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Guerre du Sahara : 16 juillet 1977, l’avion du Commandant Kader abattu par le Polisario (2)
Ely Kader - Le Commandant (Kader) me dit ; « Ecoute moi mon petit, nous avons échappé à tous les obstacles qui se sont dressés devant nous jusqu’à présent, y a aucune raison qu’on ne s’en sorte pas. C’est sûr que nos amis ont déjà déclenché l’alerte et mettrons tous les moyens en œuvre pour savoir ce qui nous est arrivé »….
Il me fit comprendre que notre seul moyen de survie était notre avion. Après ce conseil, nous nous sommes couchés sans dormir bien sûr. Dès les premières heures de l’aube, on s’est levé. On apercevait la dérive de l’avion.
Après le petit déjeuner (un morceau de sucre que j’avais dans la poche et qu’on a cassé en deux, on prit la direction de l’avion. étaient vides ; pas une trace de vie ; le vent sifflait sinistrement et au milieu de cette nature hostile gisait le maître des cieux dévoré par le feu. Nous avons tourné autour de l’épave dans l’espoir de ramasser un bidon d’eau mais au lieu d’eau, c’est les mines qui nous C’était une carte à jouer car l’ennemi pouvait encore y être en embuscade.
Nous avons décidé quand même de jouer cette carte. Alors commença la fameuse progression vers l’incertain vers ce qu’on appelle « la vie ou la mort ». Vers 08H00, nous avons atteint l’épave ; les lieux attendaient. Nous les avons détectées et localisées. L’épave était amputée de certaines parties que l’ennemi a amenées avec lui. Des slogans étaient inscrits sur l’avion tel que « pas de paix, pas de tranquillité ».
Apres une reconnaissance dans les environs immédiats de l’avion, nous avons découvert le corps d’un ennemi, plus loin la rampe de roquettes gauche de l’avion. Nous avons essayé de faire du feu dans l’espoir que les amis qu’on savait à notre recherche puissent être attirés par la fumée.
Nous avons fait du feu avec les pneus droits qui étaient par ailleurs la seule partie de l’avion épargnée par le feu. Mais déjà un vent très fort soufflait a ras du sol, ce qui faisait que la fumée ne s’élevait pas plus de 2 mètres et restait parallèle au sol.
Nous étions dans une plaine ; des mouvements de terrains et des crêtes se profilaient au loin devant nous ; le soleil n’était pas encore chaud, le vent malgré sa force nous apportait un peu de fraîcheur. Nous avions encore l’espoir, ce qui nous faisait oublier la soif qui se faisait sentir quand même.
Il était 9 heures du matin, nous nous sommes dirigés donc vers une de ces hauteurs, d’où pensions nous, on pourrait avoir une vue générale sur toute la région. Apres une longue marche qui nous a fatigué, car nous avions mal estimé la distance qui nous séparait de ces hauteurs, nous sommes arrivés sur la première crête.
Là nous nous sommes séparés, le Commandant est monté sur la crête pour observer, moi je suis descendu dans l’Oued pour le reconnaître à cet endroit même où hier devait commencer pour nous cette extraordinaire aventure. J’avais espéré que l’ennemi dans sa précipitation de rejoindre l’avion qu’il voyait piquer au sol, aurait laissé derrière lui un bidon d’eau ou qu’il y aurait un puits à cet endroit.
Déception totale bien sûr. Je ne voyais plus le Commandant, il devait être sur l’autre flanc de la crête. J’ai été rejoint par le Commandant un moment plus tard. Sans rien nous demander l’un ni l’autre ce n’était pas nécessaire ça se lisait sur nos visages, il me dit qu’on rejoignait l’avion.
Un regard furtif sur ma montre qui indiquait 10 H 30. Alors commençait pour nous la marche la plus dure, plus longue de ce périple infernal. Le soleil avait déjà parcouru les 40 % de sa course journalière, nous avions consommé les 80 % de notre énergie.
Prochainement, dernière partie de cette extraordinaire aventure.
E.T Abdel KADER