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Association Beni Saleh-Hamet Djouldo Kane : « Nos racines sont bien plus mêlées qu’on ne le croit savoir »
Mozaikrim.com - De gauche à droite : Yahya Ould Weiss, Souleimane Kane, Amadou Loty Kane, N’Diaye Hussein Kane.
Dimanche 14 décembre, à l’ancienne maison des jeunes : une initiative qui rappelle les fondements historiques et généalogiques, qui unissent les communautés de ce pays, notamment les Beni Saleh aux descendants de Hamet Djouldo Kane.
Une perspective à faire suivre, et méditer, dans l’ambiance sociale délétère actuelle, qui règne, favorisée par l’ignorance de sa propre histoire.
Saleh Ben Abdallah Ridha Abi Alkiram, est le plus lointain ancêtre des Beni Saleh, venu de Damas, vers le milieu du 8ème siècle de l’ère chrétienne, dans la sous-région, notamment à Koumbi Salah, où il est mort, dans l’empire de Wagadu.
Quant à Hamet Juuldo Kane, connu aussi sous le nom de Mohamed Zeïne Al Abidine Ben Daoud Ben Chérif Sidi Elyass dit Yero Hillal (en pulaar), venu de Koumbi Salah, vers la fin du 13ème siècle, s’est installé dans le royaume de Tekrour (futur Fouta Tooro). Il repose près de Gani dans la commune de Tékane, au Trarza.
« Le nom de cette association, et l’histoire qu’elle recèle, exprime clairement notre désir de prôner la mémoire, pour une plus grande ouverture et un plus grand rassemblement dans cette Mauritanie plurielle qui a besoin de préserver son unité nationale.
Rappeler les liens multiséculaires qui unissent les communautés, ne peut qu’aider en ce sens » estime Souleimane Kane, ancien directeur de l’institut des langues nationales, et président de l’association Beni Saleh-Hamet Juuldo Kane.
Ainsi, au-delà des liens généalogiques qui veulent être raffermis par cette association, celle-ci entend « poursuivre et rehausser au plus haut degré, l’oeuvre des Ancêtres de la famille, dans le domaine du développement, de la civilisation et la culture de la religion islamique » explique Mohamed Lemine Ould Chamah, professeur de chimie à l’université de Nouakchott, et Beni Saleh, plus précisément de la tribu des Modi Nallah de Boutilimit.
« Oui! Nous avons un devoir fort : comme nos ancêtres communs ont joué ce rôle, nous devons aussi nous mettre debout pour la consolidation de l’unité, un rapprochement et un renforcement des liens entre les différentes composantes de la Mauritanie.
Ça passe entre autres, par un devoir d’histoire, de mémoire, pour se connaître et partager pour le vivre-ensemble, ces points communs » opine longuement Yahya Ould Weiss, hommes d’affaires, originaire de Maktal Hajja, près de Mbagne, venu avec sa famille pour cet évènement.
De fait, les sourires et regards d’étonnement sont nombreux dans la salle, notamment auprès de la jeune génération, qui n’imaginait pas des liens aussi poussés de leur famille, dans une autre communauté.
« Je savais vaguement, par feu le Professeur Seydou Kane dit Moustapha Boly, que j’avais des origines orientées vers Damas selon sa théorie, mais je ne savais pas comment la migration s’était vraiment déroulée.
L’histoire de Saleh Ben Abdallah Ridha Abi Alkiram qu’on nous a narré aujourd’hui, comble ce vide » dit tout ému, Elimane Kane, étudiant à Nouakchott, et originaire de Dar El Barka.
Aminetou, jeune adolescente descendante de Saleh Ben Abdallah Ridha Abi Alkiram, venue avec sa mère, originaire de Boutilimit également, est toute aussi tendue d’émotion : « Les mauritaniens sont beaucoup plus liés qu’ils ne croient… C’est fou de voir tant de monde, de couches sociales différentes, mais tous avec un ancêtre commun ! » s’exclame-t-elle.
« Cette association est un embryon d’essai pour retisser le lien social mauritanien, à notre niveau, à partir de la généalogie commune de deux groupes familiaux, liés par l’histoire et le sang » affirme Hadya Kane, directeur du musée national de Nouakchott.
A l’heure où l’ignorance et l’amnésie collective se disputent la place dans les esprits mauritaniens, il n’est pas mauvais d’avoir ce genre de lueur sociale; un phare dont on espère la lumière de plus en plus vive; une expérience que d’autres généalogies certainement se partagent, à rechercher, à partager.
Publié par Mamoudou Lamine Kane sur 16 Décembre 2014, 12:18pm