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Colloque sur les droits des minorités religieuses : A qui s’adresse le message de Marrakech ! ?
L'Authentique - « Comment prétendre défendre les droits des minorités religieuses, quand déjà la majorité elle-même est spoliée de ses droits les plus élémentaires, notamment dans un monde arabe musulman marqué par l’oppression, la tyrannie et la dictature de ses dirigeants ? « Une telle réflexion a déjà valu à des intellectuels, l’ire de certaines monarchies du Golfe arabique.
Mais la question semble être encore d’actualité avec la conférence de Marrakech sur les droits des minorités qui vient de s’achever en présence d’éminents penseurs, à l’image de l’érudit mauritanien, Abdallah Ben Boya.
La ville de Marrakech au Maroc avait abrité, du 25 au 27 janvier 2016, une conférence internationale sur les droits des minorités religieuses, organisée par le ministère des affaires islamiques et le Forum pour la promotion de la paix dans les sociétés musulmanes basé aux Emirats Arabes Unis et que dirige le Mauritanien, Abdallah Ben Boya, membre du Conseil européen de la fatwa et de la recherche.
Cette conférence intervient dans un contexte international marqué par les persécutions et les exactions commises contre les Chrétiens d’Orient et les Yezidis de Syrie par les courants extrémistes et radicaux tels que Daech.
Il s’agissait pour les organisateurs de proposer une méthode qui devra successivement aborder les fondements religieux de la question des minorités religieuses, « à partir des principes généraux, des objectifs de la Loi sacrée et des méthodologies d’actualisation puis ses aspects historiques et juridiques ».
Le document d’orientation de la déclaration de Marrakech fixait déjà un préambule qui rappelle que « plusieurs pays musulmans ont connu ces dernières années d’abominables atrocités commises contre des minorités religieuses qui y vivent ».
Avaient pris part à cette rencontre, un grand nombre de ministres, d’officiels, de muftis et de chercheurs, ainsi que des représentants de toutes les religions du monde musulman et d’ailleurs, dont l’évêque d’Evry, président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques, ainsi que le président du Consistoire central israélite, sans compter le conseiller aux affaires religieuses du ministère français des affaires étrangères.
N’empêche, ce colloque international pose un certain nombre de questions soulevées aujourd’hui par des penseurs. « A qui s’adresse le message de Marrakech ? Les participants à la conférence ont-ils la capacité de protéger ces minorités ? Qui menace réellement ces minorités ? Est-ce les gouvernements et les régimes du monde ? Ou est-ce les peuples, les courants et les groupuscules ?
Il y a ainsi ceux parmi les penseurs qui voient mal l’incidence de la réflexion posée à Marrakech contre des Etats et des gouvernements directement responsables dans la situation qui prévaut dans ces pays où les minorités sont en danger, et ce, à travers leurs coalitions militaires et les tonnes de bombe qu’ils déversent sur des peuples pris entre les feux des puissances et la barbarie des groupes radicaux comme Daech. Et de citer les Emirats, l’Egypte, l’Irak, l’Arabie Saoudite, le Qatar, et même la France, Israël, les Etats-Unis et la Russie.
Cette réflexion va plus loin, et s’interroge sur le silence des éminents invités de Marrakech sur la barbarie des Etats et des gouvernements et la souffrance des peuples face à leurs exactions, leur tyrannie et leur dictature.
Elle semble même récuser le principe fondamental défendu par certains érudits qui considèrent que la sécurité passe avant la justice, trouvant cependant que ni le Maroc, dont la minorité a quitté ses rivages pour aller oppresser la majorité en Palestine, ni les Emirats qui tyrannisent la minorité chiite, ne peuvent constituer de référence en la matière.
Cela ne retire en rien cependant, aux yeux des observateurs, le mérite du Maroc d’avoir accueilli une telle conférence internationale sur les minorités religieuses, surtout si cette conférence pouvait contribuer à un meilleur vivre ensemble dans le monde et si elle pouvait porter loin la voix des peuples soumis à l’exclusion et si elle pouvait également contribuer à combattre le sectarisme et le radicalisme religieux.
JOB