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Mauritanie: l’Etat brade des milliers d’hectares de nos terres à des étrangers (Paysans)
Alakhbar - Les paysans des communes de Wolobirom, Dar El Avia et Dar Elbarka dans le sud la Mauritanie ont dénoncé le projet d'octroi de 31 000 ha de leur espace agropastoral au Groupe saoudien Al-Rajihi.
"Le projet ne prenne pas en considération les intérêts des milliers de paysans qui dépendent de ces terres, ni nos écoles et non encore nos puits", a dénoncé Abeid Ould Mohamed Abd, en conférence de presse jeudi dernier à Nouakchott.
Ould Mohamed Abd s’exprimait au nom du collectif des paysans qui exigent la suspension du projet. Le collectif, appuyé par le Réseau des ONG sur la sécurité alimentaire (ROSA), est en tournée à Nouakchott pour sensibiliser autorités, députés et presse sur la question.
Le ministre mauritanien du Développement rural, Ibrahim Ould Mohamed M'Bareck, a informé jeudi que le Groupe saoudien Al-Rajihi va promouvoir l’agriculture en Mauritanie en investissant 400 Milliards de Dollars américains dans le secteur.
Abeid Ould Mohamed affirme le contraire. "L'Etat va céder notre espace agropastoral pour une période renouvelable de 99 ans à des étrangers sans notre consentement, regrette-t-il. Les autorités veulent nous faire ensuite des ouvriers sur les terres héritées de nos ancêtres !"
"Nous n’allons jamais permettre à des tracteurs de déterrer nos ancêtres de leur tombe" ont menacé les femmes du collectif.
Le collectif rappelle qu’" en 2013, le ministre de l'Intérieur, devenu président de l’assemblée nationale, avait promis que le projet n'aura pas lieu. « Je mesure l’importance de la zone où j’ai moi-même mes animaux », disait l’ex-ministre Ould Boilil. Quelque mois plus tare, nous serons mis devant le fait accompli. En plus des 31000 ha, les autorités vont encore céder 54000 ha au Trarza et 29000 ha à Boghé".
Intervenant sur la question, le préisident mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait précisé, le 8 avril courant, qu’"il s’agit d’un operateur économique saoudien qui veut financer près de 15 Mille hectares dans des zones qui appartiennent à l’Etat et non aux paysans. Ces zones restent d’ailleurs à être déterminées".
Pour Cheikh Tiadiane Ould Bleyel, qui répondait à une question d'Alakhbar, "Il est absurde de demander des pièces justificatives à des paysans qui ont hérités ces terres de façon coutumière. Mais nous avions toutefois introduit depuis juin 2013 un recours documenté dans les soixante jours de délai prévu par la loi".
À relire : Mauritanie: "l’Etat ne brade les terres agricoles" (Président)