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repenser notre vocabulaire identitaire devenu source de frustration.
Adrar-Info - Plusieurs compatriotes s’offusquent quand on leur dit qu’ils sont « arabo-berbères ». D’autres n’aiment pas le qualificatif « négro-africains ». Certains trouvent inappropriés les termes : « Haratins », »Maures », « Halpoular », « Bidan » etc.
Ne doit –on pas repenser notre vocabulaire identitaire devenu source de stigmatisation, frustration et méfiance ?
Chacun sait que les Historiens, anthropologues, ethnologues, explorateurs et chercheurs s’accordent à dire que la Mauritanie était, par le passé, habitée à majorité par des noirs et des berbères.
Sa 1ere colonisation le fut vers le XVIIe siècle par les arabes. Elle aboutit à imposer, à la plupart des autochtones, la culture arabo-islamique (dont la langue arabe, métissée en Hassanya).
La 2éme invasion l’était vers le XIX éme siècle par les Français qui lui délimitèrent des frontières géographiques internationalement reconnues, imposèrent à leur tour, aux autochtones leur langue et leur culture mais pas aussi longuement que leurs prédécesseurs. Dans les nouvelles frontières, ils cloisonnèrent divers groupes sociaux les condamnant à cohabiter ensemble.
Chacun de ces groupes s’identifie suivant une dénomination souvent inappropriée.
Il y’a les arabes (3’rab). Ce terme dans l’usage courant a deux sens :
Les personnes qui se réclament d’origine généalogique arabe.
Les « porteurs du fusil » ou guerriers (Ehel Lemdavi3).
Ce Vocable sélectif et restrictif en ce sens que la plupart des Maures, Bidhane , haratane ou Hassanophones ne s’y reconnaissent pas.
Il y’a les Maures (habitant de Mauritanie) appelés aussi Bidane . Ces deux termes qui ne portent pas le même sens ne reflètent pas la signification exacte de ce qu’ils sont sensés déterminés.
Le premier est un mot français restrictif car attribué à une partie et non pas tous les habitants du pays.
Le second est un mot arabe qui fait référence au blanc épidermique de la peau.
Or, il se trouve que les individus qui se reconnaissent sous le pseudo « Bidane » ne sont pas tous blancs. Ils sont en majorité : Khi6driyine, bleus, rouges, noirs ou pour la plupart : « café au lait» (entendre mixage du lait (Arabes blancs) et café (noirs d’Afrique).
Il y’a les Harratins. Ce terme est supposé être tiré du mot arabe : « h7or » qui signifie « homme libre ».
Il concerne en premier, les descendants d’anciens esclaves mais dans le langage courant et pour le commun des Mauritaniens, il désigne tous les Maures noirs à cheveux crépus y compris les divers métis et les nés du « concubinage servile » ou ( droit du maitre à (ab)user de ses servantes) .
La majorité de ces derniers étant descendants de Chorfas, Emirs, Echiakhs chefs de confréries religieuses etc.
Où se situe donc la frontière visuelleet/ou instinctive pour distinguer , connaitre et différencier statutairement entre differents maures noirs ou basanés ? Faut-il attendre qu’ils se présentent ? Ou faut-il demander à chaque fois « Inté min Min (de qui es tu) ?
Il y’a les Tou(tes)couleurs appelés ainsi malgré que les issus de l’ethnie « peuls » n’ont qu’une apparence épidermique identique, un même teint de peau.
Il semble qu’on appelle Hal poular , Soninké, Ouolof , celles ou ceux qui parlent respectivement la langue Peul , Soninké et Ouolof. Ces langues sont parlées dans d’autres pays comme le Hassanya à la différence que les Hassanophones ne sont pas tous « Maures ».
Il y’a les négro-africains. Le terme « negro »(noir en Espagnol et Portugais ) est, pour certains, péjoratif ou tout au plus diminutif.
Sous « Negro-Africains » sont classés les appartenant aux ethnies Halpoular, Soninké et Ouolof considérés d’origine généalogique Africaine.
Les Haratins sont aussi issus de cette origine. Pourquoi les exclure volontairement sous cette appellation ?
Il y’a les Arabo-berbère. Se dit des Maures ou « Bidhane ». Là aussi le terme prête à équivoque.
En Fait ! L’ensemble social Maure ( Haratins y compris) est le résultat d’un long métissage entre arabes, Africains (premiers habitants du Sahara) et berbères . Les arabes venus de la péninsule ou du Yemen ont , des siècles durant , été trempés ,malaxés et essorés dans les eaux de l’Africanité et berbérité qu’il devient impossible aujourd’hui d’en gommer les traces historiques indélébiles.
L’appellation : Berbero-Africano-arabe serait plus conforme.
Ceci étant, et puisqu’en Mauritanie on est (nait) ce qu’on est (né).
Restons ce qu’on (con) est (né).
Ely Salem Khayar