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25-09-2017

20:30

Voyage à Tichitt, joyau culturel demi-dépoussiéré

Les Mauritanies - Perdue au beau milieu des dunes du Tagant, sans électricité ni eau potable, Tichitt, cette ville où le réseau téléphonique est presque inexistant à longueur de journée, n’en demeure pas moins célèbre par son histoire et cette année par son festival.

La ville, peut-on le dire, fut un berceau de la diversité culturelle. Une diversité le festival des villes anciennes, qui s’y était tenu en 2013, avait superbement ignoré à la grande désapprobation de ses habitants qui connaissent leur histoire de mélanges divers.

L’on se rappelle, c’était le Président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz en personne, qui avait présidé, dans cette ville historique, à la cérémonie de lancement de ce festival annuel des villes anciennes.

La cérémonie d’ouverture riche en couleurs a été aussi grandiose et magnifique que celles de 2011 et de 2012 organisée respectivement à Chinguitti et Ouadane, présidées également par le chef de l’Etat, en présence des membres du gouvernement et de nombreux invités étrangers, avec 3 000 participants.

Le programme de cette édition concoctée dans le but de dépoussiérer des pans entiers du passé historique avait malheureusement laissé enfoui une bonne partie du passé de cette localité et de la région, car l’on se rappelle que Tichitt a été plus qu’un refuge pour les populations noires et araboberbères, mais un foyer de passage pour leurs civilisations respectives. Les historiens ont rappelé que Tichitt, fut un foyer de refuge pour les peulhs du Macina, des Songhaïs, des Soninkés, entre autres.

Mais ni les poètes, ni les artistes, encore moins les troupes folkloriques n’ont, à aucun moment de leurs prestations scéniques, fait allusion à ces anciennes cultures autochtones peulhs,- Macina, soninké ou Bamabara. Hormis cette vision tronquée, la seule présence à Tichitt des troupes folkloriques et d’intellectuels issus de toutes les composantes nationales aurait pu donner à ce festival un cachet beaucoup plus national.

Hélas on avait l’impression que ce festival était plutôt régional et ne reprenait qu’une image de la seule région du Tagant, sans plus. Pourtant, l’objectif de la manifestation qui est celui de redorer le blason des villes historiques mauritaniennes est noble.

Ces villes ont joué un rôle éminent dans le rayonnement de la culture arabo-islamique et dans les échanges transsahariens entre peuples autochtones. Ce grand rendez-vous aurait pu restituer ces échanges, la cohabitation pacifique entre les peuples d’antan, en faire un créneau de renforcement de l’unité nationale.

Toutefois, plusieurs activités ont été organisées tout au long de l’événement se rapportant à des expositions sur l’art ancien en Mauritanie et dans la Sahara, des conférences et des représentations musicales et théâtrales.

Comme tout événément, celui-ci était riche en rumeurs. Des sites électroniques ont fait état de la disparition de véhicules entre Tidjikja et Tichitt. De la pure équilibration pseudo journalistique, nous rassure un officiel preuves à l’appui. En effet, toutes les voitures participantes étaient arrivées à destination avec des passagers sains et saufs.

Par ailleurs, au sein de la ville de Tichitt elle-même, des différends internes ont éclaté entre deux groupes politiques alliés à l’aile dirigée par le député de la Moughataa et le sénateur-maire de Tichitt. Des malentendus qui ont failli transformer cette édition en un champ de règlement de compte.

Revenons ensuite à l’historique de Tichitt. La ville a été fondée en 536 de l’Hégire par le grand savant Abdel Moumin et passe à juste titre pour l’une des plus belles cités médiévales de l’Afrique du NordOuest. La ville fut construite au bas de la falaise du Dhar sur des formations gréseuses et pélitiques du Cambro- Oedovicien. Tichitt est située en milieu désertique très aride, où le recouvrement sableux est général.

Dévolu à l’enseignement et à la propagation de l’Islam dans les contrées voisines à travers les caravanes qui ont lié le Soudan à l’Afrique du Nord et à l’Afrique noire. On y trouve encore des manuscrits scientifiques ayant dépassé les 100 ans , des célèbres annales et textes juridiques (Nawaziles) comme en témoigne également le minaret de sa Mosquée antique.

A 40 km, la cité historique d’Aghreygitt qui se trouve à l’est au pied d’une vieille montagne qui porte le même nom. Les experts en la matière font état du fait que la création de cette cité remonte à la période d’avant Jésus Christ (la naissance de du Prophète Issa, PSL).

Mais la Ville de Tichitt porte particulièrement l’encre indélébile de l’histoire religieuse contemporaine. Elle est la ville de naissance du Saint Cheikh Hamahoullah qui fait propager le hamallisme dans toute la région soudano-sahélienne.

Rappelons que les quatre cités anciennes de la Mauritanie
sont Chinguitti, Ouadane, Tichitt et Oualata. Fondée au VIème siècle XIIème Jc, la ville de Tichitt sont classées Patrimoine historique de l’humanité.

Dr. Ousmane WAGUE, envoyé spécial

(NB: l’article est extrait du numéro 28 de Mauritanies du 20 fèvrier au 20 mars 2013).



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