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Communiqué/FONADH : La persistance des injustices et de la mauvaise gouvernance menacent l’avenir de la Mauritanie
Fonadh - Depuis plusieurs années, les organisations de défense des droits de l’homme et de nombreuses personnes de bonne volonté ne cessent de dénoncer les injustices dont souffrent de larges couches de la population mauritanienne.
En outre, elles continuent de dénoncer l’esclavage et les pratiques esclavagistes, les déportations, les massacres collectifs des civils et militaires noirs, les spoliations des biens matériels et autres crimes commis contre les populations négro-africaines, l’accaparement des terres par les féodaux, le système de castes qui régit le pays, l’exclusion des femmes et les violences qui leur sont faites, en l’occurrence la recrudescence des viols des femmes et filles, la prévarication et le détournement des biens appartenant au peuple mauritanien tout entier.
Face au combat des associations et des militants des droits de l’homme, le régime en place et les milieux dirigeants du pays persistent à utiliser la répression, le dilatoire et la diffamation, tout en faisant la sourde oreille.
Le « Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines » publié le 29/04/2013, les revendications à caractère communautariste (déclarations des Soninkés et des Wolofs), les luttes multiples menées contre l’esclavage et les pratiques esclavagistes, contre l’injustice et l’exclusion, constituent les exemples les plus récents de ce combat qui ne saurait prendre fin qu’avec l’avènement d’une Mauritanie égalitaire et juste qui prend en compte les droits légitimes de l’ensemble de ses citoyens sans aucune exclusive.
Le procès du président et des militants de l’Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA), les déclarations incendiaires appelant au meurtre et la propagande qui envahit la toile, en particulier celle mettant en cause et calomniant les militants des droits de l’homme ou de simples citoyens pour leurs opinions personnelles, sont les dernières manifestations de la montée de la tension voulue par les ennemis du peuple mauritanien qui souhaitent le détourner de son combat pour la justice et le diviser pour mieux l’opprimer et le dominer.
Face à une situation aussi dangereuse, les signataires de la présente déclaration :
- rappellent que l’injustice, l’exclusion et les discriminations sont les véritables causes des tensions que connaît la société mauritanienne et que les accusations infondées et les diffamations contre les militants qui combattent ces injustices sont inadmissibles et inacceptables ;
- appellent l’ensemble des acteurs de la vie publique, en particulier tous les citoyens épris de justice, de liberté et attachés à l’unité nationale à s’engager, de manière effective, en faveur de l’éradication définitive de l’esclavage et des pratiques esclavagistes, de la justice pour les citoyens assassinés, déportés et spoliés, de l’instauration d’un système foncier juste et inclusif, de la liberté d’expression et de la tolérance vis-à-vis des citoyens dont la motivation fondamentale est l’attachement à la justice prescrite par notre sainte religion ;
- demandent aux autorités mauritaniennes de mettre fin immédiatement aux appels à la haine et au meurtre contre les militants des droits de l’homme et contre tout autre citoyen, et d’assumer leur rôle de protection des biens et des personnes, notamment en procédant au contrôle et à la réglementation de la détention des armes de guerre ;
- exigent la libération immédiate et sans condition du président et des militants d’IRA arbitrairement détenus ;
- rappellent qu’ils sont, par principe, contre la peine de mort et opposés à tout comportement intégriste et sectaire ;
- appellent l’ensemble des citoyens mauritaniens à une union sacrée contre l’injustice et l’oppression ; cette union étant la seule à même de mettre en échec les manœuvres de division ethnique et raciale entreprise par les ennemis de la Mauritanie. Cette union devant se concrétiser par l’élaboration et l’adoption d’un pacte citoyen qui consigne un ensemble de règles, valeurs inhérentes, aux conditions indispensables au vivre ensemble dans le respect, l’égalité, la justice fondement de toute unité nationale viable.
- réaffirment, enfin, leur attachement aux principes de justice, d’équité, de fraternité, de liberté et de tolérance de la religion musulmane, et appellent au respect de la foi et des croyances du peuple mauritanien.
Nouakchott, le 8 janvier 2015
Signataires :
Forum des Organisations Nationales des Droits Humains (FONADH)
- 1. Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),
- 2. Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),
- 3. Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS),
- 4. Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),
- 5. Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),
- 6. Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT)
- 7. Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Maurita-nie(CSVVDHM),
- 8. Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),
- 9. Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),
- 10. Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),
- 11. Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),
- 12. Collectif des Veuves,
- 13. SOS – Esclaves.
- 14. Association pour la Promotion de la Langue Wolof en Mauritanie
- 15. Association pour le Développement Intègre de l’Enfant
- 16. Association d’Appui au Développement à la base des Communautés