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Mémoires de Mederdra /Par Brahim Ould Ahmed Ould Memady
Le Calame - Chapitre 9 : La bienfaisance
Depuis l’ère des temps, le merveilleux Iguidi avait toujours été la terre de bienfaisance, d’asile et celle promise ou certainement recommandée aux flux humains démunis et croupissants sous le carcan de la pauvreté, de la maladie et de l’ignorance…
Il avait toujours été leur point de chute préféré, quelqu’en soit la bourgade ou le campement… Il fut leur délivrance fatidique à laquelle mènent tous les chemins… Etudiants, indigents, malades physiques et mentaux en traitement, laissés-pour-compte, égarés, abandonnés en déroute et tous autres désemparés… L’assistance caritative y occupait des proportions très considérables, diversifiées et significatives.
La prise en charge y était totale, perpétuelle, sans contre-partie et à la convenance de son sujet…
A Méderdra particulièrement, cette noble tradition constitue fondamentalement l’acte sacré et constant qu’inspire la sagesse divine. C’était une gloire en soi, sans profit, ici bas, et à la fois, un engagement irrévocable en Dieu.
Elle suscite vraiment respect et exaltation étant la plus probante des supplications profondes, avérées et bien senties… Elle est réflexe d’une vertu présente et indéniable dans toute la société, à tous les niveaux et, selon les capacités et moyens de tout un chacun. Ses apôtres assidus et doués étaient beaucoup d’hommes et de femmes, extraordinaires esclaves de Dieu, qui furent les fidèles auxiliaires de sa providence divine illimitée et intarissable.
Leur réputation était le reflet de leur dévotion inébranlable, de leur probité rigoureuse, leur charisme rare, leur charité évidente, secrète, inestimable et permanente.
D’avance, leur promptitude était assurée et acquise dès qu’il s’agissait d’apporter secours quelconque, n’importe où, quand, comment ou combien… Par leur dévouement et infaillible soulagement aux contraintes des nécessiteux : les sans nourriture, sans habits, sans asile, malades physiques et mentaux, orphelins, veufs, gens en perdition et désemparés, etc.
Le volet estudiantin était très impressionnant par son volume et son intérêt pour tous ceux venus de très loin en quête du savoir dans toutes ses facultés et du chemin, le meilleur et salutaire qui mène à la bénédiction de l’éternel Allah…
Parmi ces bienfaiteurs nul n’ignore : Hamed ould Mohamed Vall, érudit-cadi, Beyebbah, érudit, pivot du savoir et référence, Ahmed Ould Memadi, érudit, asile des pauvres, secours malades physique-mentaux-forcenés, etc.,
Sidi ould Ahmed Ledeïd, notable, secours malades évacués et étudiants non boursiers, Mohamed Ould H’beyob, érudit, formateur des magistrats, M’meyn, érudit imam, Baggah, érudit (enseignement originel et formation), Ahmed Ould el Alem, érudit imam, Souvi, érudit, formateur des magistrats en droit musulman, Bechir Ould Dialagui, fonctionnaire, d’une générosité légendaire, Mohamed ould Beïbacar, notable, ayant le seul souci de bourrer son compte de l’au-delà, Ahmed ould Mohamed Vall, ex-commissaire, ne rate jamais la mosquée et la lecture du Coran, M’hamed Ould Meidah, très religieux, notable, Enemray, notable exemplaire, muezzin dont l’appel à la prière était merveilleux, M’menn, notable très religieux, calme, serviable et très honnête…
Madame N’diaye, très relieuse, principale asile des malades mentaux et des élèves non boursiers…
N’diayé, remplacée par sa fille Dadou, asile pour malades mentaux…
Ezzetou, secours des indigents
Nane, secours des indigents
Aminetout mint Taleb Jiddou, secours des indigents
Beynine, secours des indigents
Etc… etc.
S’agissant de bienfaisance et par respect aux règles de conduite en usage dans notre société musulmane sunnite, feu Abdellahi Diallo n’était jamais absent à l’appel !... Ceci est une vérité incontestable qu’il faut équitablement rétablir, même assez tard, ça vaut mieux que jamais…
Cet homme intègre fut très honorablement chantre de la plus noble des bonnes causes : le SAVOIR !! Qualité humaine indispensable qu’il s’était ingénié, toute sa vie durant, à inculquer à tous et sans exception aucune… Sans risque de se tromper, l’on peut aisément rappeler que durant son très long séjour à Méderdra, Abdellahi avait rendu de monumentaux services, très constants, d’intérêt général et particulier à tout l’Iguidi.
Dans tous ses confins et beaucoup plus que ceux afférents à ses obligations officielles… Une contrée qu’il aimait beaucoup et très profondément dans son âme immaculée… Que doit-on dire alors en hommage à ce patriote d’envergue nationale ??... Ce merveilleux, très courageux et infatigable pionnier de la culture du savoir ?
Cet exceptionnel enseignant qui avait le plus marqué de sa belle empreinte, la prépondérance du plus vieil établissement scolaire du pays…
Par le niveau extrêmement brillant de ses élèves, par leurs taux écrasants d’admission à l’entrée du secondaire.
