Chasse à la vie (Suite) - le film des évènements (10ème épisode)
cheibou - Ce mouvement de contestation des travailleurs de la Miferma et lequel participe de jeunes, proches parents, fils et frères ou cousins des ouvriers, tout le monde était impliqué pour combattre à côté des ouvriers, des agents maîtrise de la Société des Mines de Fer de Mauritanie, (MIFERMA).
Parmi ses martyrs un étudiant innocent, venu rendre visite à des parents, et qui fut la première victime de ces douloureux évènements, j’ai nommé mon ami et mon frère, Youba Ould Toueyzigui que j’ai vu mourir criblé de balles sous mes yeux.
J’étais en sa compagnie cet ami d’enfance, venu incognito non pas pour participer à ce mouvement de grève qui durait depuis presque une dizaine de jours, mais que le destin força pour qu’il s’y trouve et y perdre la vie.
Le film des évènements tels que je l’ai vécu personnellement.
17 heures 10, les premiers éléments de paras commandos de l’Armée Nationale sous le commandement d’un haut gradé, appuyées par la gendarmerie, et de la police, venus la veille, et ces éléments ont ceinturé les populations et les grévistes à l’intérieur de la Cité Africaine, furent si surpris par la rapidité des actions spontanées et la présence sur les lieux qu’ils étaient censés sous leur contrôle et que les ouvriers avaient pris d’assaut aux premières leurs matinales.
En effet les éléments des para commandos avaient pour mission de maîtriser les grévistes dans leurs cantonnements, c’est-à-dire ans la cité minière afin d’éviter un affrontement direct avec les expatriés français qui étaient soumis depuis d’ailleurs le début de la contestation à un régime exceptionnel de survie, ils ne pouvaient pas quitter leurs maisons, ni recevoir de la visite, encore moins s’approvisionner en denrée alimentaire aux économats de la place dont les environs sont contrôlés par les travailleurs à l’intérieur de la Cité.
Sur un terrain vague, les pourparlers entre les responsables syndicaux, les commandants des unités, les représentants de la Miferma et les membres du Comité de Crise des Travailleurs palabraient afin de trouver une issue à la situation qui s’enlisait d’heure en heure.
Les gens vont et viennent d’un camp à l’autre et les esprits commencèrent à exploser au gré de l’humeur des uns et des autres, sur agités par l’ampleur de la situation.
Les nerfs tendus des militaires qui la veille, l’un des leurs, un sous-officier blessé au bras suite aux jets de pierre au moment des escarmouches survenus entre ouvriers et soldats sur le macadam menant aux Services Généraux et sur lequel les grévistes devaient exposé deux ânes sur lesquels étaient posés des guignols représentant les têtes du Secrétaire Général de l’Union des Travailleurs Fall Malik, du Délégué régional de l’UTM et enfin du Délégué des travailleurs la solde de la Miferma Néma Ould Kaabach.
Partout on pouvait constater les éléments de la gendarmerie et de l’armée nationale, armés jusqu’aux dents et prêts à la charge, en face des centaines d’ouvriers tout aussi prêts à la riposte et qui n’avaient que des pierre, des bâtons ou des morceaux de bois pour se défendre face à l’armada des forces armées.
Sur le plan conflictuel entre les parties, la situation s’enlisait davantage, les pourparlers n’aboutissaient pas, les uns cherchaient une issue acceptable, les autres voulaient en découdre. La situation demeurait ainsi dans une impasse totale et aucun commentaire ni positif encore négatif n’est parvenu des rumeurs qui circulaient partout, de bouche à oreille.
Les deux camps campaient, sous une chaleur torride et épuisante.
Au loin, aux environs de l’école, je voyais des femmes portant des seaux d’eau avec des mouchoirs dans l’attente d’une éventuelle attaque de part ou d’autre.
Tandis que de l’autre côté, les militaires tantôt juchés sur leurs jeeps mitraillettes à la main, d’autres sur leur automitrailleuses, faisant les cent mètres surveillant du regard le mouvement de certains ouvriers se déplaçant d’un lieu à l’autre respectant ainsi la consigne du Comité de Crise jouant la carte de ‘’troubles fête’’.
Aux yeux des soldats, ces vas et viens ne sont que des indices révélateurs que la situation s’aggravait, l’attente est longue, les conséquences imprévisibles et incontrôlables.
17 heures 30 : Le crépuscule s’annonce déjà, l’attente dure, les pourparlers ne semblent pas aboutir, les nerfs sont tendus à mes côtés les représentants de travailleurs confirment hélas que les concertations n’avançaient nullement pas.
A quelques mètres de là, un officier d’un haut rang, furieux, chargé des opérations, semblait énervé, était emporté balançant les bras, il ordonnait des tirs en l’ait afin d’effrayer les ouvriers.
