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Le Sahel «mise sur le dividende démographique» [PhotoReportage]
Nouakchott accueille du 25 au 31 mai « un atelier régional sur le renforcement de l’engagement politique en faveur du dividende démographique et le changement de comportement en faveur de l’autonomisation des femmes et des adolescentes. »
Ce projet régional (SWEDD) est une initiative des dirigeants du Sahel, des Nations unies et du groupe de la Banque Mondiale. Il a été lancé en novembre 2015 à Niamey.
SWEDD est mis en œuvre avec l’assistance technique du FNUAP, de l’organisation ouest-africaine de santé, de la fondation Bill et Melinda Gates. Le projet est financé par la Banque mondiale avec un montant de 207 millions de dollars Us pour une période de 4 ans. Sweed couvre le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
La rencontre de Nouakchott regroupe 180 participants.
Au cours de la cérémonie d’ouverture, Cecile Compaoré Zoungrana, représentante résidente du FNUAP en Mauritanie, a d’abord défini le dividende démographique. C’est « l’accélération de la croissance économique qui peut résulter d’une évolution de la structure par âge de la population d’un pays, notamment l’augmentation du nombre de personnes actives comparativement à celui des personnes dépendantes comme les enfants, jeunes et personnes âgées à soutenir. »
Et, « l’augmentation concomitante du nombre de personnes actives et la diminution du nombre de personnes à charge, permet de libérer des ressources pour l’investissement qui générera la croissance mais à condition que des politiques sociales et économiques adéquates soient élaborées et mises en œuvre. »
Le projet SWEDD vise « à améliorer les possibilités économiques pour ses principales bénéficiaires, à savoir les femmes et les filles, qui auront également accès à des produits de santé maternelle et de la reproduction de qualité, et à un personnel qualifié grâce à des actions régionales. »
Le ministre mauritanien de l’économie et des finances, Moctar Ould Djay a noté que le projet SWED « s’inscrit aussi dans un agenda mondial et continental marqué par une forte volonté de tirer profit des transitions démographiques… » Le ministre a rappelé la volonté des pays concernés de « récolter le dividende démographique lors du sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine, à Addis-Abeba en 2014. » Il a aussi réaffirmé l’engagement du gouvernement mauritanien à œuvrer à l’atteinte des objectifs du développement durable adoptés par la communauté internationale, notamment l’objectif 5 relatif à l’autonomisation des femmes.
La rencontre de Nouakchott, vise, entre autres, à "partager les résultats de l’étude sur le diagnostic des institutions nationales en charge de la gestion des données en matière de population, à partager les expériences réussies en la matière dans les autres parties du continent et à définir le calendrier d’élaboration et mise en œuvre de la campagne CCSC" (création de la demande par le biais du changement de comportement social.)
Selon le recensement général 2013 de la population et de l’habitat (RGPH), « les jeunes de moins de 35 ans représentent plus de 60% de la population mauritanienne. » Ce potentiel, « ce dividende démographique», bien géré, est une chance. Mal géré, il peut représenter une bombe à retardement. Vu les chiffres du RGPH, il y a urgence. Le tiers (32%) des jeunes âgés de 15 à 35 ans est inactif et/ou exclu du système scolaire et, dans une situation à fort risque.
Parmi les jeunes mauritaniens ayant fréquenté l’école moderne, 45,6% n’ont pas dépassé le primaire et 06% seulement ont atteint le supérieur. Les trois quart (74, 1%) des jeunes mauritaniens de 12-35 ans n’ont aucun diplôme, ni qualification professionnelle.
La durée moyenne du chômage pour les chercheurs de premiers emplois est de 05 ans. Madame la ministre de la jeunesse et des sports a parlé de la « nécessite d’investir sur le futur ». Il faut en effet donner espoir à ces moins de 35 ans qui représentent 60% de la population mauritanienne.