Son école fut bien la pépinière où bourgeonnèrent presque tous les cadres des premiers printemps de notre souveraineté nationale…
Malheureusement, Diallo et son école Follenfant ne sont plus de ce monde… Le navire avait sombré avec son capitaine et ainsi s’arrêta le fatum qu’ils avaient tissé en commun à l’Eparse…
Le sentiment d’incomplétude vivement réprouvée à ce propos par tous ceux qui connaissent Diallo et Follenfant, est que le directeur et son école furent, longtemps relégués et abandonnés… D’ailleurs, c’est bien le cas de beaucoup d’autres grands patriotes et monuments très symboliques de notre patrimoine national !?...
Tout un monde de gloire couvert de moisissure dans l’anonymat hermétique d’une patrie sans repères, ni mémoire, ni odeur, ni saveur… Elle confond même ses héros et ennemis, puis tellement ingrate par l’hermétisme des usurpateurs qui l’on a gravement et longtemps meurtrie et confisquée ?!...
Abdellahi fut sans équivoque, l’une des plus sublimes pointures pédagogiques nationales, si logiquement, ce n’était le prototype avéré…
Il fut l’enseignant complet, très digne et exact dans tous ses comportements, sa tenue et son assiduité infaillible, jamais en retard !!...
Son allure d’athlète, sa belle et grave voix de ténor, son élocution que ponctuait l’expression féconde et précise du talent d’un orateur exceptionnel ; son éloquence en sa verve intarissable, son sens intuitif, sa vivacité et son ascendant incisif dépassaient largement la mesure de l’ordinaire…
Il fut exactement le formateur modèle et vertueux auquel, sa solide expérience et son aptitude acquise conféraient la capacité, l’art et le secret, en la confection des hommes de valeur…
Il impulsait confiance totale, respect et obéissance prompts par la pertinence du raisonnement, le franc-parler et l’ampleur du bagage culturel… Son auditoire appréciait beaucoup son ton magistral et admirait tant sa belle stature d’homme droit et très honnête…
Il était très respecté à l’école, en ville, dans l’administration publique et parmi ses proches… C’était le maître de tous, pas spécifiquement les élèves de l’école… Il fut l’omniscient-référence sollicité pour ses conseils précieux, qu’il prodiguait à bon escient…
Dès son arrivée à S’sangue, il inaugura sa mission d’enseignant en chef par une vaste opération de récupération, tous-azimuts, au profit des enfants en perdition ayant abandonné l’école ou renvoyés, ceux ratés ou en voie de l’être. Aussi et surtout, des gaillards sans repères, devenus assez mûrs, même pour le second cycle !!
Très heureusement pour ces légions de barbus, actuellement ils sont tous cadres nantis… et Dieu merci pour lui, qui n’est plus, et dont les créances sont d’une validité qui ne souffre d’aucun doute…
Tout l’Iguidi lui reconnait cet exploit grandiose, qui fut pourtant invraisemblable…
Dans son école, de grands gens très braves, partageaient les mêmes bancs avec des enfants qu’elles avaient mis au monde…
Il est parfaitement, aujourd’hui, le soldat inconnu mais, sans sépulture digne de sa grande gloire, jalonnée d’incommensurables sacrifices, sur le champ d’honneur patriotique…
C’était bien cet enseignement du genre impeccable, tout didactique professionnel, qui inculqua à tous ses élèves le goût pointu et acuité vive de la réussite intellectuelle…
Tous ses élèves qui choisirent l’enseignement comme profession, l’avaient certainement fait par souci d’identification à sa noble personne…
Sûrement aussi, que son image et sa méthodologie indélébiles, leur auraient suffi comme formation en ce domaine…
Tout le monde lui connait son souci très rigoureux et coriace quand il accomplissait ses tâches, sans tâches, inviolables et perfectionnées…
Son empreinte est très apparente dans les comportements de tous ceux qu’il avait enseignés…
Ses plus intimes collaborateurs, ses bras droits et confidents furent ses élèves soignés et brillants.
Dans ses parages, la discipline intelligente, la netteté, la sobriété et l’ordre étaient de rigueur…
L’homme avait une personnalité absolument tenace mais transparente et sincère…
Psychologiquement, Abdellahi détestait énergiquement l’inertie de la classe !...
Avec discernement, il disait souvent que la réussite du cours dépend essentiellement de la participation des ‘’incitateurs’’, comme il aimait bien appeler les bons élèves. Et Dieu sait qu’il en avait confectionné des pléthores !!!...
Rendre service fut sans cesse, ni distinction son penchant particulier…
Il n’avait cure des préoccupations temporelles diverses et leurs emprises fortes en ce bas monde, puisqu’il s’en était complètement et invariablement affranchi, et jusqu’à la fin de ses jours…
C’était donc exactement ainsi que l’incorruptible feu Abdellahi Diallo fut fortune… Certes, dans l’opulence morale et l’indépendance profonde de ses idéaux et convictions intimes et très sains…
Je fus bien son élève, j’en suis ravi, revigoré et très fier pour le demeurer…