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Grève Zte : Rôle de la Snim dans la déstabilisation des gouvernants ( repères historiques)
Adrar-Info - N’aurait été la découverte des gisements de fer de la Kedia d’Idjil , la France n’aurait pas « offert » sur un plateau d’argent et soutenu l’indépendance de la Mauritanie.
N’auraient été( en grande partie) les mouvements revendicatifs, les travailleurs ne gagneraient aucun droit et les différents chefs d’Etat du pays n’auraient été déstabilisés.
C’est la conclusion qui se dégage au regard de la chronologie des luttes syndicales ( ci-dessous) depuis l’indépendance du pays a nos jours. Aussi, la grève actuelle des travailleurs de Zouerate et Nouadhibou ne dérogera pas la règle.
MiFerma est née avant la Mauritanie et le syndicalisme avant le politique
Création de Miferma en 1952. Etudes de production et de faisabilité terminées en 1958. Les fonds nécessaires au lancement des travaux, obtenus auprès des bailleurs de fonds en 1960.
C’est seulement le 26.06.1957 que Nouakchott devient capitale de la Mauritanie .Le 15.12.1959 le syndicat des travailleurs UNTM voit le jour, alors que le 28 novembre 1960 c’est la Proclamation de l’indépendance de la Mauritanie ; Au cours de cette même année, d’autres syndicats professionnels sont nés : URTM (météo) ;UGTM (intellectuels) ;CFTC (radio). Les 28,29,30 et 31 Mai 1961 congres des travailleurs pour fusion des organisations syndicales au sein de l’UTM. Janvier 1962 Création de la fondation syndicale Africaine (CSA) , la Mauritanie y est membre fondateur et parution de la première convention collective générale du travail en Mauritanie. Le 23.01.1963 : promulgation de la loi 63.023 portant institution du code du travail et le 12.04.1963 fut la première exportation du minerai de fer par Miferma vers l’extérieur.
1965 : année des premiers mouvements de contestation contre les expatriés Européens.
La différence de conditions de vie entre la communauté des Européens et celle des Mauritaniens frise la discrimination raciale. Un jour, un Mauritanien est insulté et expulsé violemment du bus réservé exclusivement aux Européens. Ses camarades mécontents attendirent la fin du travail sur le chantier de Tazadit pour s’en prendre aux expatriés et notamment un certain chef de chantier reconnu très arrogant appelé Mr Carrere qui ne dut sa vie qu’à Nema O.kabach ( secrétaire général de l’UTM et gérant de l’économat , auparavant délégué du gouvernement et maire de Zouerate). A la suite de cet incident dix travailleurs sont licenciés et interdits de travailler à Miferma et Mr Carrer expulsé en France.
Suite a cet incident, la Miferma décide en Février 1965 la construction de 24 logements familiaux, 18 logements pour célibataires et un centre d’accueil de 42 chambres, un restaurant 120 places et une blanchisserie. Juillet 1965 :Coté Gouvernement : Élaboration de la première convention collective : « Mines »et en Septembre 1965 : Premier accord d’établissement AE N° 1 entre la Miferma et ses travailleurs relatif au départ en congés payés. En Octobre 1965 Accord d’établissement AE N° 2 relatif à la prime de métrage foré.
Ces AE ne sont arrachés que suite à une action syndicale. Le 22.11.1966 un protocole d’accord est signé entre l’UTM et le PPM (parti unique au pouvoir) engageant le premier a se soumettre au second. Décembre 1966 : Accord d’Etablissement AE N° 3 définissant les modalités d’attribution des primes de rendement. Le 3 Février 1967 : promulgation de la loi 67.039 instituant le régime de sécurité sociale.
Et le 18 juillet , la loi 67.169 instituant le statut général de la fonction publique. Avril 1967 : Accord d’établissement AE N° 4 relatif à la prime de soudure attribuée au personnel de Nouadhibou. Décembre 1967 : Accord d’établissement AE N° 5 concernant la prime de logement, article 61 de la convention collective générale du travail. En Mai 1968 : Gréve générale des travailleurs de Zouerate et troubles sociaux ( de nouveau ) entre Européens et Mauritaniens. L’armée intervient : 8 morts et plusieurs blessés. Juin 1968 : Réunion tripartite inspection du travail, Miferma et syndicalistes pour établissement Protocole d’accord (PA ) en vue du règlement du conflit collectif .
