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Lutte contre la drogue et les trafics illicites : Les insuffisances des politiques strictement répressives sont dorénavant actées
SOS Pairs Éducateurs - Si la révolution requise à l’échelle mondiale en matière de lutte contre la drogue n’a pas encore eu lieu, du moins un net changement de ton est-il perceptible, en même temps que les limites évidentes des politiques de « guerre contre la drogue » axées uniquement sur la répression sont progressivement apparues au cours des vingt dernières années, et qu’un consensus autour de cette réalité est en train de naitre de la part des Etats de la planète.
Après tout ce sont des Etats d’Amérique centrale eux-mêmes qui ont souligné qu’une approche policière (voire militaire) de la lutte contre les puissants cartels n’a finalement mené qu’à une augmentation de la violence de la part de ces derniers, et ce au détriment des communautés au niveau desquelles ils sévissent.
Dans le même temps, il a été démontrés sans ambigüité dans nombre de pays occidentaux que la dépénalisation de certaines drogues n’a non seulement pas causé une augmentation du nombre d’usagers, mais a en outre permit de réduire les risques sanitaires typiquement associées à leur usage.
Fin de la guerre unidimensionnelle contre le fléau de la drogue
L’on assiste par conséquent au glissement progressif d’une approche utopique (idée d’une élimination complète des drogues à l’horizon 2019) vers une approche plus réaliste et pragmatique, intégrant davantage la complexité du problème, dont la dimension de sécurité des communautés, ainsi que celles de la santé et des droits des usagers, qui ne devraient plus être traités au même titre que les trafiquants – ce qui est encore le cas dans un certains nombre de pays, notamment en Afrique et au niveau des pays arabes.
Cette évolution salutaire de l’opinion publique mondiale fut actée pour la première fois en 2016 au cours de la session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le problème mondial des drogues (UN General Assembly Special Session on the World Drug Problem - UNGASS 2016). Parmi la centaine de recommandations en vue de juguler le problème mondial des drogues ayant fait consensus lors de l’UNGASS 2016, figure le besoin de mettre en place au niveau des Etats des systèmes de soins accessibles aux usagers de drogues, en particulier dans les prisons, ainsi que le besoin d’une approche préventive de réduction des risques associés à cet usage (overdoses, mais aussi transmission du VIH/SIDA, de l’hépatite et de la tuberculose…).
Cela dit, ces changements en profondeur ne font que commencer, et les conclusions de l’UNGASS 2016 sont restées relativement timides en raison de l’opposition des pays qui persistent encore à vouloir s’en tenir à la répression. Par exemple, un consensus n’a pas pu être atteint sur la question des peines disproportionnées (allant parfois jusqu’à la peine de mort ! c’est le cas de la Chine, de l’Iran, de la Malaisie, de l’Indonésie…) appliquées aux usagers dans certains pays. Aussi, il a été reconnu que la société civile aurait un rôle très important à jouer pour accompagner et promouvoir le changement progressif des mentalités, tant au niveau global que, surtout, au niveau de chaque pays.
« Aidez-les. Ne les punissez pas » !
Les recommandations de l’UNGASS sont rappelées au grand public lors de la Journée mondiale contre l’abus de drogue et les trafics illicites, célébrée chaque année le 26 juin. Il revient, en parallèle, aux organisations de la société civile nationales de les répercuter sur leurs publics respectifs, en particulier dans les pays où la criminalisation des usagers l’emporte encore trop lourdement sur leur prise en charge sanitaire et sur leur droit à la santé.
Tel est le but de la campagne « Aidez-les. Ne les punissez pas » (« Support. Don’t Punish »), dans le cadre de laquelle des milliers de volontaires dans 200 villes couvrant 90 pays se mobilisent pour la généralisation de politiques de lutte contre la drogues basées sur la santé et des droits de la personne, et une sensibilisation du grand public aux obstacles à de telles politiques : aprioris culturels ou religieux menant à la marginalisation des usagers, faiblesse des moyens techniques et humains mis à la disposition des services publics concernés, etc.
Il s’agit notamment de faire passer à l’opinion publique et aux décideurs un message évident, à savoir qu’ignorer les besoins du « délinquant », après tout, c’est faire courir de sérieux risques à la communauté toute entière !
Signé
L’association SOS Pairs Educateurs