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Réflexions sur le passé : Berbérité et Nous
Adrar-Info - Il ne s’agit pas ici de déficeler les amalgames entretenus autour de la lecture que nous faisons de notre passé ni l’adéquation de celle-ci avec les « symboles physiques historiques figés » qui nous caractérisent mais d’apporter une modeste contribution au débat en cours.
Les populations qui habitaient le Sahel (dont la Mauritanie fait partie), avant l’invasion arabe étaient semble-t-il, majoritairement berbères. Ils avaient marqué leur passage sur ces terres, par des tatouages et symboles physiques indélébiles qui se traduisent par leur culture spécifique, leur caractère humain , ainsi que les noms qu’ils ont donné aux montagnes, oueds, routes, puits, plantes, tribus etc..
Les échanges communicatifs entre eux et les conquérants venus d’Arabie vers le XIVème siècle, ont enfanté un nouveau langage : Le Hassaniya , parlé aujourd’hui par la majorité des Mauritaniens mais constitué à plus de 80% de termes berbères.
En passant , en effet, attentivement en revue la plupart des mots Hassaniya , on constate facilement que :
La plupart des lieux et repères géographiques portent des noms berbères tels : Atomay, Aghweinit, N’varech,Tabrenkout, Idini, Djowk,Timbedgha …..
Il en est de même pour les villes importantes comme : Chinguetti ,Tidjikja, Nouadhibou, Nouakchott, Kiffa ,Tichitt, Oualata …..
Pareil pour les régions administratives : Tiris Zemmour, Adrar, Inchiri, Nouadhibou, Tagant, Guidimagha (montagne de Maka)…
90% des noms d’ustensiles et outils de servitude anciennement usuels sont berbères : Chikwa, Berrad, Tezaya, Tadit, Gadoum, El mouss…
C’est aussi le cas des instruments de musique : Tidinit, Ardine, Etbol, Debouss, Iguiw….
Au niveau des tribus , une quinzaine seulement d’entre elles, portent des appellations arabes en ce sens qu’elles commencent par le terme « Ewlad ».
Toutes les autres tribus se caractérisent par des préfixes berbères.
Exemples ( les lieux, plantes ou instruments sont donnés pour ne pas citer nommément les tribus) : AGH ou AIT (Agh-nemritt, Agh-chowrguitt), TEN, TA, TE,TI (Ten-tekratt, Tei-chitt,Ti-dinit ) ; ID, IDE, IDA (Id-ini, Ide-mlane)
Pourquoi donc, certains Mauritaniens tiennent-ils tant aujourd’hui, à effacer de l’histoire leur berbérité ?
Les maîtres des lieux d’antan avaient déjà essayé en vain. Ils n’y sont pas arrivés, malgré qu’ils se fussent autoproclamés : « 3’rab » (3arbi au singulier) qui signifie en Hassaniya : guerrier ou de souche arabe et « Bi9an » (Bidhani au singulier) qui veut dire : race blanche, cultivant dans la mémoire collective la négation de la majorité des populations de l’époque (les non guerriers et les non blancs).
Ceci dit, il n’en demeure pas moins que le « Trab El Bi9an » (terre des Hassanophones) est certes un espace culturel très vivant dans lequel se reconnaissent les populations du sahel, de la Saguiet El Hamra jusqu’au Niger.
De là, à vouloir s’en armer pour gommer les origines berbères des Mauritaniens serait un peu trop. L’histoire est têtue. Ses enregistrements ne s’usent pas : La toponymie, l’aspect humain, la culture de la plupart des Mauritaniens sont teintés de berbérité quoi qu’on dise.
Qu’y’a-t-il de mal en cela ? Après tout, Nous sommes tous d’Adam et Eve.
Ely Salem khayar