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Mauritanie : la résistance contre le référendum du 5 Août se poursuit [Vidéo & PhotoReportage]
L’opposition mauritanienne poursuit toujours sa résistance contre le référendum du 5 Août prochain, dénonçant un "divertissement" de mauvais goût.
Dans une nouvelle manifestation, ce dimanche 30 juillet, dans le centre-ville de Nouakchott, elle n’a pas ménagé Ould Abdel Aziz et son régime, en critiquant l’instrumentalisation de l’Etat en perspective du référendum du 5 août 2017.
Dans cette bataille de la rue, les jeunes sont en première ligne.
"Nous sommes venus exprimer notre rejet par rapport aux modifications constitutionnelles entreprises par le pouvoir en place. Plus, on avance, plus, le monde nous rejoint", affirme à Cridem Dahaba Djibril Diagana, membre du Bureau exécutif de l’Union des forces de progrès (Ufp), un des partis farouchement opposés aux réformes constitutionnelles.
Venu dire "non" à ces réformes constitutionnelles, l’artiste Big César du très critique groupe de rap Yontamen explique sa présence à Cridem pour dénoncer "l’oppression" et "ce qu’ils veulent faire du pays". "S’il y’a des gens qui ont la volonté de venir devant des sit-in pareils et dire qu’il y’a des choses qui ne vont pas bien, il faut dire non ensemble", ajoute-t-il.
Même constat de refus qui anime aussi, le président de Touche pas à ma nationalité, Dia Alassane, qui estime que les Mauritaniens ne doivent pas "tomber dans le divertissement comme le fait actuellement le pouvoir qui n’a d’autre objectif que de se perpétuer".
"Nous pensons que s’il y’a des choses à changer, elles doivent être relatives, à l’unité nationale, à la cohabitation entre les différentes composantes nationales, à l’officialisation des langues nationale pour garantir l’équité…C’est ça, les choses importantes et non pas le changement de drapeau ou le changement de l’hymne national qui sont en fait le prélude à un changement de la Constitution dans le sens de toucher aux mandats", explique à Cridem Dia Alassane.
-Le pouvoir éprouve une "peur réelle"-
Contrairement à la manifestation de Teyarett qui a été sévèrement réprimée par la police un peu plutôt dans l'après-midi, celle du centre-ville de Nouakchott s’est déroulée sans heurts. Venu rejoindre les manifestants, aux côtés d'autres leaders de la contestation anti-référendum, le président de l’Union des forces de progrès (Ufp), Mohamed Ould Maouloud, qui montre des signes de fatigue, revient sur le fil des évènements.
"Nous venons de Téyarett, après avoir subi une agression éhontée de la part des forces de répression envoyées par le pouvoir pour réprimer les populations paisibles qui voulaient manifester tout juste leur désapprobation de ce référendum. Ils sont allés jusqu’à jeter des bombes lacrymogènes jusqu’à l’intérieur des mosquées et ça a provoqué des situations, des malaises pour les gens qui y étaient. Mais, encore, ils ont attaqué le siège du Rfd où il y’avait des femmes et des enfants, en y jetant des bombes lacrymogènes au point que certaines femmes se sont évanouies", raconte Ould Maloud.
Pour lui, cette charge violente de la police "explique une fébrilité, une peur réelle de ce pouvoir de voir le peuple mauritanien s’exprimer sur ce référendum qui est un référendum rejeté et qui va être rejeté par tous les Mauritaniens. Il est sûr que cette répression est un signe de faiblesse".
Par Babacar Baye NDIAYE
©Cridem 2017
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