En quelques secondes, des tirs nourris éclatèrent non vers le ciel, mais sur la foule provoquant une atmosphère indescriptible, une cohue au sein des ouvriers qui déchaînés, ripostèrent à cette déclaration de guerre inavouée, en projetant vers les soldats des jets de pierres nourris, une confusion générale s’en suivit.
Par ci, et par là des femmes au courage indescriptible, déclenchèrent des cris de haine, balançant à tour de bras des mouchoirs mouillés aux ouvriers à l’effet de les aider à contenir les méfaits de la fumée des grenades lacrymogènes.
Ses tirs allèrent faire leur première victime en l’occurrence, un jeune étudiant, un ami de classe, et compagnon de lutte, qui quelques instants après, à ma surprise totale, je fis abasourdi par cette rafale qui s’abattue comme par enchantement sur Youba Ould Toueziguy.
Ce charmant garçon, un adolescent à la fleur d’âge, criblé de balles au ventre, je fis un bond en avant pour me pencher sur lui avant de tomber à terre et je le pris entre mes bras, mes yeux pleins de larmes, je le caressais, le flot de sang qui me couvrait le visage ainsi que le corps et son visage ensanglanté, ne changeaient en rien ma volonté de le prendre et de foncer vers la clinique derrière le barrage des militaires.
Cet étudiant sympathique a vu la mort le surprendre loin de ses parents, or son séjour à Zouerate n’était qu’une fugue venant d’Atar où il était au sein de la troupe nationale de Théâtre, il s’était aventuré au gré du hasard pour venir à Zouerate saluer des parents, des cousins et des amis, la grève l’ayant surpris, le train mis en quarantaine par les grévistes, Youba ne pouvait plus rejoindre Atar, la mort le guettait jusqu’à cet instant pour l’arracher par ses griffes mortelles.
Cette rafale en plein ventre, qui sera par la suite fatale pour l’intéressé. Je scrutais son visage attristé, je constatais son sourire s’assombrir certes la souffrance se lisait dans ses yeux aux sourcils rétrécis, au fur et à mesure que son corps se métamorphosait, je le serrais davantage à moi, je l’encourageais à rester calme et je cherchais une issue pour l’amener vers l’hôpital, malgré la présence impitoyable des militaires et gendarmes sur mon passage.
Partout la situation s’aggravait autour de nous, prenant l’allure de grondement de tonnerre, les balles soufflaient partout sur leur passage, la fumée des grenades couvrait le champ de bataille, des cris et des éclats d’obus déchiraient le ciel, des corps déchiquetés, tombaient à terre sur mon chemin, je me dirigeais alors vers la clinique, bousculant les uns et les autres sur mon passage, j’étais exposé moi-même au danger qui guettait chacun des ouvriers et des militaires, car je fais face aux soldats dont les armes déchaînaient des tirs tout azimut, à cet instant, je ne doutais plus de mon invisibilité, je me croyais invulnérable aux balles, qui souffraient partout.
Mon regard aveuglé par la poussière et la fumée, mes nerfs tendus, je tenais à sortir de ce labyrinthe sur lequel je butais à chaque mouvement ou à chaque pas vers la sortie.
Un ultime réflexe m’arrachait de ma torpeur, je forçais le passage entre les militaires affolés et perdus dans cet engrenage, évitant de justesse les rafales et les tirs sporadiques, ainsi que les jets de pierres çà et là provenant des deux camps.
Je parvenais ainsi à m’en sortir par un étroit passage entre les M4, et je poursuivais mon sprint contre la mort pour parvenir à temps à l’hôpital qui n’était plus loin.
Fort heureusement, une ambulance débouchât in extremis, je faisais des signes et des gestes et gesticulant avec mes bras, j’haletais de fatigue, elle s’arrêtât brusquement en face de moi, je m’engouffrais rapidement, le jeune dans mes bras, elle reprit le chemin de la clinique à toute allure sous les tirs et les sons stridents de ses sirènes.
Arrivée à la clinique, la panique était générale, devant l’entrée de la clinique, où des malades effrayés et des infirmiers affolés s’approchaient de l’ambulance venant du ‘’champ de bataille’’ avec la première victime de ces évènements.
Les médecins et majors alertés, cherchaient de l’aide, en disposant à l’entrée de la clinique des brancards pour transporter d’éventuels blessés à l’intérieur des salles de soin.
Une fois à l’intérieur et après avoir subit les premiers soins d’urgence, je ne tardais pas de constater de moi-même le décès de mon ami, suite à une longue hémorragie et à son état déplorable.
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Alioune Ould Bitiche
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