Cridem

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12-05-2016

22:45

SOUVENIR : Tranche de vie : Partie 1

Adrar Info - Je n’ai pas rêvé. Le mal dans ma tête était bel bien réel : une grosse corde nouée au bout se balançait devant mes yeux et me touchait le front. Je découvris, en me réveillant, que j’étais couchée au milieu d’un groupe de personnes entassées les unes contre les autres.

J’étais dans les bras de quelqu’un des miens. Je ne me rappelle pas lequel, mais j’étais bien à l’arrière d’un camion énorme. Certainement qu’on m’y avait portée quand je dormais encore. Tout ce dont je me souvenais est que, la veille, mon père m’avait informée le plus naturellement du monde en me disant que :

- Nous partions, que nous quittions la ville pour toujours. Il l’a dit sans ménagement aucun, le plus naturellement du monde. Alors que ma mère était là, dans cette ville, et que je ne voulais pour rien au monde l’abandonner !

Je lui demandai :
- Pour aller où ?
Il me répondit :
- Nous allons chez la famille de ta deuxième maman, à Ghadia 1

Ma « deuxième maman » c’était Lalla, la dernière épouse de mon père, celle qui, à mes yeux, avait pris la place à ma mère

- Nous changeons de ville, ajouta–t- il

Je ne comprenais pas très bien mais, je sentis au regard venimeux que lançait ma grande sœur et à ses yeux pleins de larmes, que quelque chose de grave se passait. Sa façon de m’ appeler mes pleurs au secours, croyant que je pouvais influencer mon père, parce que d’habitude, quand je pleurais j’obtenais toujours ce que je voulais. Mais pas cette foi-ci !


Le camion s’arrêta.Telle fut l’impression que j’eus quand je sentis les bras de mon père me soulever et me tendre, comme un colis, à une autre personne qui, elle, était à terre. Cette dernière me prit avec beaucoup de précautions, me déposa et tendit de nouveau les mains pour recueillir d’autres enfants.

Après le départ du camion, nous eûmes le droit de nous dégourdir les jambes mais sans nous éloigner les uns des autres, en attendant la levée du jour. Je posai la question qui me brûlait aux lèvres moi « fille de la ville », je pris peur de l’absence des maisons.

- Où sommes-nous, donc ?

J’appris que l’on se dirigeait vers les oasis d’Elghadia, au nord ouest de la Mauritanie. Une région caractérisée par ses montagnes, ses oasis, ses plates formes . . . aussi par son climat aride et chaud, par les déficits pluviométriques.

Après ces explications peu satisfaisantes avancées par de mon père, je me détournai de lui alors qu’il commençait déjà ses ablutions et que les autres passagers se préparaient comme lui pour la prière d’elvejer, (petit matin). On me plaça avec les autres enfants, derrière le rang des adultes. Et nous n’avions qu’à imiter leurs faits et gestes durant la prière.

Peu après, les ânes arrivèrent avec un guide qui s’est entretenu longuement avec les hommes. Ces derniers mirent ensuite les bagages sur les des ânes et le voyage continua. Je ne comprenais rien à ce qui se passait mais j’imitais les autres enfants. Je marchais sans me retourner, sans savoir où l’on m’emmenait, je cherchais ma sœur des yeux. Mais son attitude ne me disait rien, car elle restait toujours calme comme à son habitude, ne disant mot..

Alors le soleil est au zénith, les hommes cherchèrent un arbre pour nous reposer. A l’ombre de celui ci, s’organisait le déjeuner et le thé, dans une atmosphère de calme, une ambiance morose certainement due à la fatigue. Le voyage se poursuit encore jusqu’à la tombée de la nuit. Nous nous reposâmes ensuite quelques heures. Puis,aussi tôt dès l’aurore avant l’aube.

Nous poussions lentement et péniblement jusqu’à un point perdu je ne sais où. Et voilà qu’enfin, nous nous arrêtâmes à la lisière d’une vallée, donnant quelques signes de vie rustiques. De petites cases misérables y sont parsemées ça et là. Au premier coup d’œil, elles semblent inhabitées ou même abandonnées.

Fatimetou Mohamed



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