09:54
Sécurité: L'Algérie insiste sur le caractère transfrontalier du terrorisme
Africatime - Une réunion du Conseil du comité d'état-major opérationnel conjoint (CEMOC) s'est tenue ce mardi dans la capitale mauritanienne, avec la participation d'une délégation de l'Armée nationale populaire (ANP), conduite par le général-major Zerrad Chérif, chef du département Emploi-Préparation de l'état-major de l'ANP.
Le communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN) indique qu'en sa qualité de représentant du général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, le général-major Zerrad a mis l'accent, lors de son intervention, sur «l'attachement du haut commandement de l'Armée nationale populaire à préserver ce cadre de coopération», le CEMOC constitué outre de l'Algérie, du Mali, du Niger, du Mali et de la Mauritanie.
Un cadre qui permet aux chefs d'état-major respectifs d'échanger les analyses et les points de vue sur des sujets relevant du domaine sécuritaire de la sous-région du Sahel, note le communiqué.
Cette réunion «a été mise à profit par les responsables militaires de ces pays afin d'étudier et d'évaluer la situation sécuritaire dans la sous-région sahélo-saharienne, l'échange d'analyses et le retour d'expériences depuis la dernière réunion du Conseil des chefs d'état-major, tenue le 28 octobre 2016 à Bamako (Mali)», précise la même source d'informations.
Le représentant algérien a rappelé la nécessité d'une coopération «franche et sincère entre les pays du champ» pour lutter contre le terrorisme du fait de son caractère transfrontalier. Le plan de bataille vise, à travers des actions complémentaires, «à priver les terroristes de la liberté de mouvement, de leurs relais et de leurs réseaux de soutien, en comptant en priorité sur les capacités intrinsèques de résilience de chaque Etat avec une entraide mutuelle».
La sécurité aux frontières et la lutte transfrontalière contre le terrorisme a toujours été au cœur des priorités de l'Algérie qui craint plus que tout le retour des hommes de Daech dans leurs pays respectifs. Par ailleurs, le Mali, qui a un pied dans le CEMOC et l'autre dans le G5 Sahel, au même titre que le Niger et la Mauritanie, a réclamé, ce mardi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, une aide militaire pour contribuer à la création du G5S, une force militaire conjointe entre cinq pays francophones de la région du Sahel. Bamako, frappée par des attentats terroristes, rappelle l'urgence de créer une force conjointe entre pays du Sahel «avec l'appui de la communauté internationale». Le budget annuel de cette force de 5.000 hommes est estimé à 423 millions d'euros mais à ce jour, seulement 108 millions sont assurés.
Sur le plan de la lutte antiterroriste, la Tunisie vient d'annoncer avoir déjoué un «complot terroriste» visant à permettre à des éléments de Daech de s'emparer d'une portion de territoire dans le sud du pays.
Le complot visait les unités policières et militaires positionnées dans le Sud tunisien, dans le but de contrôler la région comme lors de la tentative ratée à Ben Guerdane en mars 2016. Les terroristes cherchaient à tirer profit de la situation de troubles sociaux qu'a vécue le Sud tunisien pour s'infiltrer dans la région dans le but de perpétrer des attentats terroristes et de tenter de s'emparer de bâtiments sécuritaires et militaires.
Ce risque de «somalisation» de la Tunisie avait inquiété au plus haut point l'Algérie et des interrogations sur les incidences sécuritaires sur le pays ont été soulevées. En effet, les conséquences des défaites militaires de Daech en Syrie, Libye et l'Irak risquent de se répercuter dangereusement sur la sécurité du Maghreb et des pays du Sahel. La Tunisie, qui détient le plus grand contingent d'hommes sous les bannières des groupes djihadistes, avec quelque 5.000 combattants, selon un groupe de travail de l'ONU, fait face à un risque de «somalisation» en cas de leur retour massif au pays.
Cette présence massive des «anciens» djihadistes en Tunisie et surtout ce repli des combattants de Daech fuyant la Libye et le Moyen-Orient fait peser un danger certain sur la stabilité de la région du Sahel et de l'Algérie qui partage ses frontières avec trois pays à fort risque terroriste. Un constat établi par le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT) qui évoque entre 2.000 et 2.500 terroristes fuyant les zones de combat pour se rabattre sur la Libye et surtout au Mali où la lutte antiterroriste menée par Paris a montré ses limites. Le Niger reste aussi une éventuelle base arrière des fuyards encouragés par le manque de moyens matériels et humains pour faire face aux terroristes. De ces zones, ils pourront frapper l'Algérie ou encore la Tunisie et se disperser dans l'immensité géographique du désert.
«Ces terroristes convergent vers le Sahel et tentent de s'organiser», avait averti le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Ismaïl Chergui.
Le Quotidien d'Algérie