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En images : Concert d’ouverture de la dixième édition du festival Assalamalekoum [PhotoReportage]
Cridem Culture - Vu sa programmation, le concert d’ouverture de la dixième édition du festival Assalamalekoum était parti pour être beau. Mais, à l’arrivée, il s’est terminé en queue de poisson, au gran dam des organisateurs. Néanmoins, on ne retiendra pas que ça. Reportage.
En dix ans, le festival Assalamalekoum a vu défiler de grosses pointures du rap. De Awadi à Tunisiano, en passant par Médine ou encore La Fouine.
Ce samedi soir du 1er juillet, au Village de la Biodiversité, sur la scène, le maitre de cérémonie, le slameur Mister X, rappelle par variations musicales les plus belles pages écrites par le festival Assalamalekoum par de grands noms du rap mauritanien, français, sénégalais, américain…
Excité, le public se prête à son jeu, en reprenant en refrain les chansons, que ce soit celle de P.A, Ewlade Leblade, Adviser, RJ, Diam min Tekki ou encore Waraba.
Des pages que continue d’écrire aujourd'hui encore la nouvelle génération de rappeurs mauritaniens à l’image de "Douz Magdane", qui a débuté le concert d'ouverture de la dixième édition du festival Assalamalekoum, en appelant "Aziz" au respect de la Constitution.
Un appel qui fait écho à la controversée révision constitutionnelle lancée par le président Ould Abdel Aziz, en mai 2016, qui prévoit entre autres la modification du drapeau national, de l’hymne national et la suppression du sénat.
Dans une chanson intitulée "Nebkhi Mauritanie" (J’aime mon pays), le collectif de rap "Douz Magdane", composé de trois membres, dont un ancien lauréat du prix Assalamalekoum Découvertes, invite le président Aziz à ne pas déverrouiller l’article 38 de la Constitution.
"C’est un deal derrière. Et notre devoir, en tant que leader d’opinion et acteur culturel, c’est de dénoncer ce deal. Il faut expliquer aux Mauritaniens ce qui se cache derrière ce deal, en sonnant l’alarme de la mobilisation", explique à Cridem Culture, Abdou Baba Fall dit One Seven, manager du Collectif de rap "Douz Magdane".
Au même moment, sur la scène, le jeune rappeur Babzo poussait un coup de gueule contre les contrôles au faciès, sous le regard d’un précurseur du rap mauritanien, Ousmane D-Grio, du groupe de rap B.O.B Family, parti en exil sur pression du régime de Ould Taya.
"Cela montre que le rap existe toujours en Mauritanie. De 1996 à aujourd’hui, il y’a une grande évolution. Cette nouvelle génération de rappeurs a de la chance. A à notre époque, on n’avait pas cette chance dans un pays difficile où la culture (urbaine) est bafouée. Aujourd’hui, ils ont le Net. Ils peuvent se produire, il y’a des studios et peuvent diffuser leur son, le vendre tout de suite via les plateformes Internet. A notre époque, on n’avait pas cette chance", confie à Cridem Culture Ousmane D-Grio.
Après une première partie assurée par la nouvelle génération de rappeurs mauritaniens, les artistes Killa Ass de la Gambie et d’Eva du Maroc se sont succédés sur la scène, chacun dans son style. Au rendez-vous de ce concert d’ouverture, il y’avait les rappeurs sénégalais Simon et Fou malade venus délivrer des messages de paix, d’amour, de fraternité. Mais aussi de résistance.
"Vous êtes des jeunes et l’avenir de ce pays dé pend de vous. Vous pouvez changer ce pays sans la haine, sans la violence. On ne peut rien bâtir sur la haine et la violence. Et ne laissez pas les autres décider à votre place", a lancé Fou Malade, à l’endroit du public.
Tête d’affiche du concert d’ouverture de cette dixième édition du festival Assalamalekoum, le rappeur sénégalais "DIP" était parti pour enflammer le Village de la Biodiversité, mais la fête sera gâchée et la scène prise d’assaut, loin de toute sécurité, après un mouvement de panique.
La dixième édition du festival Assalamalekoum s’achève le 09 juillet.
Texte & Photos | Par Babacar Baye NDIAYE
©Cridem 2017
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