Cridem

Lancer l'impression
05-03-2015

12:30

Tourisme : Commune de Moudjéria. La Beauté des lieux n’est pas un rêve [PhotoReportage]

Le Tagant se caractérise par son étendue géographique, c’est une région comprise entre celle du Brackna et de L’Assaba. Zone sylvo pastorale par excellence, le terroir est composé de dunes de sable, de vastes plaines avec une faible végétation, et de montagnes d’une beauté unique. Moudjéria, situé à quelques 600 kilomètres de Nouakchott, est un conte de fée de par le charme de son paysage montagneux et dunaire.

Ce département de la région de Tidjikdja est un miroir du temps qui passe. C’est une paisible et attrayante cité ou la beauté se retrouve dans la splendeur de sa haute montagne et la chaleur humaine de ses habitants. Un reportage de Cridem. Aux environs de 1Oh30, notre muni bus chargé avec soin avait quitté la devanture du siège national de l’ONG World Vision.

Une petite randonnée dans la capitale, retrouver notre confrère Mohamed Diop de Allakbar. Ensuite cap sur la route de l’Est. Hommes et bagages occupaient toutes les places disponibles pour une grande aventure. Après quelques kilomètres sur les dénivellations des dunes roses, entre Nouakchott et Boutilimit, L’atmosphère était bon enfant grâce à un jovial italien de l’ONG qui n’a pas laissé tout ce monde aller au découragement d’une longue distance.

Aleg était notre destination pour un séminaire. 48 heures après ce dernier, votre serviteur devait continuer sur le Tagant. Ici, le transport est organisé depuis Nouakchott jusqu’à la destination du passager.

La longueur de la route du chemin à parcourir oblige les transporteurs à des arrêts pour la restauration et les prières de leurs clients. A l’image des haltes d’Aleg et de Magta-lahjar.

C’est ainsi que chez Werzeg, à Aleg, ce sont les retrouvailles habituelles pour casser la croute. Ici, les délicieux effluves des boulangers traditionnels, du pain frais cuisant dans les fours collectifs se mêle à l’odeur puissante du méchoui. Le thé la première tisane de la Mauritanie, circule entre des voyageurs qui y vont à belles dents tout en le sirotant.

Ensuite, cap sur la terre des Kounta et des Ida wali. Le moteur diésel du 4 x4, insoumis luttait contre une canicule qui s’annonçait malgré la climatisation du véhicule. Il se déroulait devant nous, un grand désert de sable orange dépouillé de toute végétation à certains endroits, et sous notre regard défilait un paysage morne, infiniment désolé qui s’étendait jusqu’à son horizon qui réverbérait.

Un monde de silence et d’immobilité d’où montait une effroyable solitude troublée par un vent féroce d’une chaleur sans limite, c’est l ’harmattan. Dans ces endroits, où l’éternité dans son immensité semble se moquer de la vie et de ses vains efforts, un turban toujours enveloppé sur la tête est devenu le premier compagnon des hommes dans les différents villages dépassés.

Habitués de cet environnement, des éleveurs ont toujours pu y survivre avec leur cheptel. Eux, avec les anciens fonctionnaires et le colonisateur, ont pu seuls, vaincre les territoires aussi insondables que démesurés de la Mauritanie ; « Terre des hommes ».

Après une heure de route, nous étions toujours dans le Brakna. Un silence plana sur tout le monde, chacun était tendu par l’effort avare de son souffle. Ici même le temps semble s’arrêter face au sentiment de l’infini.

La conscience d’affronter une force supérieure pesait sur nous de tout son poids quand la lumière du jour était sur nos têtes. Bien des villages et campements furent dépassés. Guimi, dans ce bled dans les années 60, en dehors des tentes, il n’y avait qu’une seule maison ; celle du vieux Namory Keita, un guérisseur qui voyageait toujours sur le dos de son taureau noir, faisant la navette entre Boghé et Moudjéria pour vendre sa médecine traditionnelle. Après Guimi, Kremg-Rag, Cheguérre, Douwara et Makta Lahjar.

Nous quittâmes enfin la route de l’espoir pour celle qui mène à Tidjikdja. Nous sommes désormais en terre du Tagant, le mini bus filait vers l’Est et pendant que le grand cercle jaune descendait à l’Ouest, le village Letfatar était enfin visible, situé à une quarantaine de kilomètres, c’était le premier aérodrome de Moudjéria. C’est ici que se posaient les avions.

Moudjéria enfin. Cette ville coincée entre les sommets des montagnes essaimant toute cette partie du Tagant est à la fois contrastée et étourdissante. Une cité sobre ou s’entassent plusieurs siècles d’histoire que Cridem à découvert. Le lendemain, en cette matinée, le soleil est un fidèle allié, il darde ses rayons sur les processions de têtes convergentes vers le centre-ville.