En Aout 1968 : accord d’Etablissement AE N° 6 traitant les primes allouées aux conducteurs des camions DUMPER. Novembre 1968 : Accord d’Etablissement AE N° 7 déterminant les primes : A, B, C, D, F. Les 12 et 13 Décembre 1968 : table ronde gouvernement , Miferma ,UTM et délégués personnel pour traiter la plateforme revendicative des travailleurs qui a provoqué les incidents mortels du 29 Mai 1968. Janvier 1969 : Accord d’établissement AE N° 8 définissant les primes allouées aux conducteurs des pelles ; Augmentation du SMIG (salaire minimum garanti) en Mauritanie.
Novembre 1969 : Accord d’établissement AE N° 9 relatif aux primes d’incitation des agents de terrassement et Procès verbal de classification des foreurs. Le 29.10.1970 : Procès verbal de réunion octroyant certains avantages sollicités par les travailleurs de Zouerate. Le 15.12.1970 : Procès verbal de réunion octroyant certains avantages sollicités par les travailleurs de Nouadhibou.
Maitre Moktar père de la Nation, appelé à faire des reformes
Le 21. 01.1971 : Accord d’établissement AE N° 10 attribuant des primes aux bullistes, conducteurs, foreurs et pelleurs. Aout 1971 : 2eme grève générale des travailleurs de Zouerate. Début Septembre 1971 : Protocole d’accord de reprise des travailleurs licenciés suite à cette grève. Mais cela n’a pas détourné les travailleurs de leurs revendications initiales. Et, Peu de temps après, le 27 du même mois , déclenchement d’une 3eme grève qui ne prit fin que le 18.10.1971.
Avril 1972 : Compte rendu de suivi d’application des protocoles de septembre 1971 , inauguration d’une piscine au club des Mauritaniens « La gazelle » le 14 .05.1972 et Protocole d’accord réglant d’autres problèmes généraux et sectoriels au niveau de Nouadhibou. Le 27 Juillet 1972 , création de la Snim dont le capital est à 100% Etat Mauritanien . Elle est gérante des activités du cuivre, Gypse , produits pétroliers, Snimex, aciérie électrique etc… Mars 1973 : Construction de 300 logement par SOCIM au profit des ouvriers Mauritaniens de Zouerate.
Le 29.06.1973 : Création de la monnaie nationale « Ouguiya ». Le 11.07.1974 : Loi 74.150 instituant les comités consultatifs d’entreprise .Le 28.11.1974 : Nationalisation Miferma qui se dénomme COMINOR ( Complexe minier du Nord) et devient sous la direction de Mr Ismael Ould Amar 1er directeur général de la Snim. Les expatriés sont restés pour la plupart à leurs postes de travail. Le 14.11.1975 : Accord tripartite Mauritanie, Maroc, Espagne concernant Sahara Occidental ;Marche verte du Maroc ; Mort du Général Franco d’Espagne et début des hostilités avec le Polisario dont 1ere attaque en Mauritanie le 19.12.1975.
Le 1er Mai 1977 : Attaque de la cité de Zouerate par le Polisario. Destruction de certaines installations, mort d’hommes et enlèvement de beaucoup de travailleurs dont des Français, le préfet Baba Fall et le secrétaire général du Syndicat Ely Ould Sid Ahmed ; Départ massif des expatriés Européens. Janvier 1978 : Compression de dix agents du chemin de fer et réaction des délégués du personnel à la provocation. Le 15 .4 1978, promulgation de la loi 78.104 portant création d’une société mixte.
COMINOR est remplacé par La Snim Sem avec 51 % du capital appartenant a l’Etat et 49% aux actionnaires dont majorité arabes. Le 10.07 1978 : 1er Coup d’Etat militaire déposant maitre Moktar Ould daddah ; Recommencement de mouvements revendicatifs au sein de la Snim et signature d’un cessez le feu entre l’Etat Mauritanien et le Polisario. Janvier 1979 : grave conflit entre syndicalistes et leur employeur. Intervention de l’inspection du travail et arrivée a Zouerate de Melainine Robert secrétaire général UTM. Médiation et recommandations acceptées en Mars 1979. Ely Ould Allaf remplace Ismael Ould Amar à la tète de la SNIM.
Aout 1979 : dépôt d’une nouvelle plateforme revendicative ;Bras de fer entre les 2 partenaires ; Ralentissement de travail engagé par les chauffeurs de la mine en octobre 1979 ; Plainte des travailleurs envoyée au bureau international du travail ; Protocole d’accord comportant 22 points pour mettre fin à ce bras de fer signé en Novembre 1979.
