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Congrès de la Ligue islamique mondiale en Mauritanie: La guerre des courants religieux domine les assises
L'Authentique - Organisé sous le thème « rôle des Ulémas du courant Sunnite dans la lutte contre l’extrémisme et le radicalisme », le congrès de la Ligue islamique mondiale a ouvert hier, mercredi 23 mars 2016, ses assises à Nouakchott en présence du président de la République, Mohamed Abdel Aziz.
En écartant l’aile religieuse jugée proche des « Frères Musulmans » et dirigée par l’érudit Mohamed Hacen Deddew, le ministre des Affaires islamiques, Ould Ehel Daoud, est accusé d’avoir mis de la politique dans une question religieuse qui intéresse en premier lieu les Ulémas mauritaniens.
C’est par la guerre des courants religieux, notamment entre l’aile proche du pouvoir mauritanien et ses supposés opposants, que s’est ouvert, mercredi 23 mars 2016 au Palais des Congrès de Nouakchott, le 1er congrès de la Ligue islamique mondiale, avec la présence d’éminents érudits venus de plusieurs régions du monde.
Mais ce congrès est dominé par les dissensions qui minent le monde musulman.
Ainsi, le président de l’Association mondiale des érudits musulmans, Cheikh Youssouf El Ghardawi, a été écarté des assises, tout comme Mohamed Hacen Ould Deddew, tous les deux accusé être proches des « Frères musulmans », une organisation qualifiée de terroriste par le régime égyptien et sa plus haute instance religieuse, El Azhar, mais aussi par l’Arabie Saoudite et plusieurs autres pays du Golfe, notamment les Emirats. A l’opposé, la Ligue islamique mondiale est taxée de propager le Wahhabisme, un courant largement répandu aujourd’hui en Mauritanie.
Ces exclusions de facto d’éminences reconnues de la Umma islamique remettent sur selle l’immixtion de considérations politiques dans des rencontres essentiellement religieuses. Il faut rappeler à ce titre que le grand savant, Cheikh Abdallahi Ben Boye, s’était retiré de l’association dirigée par Ghardawi pour fonder sa propre organisation, « le Forum de la Paix dans les communautés musulmanes » qui jouit d’une grande estime aux Emirats et dans le monde occidental.
Ben Boye est aujourd’hui cité comme le leader de l’Islam tolérant, celui qui a le plus œuvré contre les courants extrémistes et radicaux. Il est aussi celui qui a le plus fortement exprimé sa désapprobation totale contre toutes les formes d’effusion de sang sous quelque prétexte qu’elles soient et contre les « Printemps arabes » fortement soutenus par contre par Ghardawi.
Cette division entre courants religieux n’épargne pas la Mauritanie où plusieurs chapelles coexistent sans se sentir.
C’est le cas notamment entre la clientèle du Ministère des Affaires Islamiques, celle qui émarge avec largesse au budget et leurs adversaires taxés d’opposant au régime, à l’image de l’érudit Mohamed Hacen Ould Deddew. Ce dernier qui jouit d’une assise populaire considérable au niveau national, jugé proche du courant politique de Tawassoul, est accusé cependant de souffler le froid et le chaud dans ses relations avec le régime de Mohamed Abdel Aziz.
En toute apparence, la crainte que ces dissensions déteignent sur les assises de Nouakchott, s’est révélée infondée, car l’ouverture du colloque a finalement eu lieu, en présence du président Mohamed Abdel Aziz. Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion, il a déclaré avoir choisi dans son approche face à la montée de l’intégrisme, la voie de l’apaisement, ce qui selon lui a épargné au pays le chaos dans lequel certains autres ont plongé. Il a dans ce cadre demandé aux érudits présents, de présenter l’Islam sous ses habits majeurs, soulignant qu’ils sont aujourd’hui les mieux placés pour expliquer aux autres la vraie lecture de la religion musulmane.
JOB