Moudjéria est une citée touristique qui semble méconnue, mais le spectacle y est unique. Son imposante montagne et ses magnifiques dunes à elles seules méritent le déplacement. A l’est de la ville, se trouve le fameux « gléb Sid ‘Ahmed » (voir photo) il a l’allure d’une pyramide avec son col blanc. Au centre de cette immense falaise se trouve, le « Guentour », une grotte de couleur blanche avec une casquette rocheuse et qui ressemble à un cœur au centre de de la montagne.

Il fallait pour nous surmonter notre peur de jeunesse pour affronter l’immense montagne. Nous ne l’avons pas regretté car vu du ciel, le paysage montagneux est saisissant. Moudjéria est une des rares villes qui consomme une eau naturelle, une eau de source qui provient du « chetf ». (Voir photo). C’est la dénomination du lieu ou coule l’eau d’un fleuve souterrain.

Après le « passe chetf » comme indiqué sur une plaque, il faut ensuite arpenter le rebord de la montagne. Nous dûmes jouer les alpinistes pour l’escalader pour une meilleure prise de vue. Pierre par pierre, l’escalade s’est poursuivie pour la destination finale avec des ecchymoses pleines les mains et des sandales coupées.

Nous avons escaladé ce géant de roches en une heure trente minutes avec le cœur qui palpite face à cette hauteur. Mais la satisfaction d’un rêve de jeunesse était plus forte. Gleb Sid’ahmed est un lieu authentique et historique, de sa masse pyramidale, il semble veiller sur la route qui arpente la « kédia » (montagne) vers la capitale du Tagant, Tidjikdja.

A une même hauteur, à droite se situent « Liggrèynaates » (les cornes), désignent un amas de la falaise où les véhicules tournent en se rendant à la cité des id wali. De cet endroit, on mesure toute la beauté des lieux. Une beauté mise en hauteur sur les toits d’une ville modeste, bâtie dans un environnement unique au monde.

Le colon pour braver la montagne a fait un travail titanesque de génie civil qui exerce une fascination absolue sur le voyageur. La montagne de Moudjéria garde encore jalousement de beaux restes d’urbanisme colonial. Ce sont ces hauteurs que les véhicules affrontent pour se rendre à la capitale.

Le mini bus qui l’arpentait vu de notre position, avait le volume d’une caisse à outils. Un délice du regard. Quant à l’arrière du Gleb, il représente une escapade dépaysant pour le visiteur, une exaltante expérience dans le tourisme. C’est d’ailleurs l’avis de Madame le maire de Moudjéria Madame Aminetou Mint Youssouf (voir notre édition de demain).

Vu de prêt, la pierraille du gleb Sid’Ahmed est peinte à la chaux, « une activité délaissée depuis les années 80 par les nombreux préfets qui sont passés », déplore un citoyen de la ville. Le col qui en effet visible à partir de Latfetar, l’ancien aérodrome situé à plus d’une vingtaine de kilomètres de Moudjéria, indiquait par sa blancheur l’emplacement du coin.

Vue du ciel, la ville est magnifique de par un décor essentiellement composé de quelques palmiers, de dunes, se trouve la « bat-ha » qui s’étend à perte de vue. A l’Est, à droite du pied de la montagne, les cimetières où repose notre marâtre Kowria Mint NDabouzou. Non loin de là se trouve Dakhlet Baba, le lieu où repose un saint parmi les saints : Baba Ould Sid’Amar.

Toutefois, à Moudjéria, la décentralisation ne semble pas y être passée. « Hel Coumande » (chez le commandant) à savoir la préfecture est toujours celle qu’a construite le colon. Non loin de là, la maison du directeur de l’école dans les années 60, feu Hamath Bâ est en ruine, idem pour plusieurs autres qui n’ont pas été épargnées par les assauts de l’usure du temps, elles sont pour la plus part affaissées (voir photo).

En effet, rien dans l’apparence ne laisse croire qu’on est sur les terres qui ont abrité l’émirat du Tagant, sur le seul lieu où l’armée coloniale a formé et forgé ses appelés sous les drapeaux avec toute la rigueur qui sied, avec l’enregistrement à l’état-civil de tous les enfants des premiers fonctionnaires de ce pays et leur entrée à l’école publique.

Le fort de Moudjéria aujourd’hui modifié, avait fini de faire la réputation du coin, où la rigueur et le sérieux transparaissaient dans les faits et gestes des habitants du Tagant. Ici, dans ce bled, le colon a témoigné tout le respect pour l’émir du Tagant, Bakar Ould Soueid’Ahmed et pour celui à qui il a passé l’émirat : Abderrahmane Ould Soueid Ahmed.

Un quart de siècle après, la ville de Moudjéria qui compte à présent deux lycées, a pourtant façonné des fils dont toute la Mauritanie se glorifie, mais hélas, peu d’entre eux ont investi dans la ville qui les a vus naitre. C’est, le sentiment de Madame Moyna Mint Samba, une enseignante native de la ville.

(Voir notre édition de demain, sur la commune de Moudjéria)

Amadou Diagne Niang

Avec Cridem, comme si vous y étiez...




























 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org