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Campagne référendaire : L’Etat s’offre deux semaines de vacances !
L'Authentique - L’Etat et l’administration publique mauritanienne seront absents pendant deux semaines. Les citoyens devront s’arrêter de vivre autrement que par la campagne référendaire pendant quatorze jours.
C’est le plus beau cadeau que le président Mohamed Abdel Aziz pouvait offrir à une population rompue à la paresse, à défaut d’augmentations de salaires, de réhabiliter les services de santé et d’éducation, d’alimentation en eau et électricité et de baisse de niveau de vie. Et c’est parti !
Du haut de l’estrade tenue au stade de Mellah, le quartier le plus oublié de la Planète Terre en ce fatidique vendredi 21 juillet 2017, Mohamed Abdel Aziz qui ne présente aucun symptôme d’un président en fin de mandat, a rassuré la populace. « Pendant toute la campagne pour le référendum constitutionnel, nous serons occupés ! » Le mot est dit ! Toutes les administrations mauritaniennes se sont vidées.
Des instructions fermes, sous couvert de menaces lourdes, s’étaient abattues sur tous les fonctionnaires de l’Etat mauritanien. Tous, devront s’investir à faire réussir le référendum le plus contesté dans l’histoire politique en Mauritanie.
La veille, tous les fonctionnaires en fonction à Nouakchott, avaient été sommés de se présenter, dès les dernières heures du jour, au lieu du meeting. Tout contrevenant serait sanctionné, des contrôles de présence seraient effectués en début de regroupement et après le meeting de la soirée.
Tous au meeting de Aziz !
Et c’est devant des centaines de personnes, déversées par bus entiers, que le président Mohamed Abdel Aziz a fait endormir la masse, à coups de chansons taillées à son effigie et d’éloges sur ses « grandioses réalisations » pour une Nation éclopée, vivant de mendicité, tandis que les finances publiques ne sont plus financées qu’à coups de raquettes, de sur-impôts et de surtaxes, pour freiner la grande hémorragie causée par les détournements, les dilapidations et les malversations diverses, au milieu de coupures incessantes d’eau et d’électricité, d’une jeunesse qui sort par milliers des lycées et collèges fautes de réussite aux examens nationaux.
La foule était diversement constituée : il y avait des fonctionnaires, des élus, des hommes politiques, mais il y avait surtout des badauds et des enfants. Parmi toutes ces masses, rares semblaient être ceux qui étaient convaincus de la « cause ». En fait, ils étaient nombreux ceux qui se trouvaient sur place pour la forme et qui ne devraient pas voter
Ainsi, pendant deux semaines, ils seront nombreux ceux qui tenteront de s’accrocher aux centaines de délégations dépêchées dans les quatre coins du pays, pour grignoter de maigres subsides, parmi les mannes distribuées par le Trésor Public aux présidents de campagne.
Ils seront tout aussi nombreux les fonctionnaires qui profiteront de l’occasion offerte pour prendre des sur-vacances gratuites aux frais de la Princesse au bled.
Le « Oui » gagnant
Le meeting de la soirée a eu ceci de particulier, qu’il a permis à l’ensemble des partis politiques de la majorité présidentielle et des partis satellites qui se réclament de l’opposition, de se prononcer : l’UPR du pouvoir, El Vadila des Islamistes, El Wiam de Boidiel, Arc-en-ciel de Balas… entre autres, tous ont eu pour propos de légitimer le choix du referendum mais aussi et surtout de s’attaquer à l’opposition. Intervenant en dernier, le président Ould Abdel Aziz devait donner rendez-vous aux populations à Nouakchott. Ce sera au terem de visites qu’il devrait avoir effectuer dans l’ensemble des capitales régionales du pays.
La tournée présidentielle
Avec une tournée régionale qui commence ce lundi par la ville de Rosso, dans ce Trarza qui souffre pourtant du plus grand embargo depuis la naissance de l’Etat mauritanien, avec une route Rosso-Nouakchott devenue une véritable tombe pour les usagers et des projets agricoles avortés, le président Mohamed Abdel Aziz entame un marathon qui va le conduire dans toute la Mauritanie, avant de finir en apothéose le 3 août à Nouakchott par un meeting populaire.
Il veut lui-même porter le flambeau du OUI comme s’il n’avait pas confiance aux centaines de ministres et de hauts cadres de l’Etat dépêchés dans les quatre coins du pays, avec grands renforts des tribus et des hauts gradés de l’armée nationale.
L’armée est en effet présente dans la campagne référendaire. Soucieux de préserver le régime qui les a le plus ouvert les chemins de l’enrichissement illimité, les généraux et autres colonels de nos vaillantes forces armées tiennent à Mohamed Abdel Aziz et à son projet politique comme à la prunelle de leurs yeux. Cela, malgré l’interdit qui frappe l’Armée nationale contre toute immixtion dans les affaires politiques et que l’opposition ne cesse de rappeler. En vain.
La suite est prévisible. Un succès pour le OUI et la chasse aux sorcières avec comme symbolique, le rasage du Sénat, puis des poursuites probables contre les Sénateurs frondeurs qui ont osé défier la puissance tutélaire de Mohamed Abdel Aziz.
Beaucoup de poursuites judiciaires en vue, dont le prologue est déjà annoncé par les audios fuités du Sénateur Mohamed Ould Ghadde, où il serait question de complot et de trahison envers la Patrie avec l’aide d’une puissance étrangère et d’opposants en exil. C’est ça peut-être l’une des surprises que Mohamed Abdel Aziz a promis de livrer aux populations le 3 août prochain.
Cheikh Aidara