Haidalla et la loi sur l’Esclavage
Janvier 1980 : Ahmedou Ould Abdella désigné Directeur général ne restera que 4 mois au cours desquels il céda en Mars 80 , une augmentation générale de salaire de 3% (cadres) 4% (maitrises) 11% ( ouvriers ). Il est remplacé par son adjoint Baba Ould Sidi Abdella. Mars 1980 : Arrestation des travailleurs militants du mouvement « El Hor » O. Haimer, O.Issa, Malek O.MBarek ( frère de Breika ) .Seront libérés en Juin 1980. Aout 80 : reprise par les chauffeurs de la mine des ralentissements du travail et signature d’un protocole d’accord y mettant fin le 12.08.1980.
Mai 1981 : Libération des prisonniers par le Polisario dont le secrétaire général du syndicat . Du 2 au 4 Juillet 1981 : Tenu du congres fédéral des mines à Noudhibou . Septembre 1981 : coordination entre Zouerate et Nouadhibou pour exiger satisfaction des revendications. Mars 1982 : Le climat social se dégrade de nouveau ; 8 chauffeurs sont licenciés. Mohamed Salek Ould Heyine est DSE ( Directeur du siège d’exploitation ) par Intérim . Septembre 1982 : Mévente des produits SNIM , début de crise économique. Juin 1983 : Les travailleurs passent à la grève ; 16 d’entre eux sont licenciés dont le délégué syndical Brahim Ould Soued Ahmed ; Protocole d’accord mettant fin au conflit collectif signé le 02.07.1983.
Maaouiya président , contestation ethnique!
Janvier 1985 : Mohamed salek Heyine est nommé Administrateur directeur général de la Snim. Juillet 87 : Zouerate devient capitale régionale du Tiris Zemmour au lieu de F’Derik . Septembre 1986 : Graffitis anti Maaouiya et Cymper par des négro-africains ; arrestation de Camara Abdel Ghoudouss, Dem Alassane, Ba , Sy etc.. qui ne Seront libérés qu’ en Novembre . Novembre 1987 : Licenciement collectif des cadres et agents détachés de la fonction publique à la SNIM. Janvier 1987 : Rechute du prix du fer sur le marché international ;Mesures d’assainissement touchant tous les secteurs de la Snim, suivies d’un licenciement collectif de 400 travailleurs le 25.03.1987.
Maaouiya et nationalisme arabe et negro Africain
Juillet 1987 : Découverte du gisement riche de M’Haoudat. Une aubaine pour la Snim car les minerais de la Kedia s’épuisaient. Aout 1988 : Rafles et emprisonnement des Baathsites dont le gouverneur du Tiris Zemmour le Colonnel Sid Ahmed Ould Dahi. Octobre 1988 : Remous au sein des travailleurs , settings, marches etc… ; Table ronde sur le développement du Tiris zemmour initiée et organisée par Sid Ahmed Ould habott premier maire de F’Derik. Février 1989 : Le conseil d’administration de la Snim octroie une augmentation de salaire de 3 % pour compter du 1er Avril 1989 .
Le 09.04.1989 : début des incidents Mauritano-Sénégal. 2 morts et 59 blessés à Zouerate le 18.05.1989. Aout 1990 : La Snim révise a la baisse ses prévisions suite à la crise internationale causée par l’agression de l’Irak. Décembre 1990 : Arrestation de Thioub Oumar chef du service du personnel , Sow Abdoul et Mme Bintou Dieng pour liaison avec tentative de complot contre Maaouiya le 27.11.1990. Mars 1991 : Début des remous sociaux en Mauritanie ; la Snim devance en proposant à ses travailleurs des dispositions générales favorables : acomptes, primes pour services rendus etc… Avril 1991 : Déclaration du chef de l’Etat : Démocratie, constitution, parlement, sénat, multipartisme…. Juin 1991 : Ultimatum de l’UTM pour grève de 48 H les 19 et 20 juin. Ne sera pas bien suivi et scission au sein de l’UTM.
La roue de l’histoire continue de tourner et tout le monde a suivi les répercussions des luttes syndicales entre autres mobiles qui ont fini par libérer le fauteuil présidentiel de Maouiya Taya, Ely O. Md fall, Sidi Ould Cheikh Abdellahi ……
Ely Salem Khayar ( ancien délégué Syndical Snim Zouerate)