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Homo naledi: «Cette découverte est un trésor inestimable»
20 minutes - Ils sont peut-être nos ancêtres, ou à tout le moins nos cousins lointains. Une ancienne espèce humaine a été mise au jour dans une grotte à Maropeng, en Afrique du Sud, sur le site archéologique du Berceau de l’humanité, classé au patrimoine de l’Unesco.
Les ossements de quinze hominidés ont été exhumés, ont annoncé jeudi des chercheurs. La nouvelle espèce, baptisée Homo naledi, est classée dans le genre Homo, auquel appartient l’homme moderne.
Bruno Maureille, directeur du laboratoire de la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (PACEA) à Bordeaux, explique à 20 Minutes l’importance de cette découverte.
Cette découverte est-elle différente des autres ?
C’est un trésor inestimable, comme si un numismate trouvait un galion rempli de pièces d’or ! Il faut encore que la datation précise des ossements soit révélée, mais a priori, ils sont vieux d’au moins deux millions d’années environ, soit plus anciens que sur les autres sites majeurs qui ont été mis au jour ces dernières décennies.
C’est une découverte majeure, inestimable et sans précédent : elle va fournir une documentation paléontoanthropologique d’une incroyable richesse, sur laquelle vont travailler des générations entières de chercheurs. C’est la première fois que l’on trouve des squelettes si anciens, dans un tel état de conservation et avec une telle variété.
Quels autres sites ont auparavant permis d’avancer dans la recherche sur les origines de l’Homme ?
Il y a eu le gisement de la Sima de los Huesos (« grotte des os ») sur le site préhistorique d’Atapuerca, en Espagne, à la fin des années 1970. Les ossements qui y ont été découverts sont ceux d’un groupe de vingt-huit squelettes de jeunes adultes, vieux de 300.000 à 400.000 ans, de l’espèce Homo heidelbergensis, considérée comme l’ancêtre de l’Homme de Néandertal.
Le site de Krapina en Croatie, découvert il y a plus d’un siècle, a permis de mettre au jour des fossiles de Néandertaliens vieux d’environ 100.000 ans. La découverte la plus ancienne est celle du crâne vieux de 1,8 million d’années en Géorgie sur le site de Dmanisi. Ces trois sites sont parmi les plus importants découverts à ce jour.
Qu’est-ce que cette nouvelle découverte va permettre de comprendre de l’évolution de l’Homme ?
On connaît finalement très peu de chose concrètes sur l’Homme d’il y a deux millions d’années. Le fait que cette collection de vestiges soit si complète et bien conservée devrait permettre d’en apprendre beaucoup sur l’histoire de l’évolution de cet ancêtre, notamment sur le dimorphisme sexuel de cette espèce, c’est-à-dire sur les différences entre les individus mâles et femelles Homo naledi.
Le fait qu’il y ait une telle variété d’âges parmi les squelettes, avec des nouveau-nés, des adolescents et des adultes nous en apprendra aussi sur leur processus de croissance.
De manière générale, les ossements de ce site vont nous éclairer sur la variabilité morphologique du genre Homo, qui compte désormais cette nouvelle branche. Pour autant, l’Homo naledi n’est pas nécessairement notre ancêtre direct : nous ne sommes que les heureux survivants d’une petite partie du genre homo et de la sous-espèce Homo sapiens sapiens.