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16-10-2015

13:51

La discrimination des albinos : Un phénomène sous silence en Mauritanie

L'Authentique - Comme dans tous les pays de la sous région, la Mauritanie abrite une communauté d’albinos, même si son nombre est négligeable ici.. Comme partout ailleurs, en Mauritanie, ils sont victimes d’intolérance et de rejet social.

En plus du rejet social, les personnes atteintes de l’albinisme en Mauritanie rencontrent d’énormes problèmes d’ordre médical, éducatif, social. sous le regard presque indifférent de l’Etat.

Pour la fille d’une vingtaine d’années Salma Mint Alioune, en quatrième année secondaire, la marginalisation et la discrimination par la société des siens est vécue au quotidien : « Nous les albinos nous subissons le regard discriminatoire de la société qui considère que nous sommes des gens sans valeur et sans importance ». Et d’ajouter :. « Je suis vraiment déçue de la vision péjorative qu’a la société à notre endroit.

La plupart des gens ne pensent pas fonder un foyer avec cette frange de population…. Ils ont peur d’être en contact avec nous ». El Aqel Ould Alioune, étudiant en deuxième année de droit arabe à l’Université de Nouakchott soutient : « Depuis mon enfance, je voulais devenir un médecin mais à cause de mes problèmes de vision, j’ai du abandonner mon ambition originelle pour faire les lettres modernes ».

Au-delà des problèmes éducatifs et sanitaires, les albinos ont beaucoup de mal à s’intégrer. « J’espère me marier avec quelqu’un qui tiendra compte de ma situation et qui se trouve en dehors de la communauté albinos » souhaite-t-il.

Agé de 22 ans, Aldiouma Sow est un footballeur de la deuxième division. Mais son albinisme freine ses ambitions de se professionnaliser dans l’élite : « J’ai un problème de vision surtout en période de chaleur quand je joue, je n’arrive pas à voir la balle » affirme-t-il. « Pourtant mes parents ne sont des albinos.

Je suis né albinos comme ça »
regrettera-t-il. Orphelin de mère très tôt, Aldiouma a abandonné l’école en classe de première année à cause du manque de moyen.

Nejib Ould Dah, est le président de l’Organisation Mauritanienne pour l’Appui et l’Insertion des Albinos (OMAIA). Il a crée son organisation depuis 2012 pour aider des albinos à devenir autosuffisants, s’instruire, concevoir les services pour eux-mêmes, résoudre leurs propres problèmes, faciliter leur intergation.

« Il y a un vrai problème de rejet ici aussi. La plupart des albinos à l’intérieur du pays, et certains à Nouakchott ne sont même pas scolarisés. Certains enfants déjà stigmatisés ne vont pas à l’école pour éviter les moqueries. Et puis il y a la responsabilité des parents, qui ne comprennent pas le phénomène et le placent dans le domaine de la superstition » estime le président de l’OMAIA.

Aujourd’hui, Nejib ne comprend pas l’indifférence des autorités à l’égard des albinos. Au sein de son association, il compte 2OO adhérents, presque toujours malvoyants et à la santé précaire du fait de leur extrême fragilité de peau. « Mais l’Etat ne fait rien.

Les enfants albinos ont des difficultés d’apprentissage du fait de leur mauvaise vue, rien n’est prévu pour eux dans les écoles ! Du coup, certains albinos n’ont souvent d’autres choix que de mendier dans les rues ».


Des pratiques de sacrifices rituels…

Heureusement en Mauritanie, l’Islam a permis aux albinos d’échapper à des sacrifices rituels pratiqués un peu partout en Afrique. Des pratiques comme quoi, coucher avec un albinos rendrait riche ou guérirait un malade du sida. Sacrifier un albinos permettrait de remporter une élection… Autant de croyances qui rendent le quotidien des albinos difficile en Afrique.

La seule fois qu’en Mauritanie des personnes ont attaqué un albinos, d’après le Nejib, c’était en 2007 pendant les élections. À Dar Naim (quartier périphérique de Nouakchott) une petite fille a échappé à un rapt d’un groupe d’individu qui s’adonnerait à ce genre de pratiques.

Heureusement des personnes sont accourues pour la sauver. « L’Islam protège les albinos ici, et enlève ce caractère superstitieux que l’on retrouve dans d’autres pays africains » assure le président des albinos.

Cheikh Oumar N’Diaye



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